Kenya: Présidentielle au Kenya - L'appel de Odinga sera - t-il entendu ?

Le chef de l'ODM, Raila Odinga
19 Juillet 2022
analyse

Dans moins de trois semaines, le peuple kényan ira aux urnes pour choisir un nouveau président qui succédera au chef de l'Etat sortant, Uhuru Kenyatta. Ce dernier a choisi de ne pas se représenter.

Dans les starking-blocks de cette présidentielle figurent deux candidats prêts à " en découdre ". Ce sont, Raila Odinga, l'éternel opposant, devenu aujourd'hui le candidat du camp au pouvoir, et son principal adversaire, William Ruto. La campagne ouverte depuis un peu plus d'une semaine, se déroule, pour l'instant, dans un climat apaisé. On se souvient que ce pays avait connu des élections présidentielle et législatives émaillées d'incidents et de violences: casses, pillages, meurtres. Pour éviter que la chienlit ne s'installe à nouveau, que les vieux démons de la haine, de la division ne ressurgissent, le candidat Raila Odinga a jugé utile de lancer un appel au calme à l'ensemble des Kenyans en général et de ses partisans en particulier.

Son souhait est que cette élection, à laquelle il prend part à nouveau, se déroule dans le calme. Cette adresse de Odinga à la nation kényane, est à saluer. Espérons qu'il sera entendu. Cependant, pour qu'il le soit, il faudra que la commission électorale, principal maillon de la chaîne électorale, joue à fond la carte de la transparence pour garantir un scrutin équitable et gagner la confiance des Kényans. La bonne tenue de cette élection post-Uhuru Kenyata, passe surtout par là, et ce serait une occasion pour cette commission qui essuie déjà de nombreuses critiques sur son manque de préparation, de redorer son blason. A ce sujet, les Kényans, dans leur majorité, estiment que si le processus est libre et équitable, aucune irruption de violence après l'élection, n'est à craindre.

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Malgré le soutien dont il bénéficie, le candidat de la majorité, Raila Odinga, devrait éviter d'afficher un optimisme béat

La commission électorale, face à cet enjeu si important, est mise devant ses responsabilités. On espère qu'elle saura relever le défi, même si, par le passé, elle avait montré des signes d'indépendance assumée. Un autre fait majeur dans l'adresse faite aux Kényans : le candidat Odinga s'est engagé à respecter le verdict des urnes si, au terme d'un scrutin équitable, son staff et lui venaient à perdre cette élection présidentielle. Il a invité ses concurrents à en faire de même. Si toutes ces belles promesses sont à saluer, il faudrait néanmoins les situer dans un contexte de discours de campagne où les belles promesses ont pignon sur rue.

C'est pourquoi le peuple kényan qui a plusieurs fois vécu les affres des crises post-électorales, ne devrait pas se laisser conter fleurette. Ce peuple doit comprendre aujourd'hui qu'il ne sert à rien de mourir pour un homme politique dont le souci premier est de préserver ses intérêts, les intérêts de son clan et ceux de sa famille. Cela dit, la sortie de Odinga peut aussi avoir une autre explication. Raila Odinga rêve déjà d'une victoire au soir du scrutin. Il sait qu'il bénéficie du soutien du Président sortant, Uhuru Kenyatta, et de ses nombreux partisans.

Conforté dans cette idée, il peut déjà s'imaginer qu'en face de lui, c'est " maïs " pour emprunter le propos de l'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo. Cependant, malgré le soutien dont il bénéficie, le candidat de la majorité, Raila Odinga, devrait savoir raison garder. Il doit, en effet, éviter d'afficher un optimisme béat ; comme ce fut le cas au Bénin avec un autre candidat, lors de la présidentielle de 2017, où malgré le soutien dont a bénéficié le candidat du pouvoir, Lionel Zinsou, (les moyens financiers, matériels, ajoutés à cela, la machine électorale) face à l'opposant Patrice Talon, ce candidat de la majorité a " mordu la poussière ". Odinga devrait s'inspirer de cet exemple. Pour l'heure, il doit continuer à mener sa campagne en appelant ses partisans au calme et à la retenue.

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