Les pluies de ce mercredi ont fortement arrosé Keur Massar, laissant derrière elles plusieurs quartiers inondés et une population désœuvrée.
Des torrents d'eau se sont encore abattus sur Keur Massar. La forte pluie d'hier, mercredi, n'a pas épargné les populations du département. Au rond-point Keur Massar, par où transite un nombre incalculable de véhicules, la situation est désolante. De grosses flaques d'eau obstruent la circulation.
Pour éviter de s'embourber, les voitures sont obligées de faire des détours improbables pour se frayer un chemin sans embuche. Les piétons souffrent autant. Certains sont obligés de patauger dans les eaux d'une couleur grisâtre. La situation est encore plus alarmante à Aïnoumady 1, particulièrement à la Cité des enseignants. Là, les devantures des maisons sont submergées par une épaisse étendue d'eaux verdâtres.
Certains sont piégés dans leurs demeures et éprouvent toutes les difficultés pour s'en extraire. Pris au dépourvu par cette vague matinale, les habitants sont dans le désarroi. Mais, plutôt que de céder à la fatalité, ils s'organisent, malgré leurs maigres moyens, pour limiter les dégâts. Léopold Baboucar Senghor, délégué d'Aïnoumady 1, craint que la situation du 14 août 2021 ne se répète.
Ce jour-là, le dernier département avait été atteint de plein fouet par des pluies dévastatrices qui avaient causé un grand nombre de sinistrés. Aïnoumady 1, Aïnoumady 2, le quartier Dakar Marine... , étaient remplis d'eau. " C'était la désolation totale. Moins d'un an après, nous ne sommes pas encore au mois d'août, la situation avec cette première pluie revient encore dans les mêmes conditions.
Pourtant, à l'époque, nous avions pris le temps d'alerter. Nous avons fait des marches, nous avons fait des points de presse pour que les autorités prennent en charge le problème des inondations au niveau de Aïnoumady. Mais, rien n'a été fait. On entend parler de Progep, on entend parler de phase d'urgence. Mais dans le quartier, rien n'a été mis en place afin de nous éviter les inondations ", déplore-t-il.
Selon lui, l'autopont, qui vient d'être inauguré a aggravé la situation. " Comme l'année dernière, l'autopont a largement contribué, à plus de 90%, à l'inondation du quartier. Il y a les eaux qui tombent du ciel, nous n'en disconvenons pas. Mais les eux qui nous ont vraiment causé des problèmes viennent de l'autopont. L'année dernière, on avait déjà tiré la sonnette d'alarme ", indique-t-il.
Les populations, qui se débattent dans les eaux, déplorent le fait qu'aucune autorité ne leur est encore venue en aide. C'est avec leurs propres moyens qu'elles ont acheté des motopompes et du carburant pour entamer le pompage.
La même désolation se lit sur le visage de Pierre Djidjak Faye. Élancé, des cheveux blancs sur la tête et une longue barbe au menton, cet homme d'une cinquantaine d'années, installé à Keur Massar depuis 20 ans, dévoile son spleen. " C'est très difficile. On ne peut pas vivre avec cette eau qui ne date pas de cette pluie. L'eau est polluée. Nous sommes des citoyens ignorés. C'est comme si on ne fait pas partie du Sénégal ", clame-t-il. Il ne baisse pourtant pas les bras. Avec ses voisins, ils se sont organisés pour acquérir 4 motopompes.
Si plusieurs quartiers de Keur Massar, Jaxaay, paient un lourd tribut depuis que le ciel a ouvert ses vannes, la situation semble plus dramatique à Keur Massar Sud. Mouhamed Bilal Diatta, le Maire, au courant de la situation, s'est rapidement rendu au chevet de ses administrés.
De grosses bottes aux pieds, des gants aux mains et entouré de gardes du corps en cette période électorale, il met les pieds dans le plat. Mais malgré ses efforts, le niveau de l'eau ne baisse pas. Pour Mouhamed Bilal Diatta, cette situation relève d'une mauvaise gestion des fonds investis par l'État pour régler le problème des inondations à Keur Massar. D'après lui, Keur Massar n'a besoin ni d'un plan d'urgence ni d'un plan Orsec. Le problème doit être réglé définitivement. Il invite ainsi les autorités compétentes à prendre des mesures efficaces.
