Au gré des révélations quotidiennes dans l'affaire de "sniffing", et orienté par l'opposition, le focus de l'intérêt public change. La question principale est désormais celle de savoir si le Premier ministre a menti aux parlementaires en cherchant à cacher une opération ultrasensible touchant à la vie privée des citoyens.
Le Premier ministre peut plaider des circonstances atténuantes s'il se confirme que l'opération de Baie-Jacotet est liée à une volonté de renforcer le système de collecte de renseignements en matière de lutte contre le terrorisme. La présence de M. Deeal de la Counter Terrorism Unit du bureau du Premier ministre, aux côtés des Indiens venus enquêter - c'est cela un "survey" - semble accréditer cette thèse.
Mais la nécessaire discrétion dans une opération de cette nature ne peut aucunement justifier que le chef du gouvernement mente aux élus de la nation. Dans le système parlementaire westministerien qui est le nôtre, c'est une faute d'une extrême gravité. Ailleurs, des ministres qui ont "misled Parliament" ont perdu leurs sièges. Cette exigence de vérité et de transparence trouve sa source dans l'idée que le Parlement se doit d'obtenir toutes les informations nécessaires pour être en mesure d'examiner l'action de l'exécutif, c'est son rôle majeur.
C'est son honneur que le Premier ministre aura à défendre, demain, devant le Parlement. Sa dernière chance.