Afrique: Derek chollet, Conseiller du Président Joe Biden "Nous sommes engagés à renforcer notre partenariat avec l'Afrique"

27 Juillet 2022

Derek Chollet est le Conseiller du Président Biden et du Secrétaire d'État Antony Blinken sur toutes les questions internationales engageant le Département d'État. Il effectue, cette semaine, une tournée au Sénégal pour s'entretenir des relations diplomatiques, économiques et politiques entre les États-Unis et notre pays. Mais aussi, sur la position stratégique de Dakar en tant que partenaire de Washington. Il revient, dans cet entretien, sur la guerre Russie-Ukraine, les coups d'État en Afrique de l'Ouest et le partenariat que l'Administration Biden compte impulser avec l'Afrique.

Quelle est la position des États-Unis sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine ?

Pour nous, c'est une guerre non justifiée, illégale, qui a créé la plus grande crise en Europe, depuis la Seconde Guerre mondiale. Pire, c'est une crise mondiale en termes d'insécurité, alimentaire et énergétique. La preuve, le prix de l'énergie a connu une hausse. Et le principal responsable, c'est la Russie. Cette guerre peut finir aujourd'hui si la Russie choisit d'y mettre fin. Malheureusement, il n'y a aucun indice montrant qu'elle est dans ces dispositions. Je sais qu'il y a beaucoup de discussions en Afrique, mais aussi un peu partout à travers le monde. Il y a des enjeux liés à la souveraineté, l'auto-détermination, la stabilité internationale, etc. C'est pourquoi les États-Unis, avec le reste du monde, essaient de parler d'une seule voix pour condamner la Russie, supporter l'Ukraine, mais aussi tous ces pays qui sont affectés par le conflit.

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Quelle peut être la solution à ce conflit ?

Elle est simple. C'est la Russie qui a envahi son voisin. Si elle arrête cette invasion, le conflit va s'arrêter. Malheureusement, si l'Ukraine cesse de se battre, ce sera sa fin. C'est pourquoi nous sommes très clairs sur le fait que l'agression russe contre l'Ukraine doit cesser.

De nombreuses personnes voient, avec la position des États-Unis et de l'Occident de façon générale, une résurgence de la guerre froide. Partagez-vous cet avis ?

Malheureusement, c'est une guerre réelle. C'est le plus grand conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle a créé un nombre très important de réfugiés, une crise internationale dans pas mal de secteurs. C'est pourquoi il faut une réponse mondiale à cette crise. Nous pensons que le monde est resté soudé pour défendre un principe fondamental comme quoi chaque pays partage ce principe de souveraineté, la sacralité des frontières.

Le Président en exercice de l'Union africaine, Macky Sall, s'est rendu récemment en Russie pour trouver une solution à la crise alimentaire particulièrement. Qu'en pensez-vous ?

La sécurité alimentaire est une priorité pour les États-Unis. Au mois de novembre dernier, le Secrétaire d'État Blinken, lors d'un déplacement au Nigéria, est, dans son discours, revenu sur les priorités des États-Unis en Afrique. Il s'agit, entre autres, de la Covid, du changement climatique, d'une croissance économique inclusive, de la paix et la sécurité, des droits de l'Homme. La sécurité alimentaire est une préoccupation du gouvernement américain. Cette question s'est aggravée dans beaucoup de pays africains, suite à l'invasion russe en Ukraine. On a dépensé 6 milliards de dollars pour aider les pays importateurs à faire face à la sécurité alimentaire. Nous travaillons avec d'autres pays pour faire face aux défis des fertilisants et au maintien de la chaine d'approvisionnement. Pour les fertilisants, on a mis presque un demi-milliard de dollars. C'est dire que la sécurité alimentaire est un point important pour notre diplomatie. Au niveau ministériel, nous avons organisé récemment un sommet sur la question pour galvaniser les autres pays pour travailler ensemble et face à la question. Concernant le rôle de votre Président, je pense que la façon la plus rapide de faire face à l'insécurité alimentaire, c'est de cesser le conflit.

L'Afrique de l'Ouest fait face, depuis un certain temps, à une instabilité marquée notamment par des coups d'État. Quelle lecture en faites-vous ?

Nous sommes contre toute prise de pouvoir non démocratique. Les États-Unis sont déterminés, en collaboration avec les États, à lutter contre l'insécurité dans la sous-région. La restauration de la stabilité est une priorité pour le gouvernement américain. C'est le cas depuis longtemps et plus particulièrement dans le Sahel où nous sommes engagés à rétablir la stabilité, la sécurité et la bonne gouvernance. Les États-Unis ont beaucoup dépensé pour contrer l'extrémisme dans le Sahel. Ils sont également le plus grand donateur pour les programmes humanitaires tels que le soutien aux réfugiés. La promotion de la bonne gouvernance, la stabilisation des démocraties fragiles et aussi la volonté d'apporter la sécurité dans la sous-région sont les plus importantes priorités pour nous.

Le Président Biden ne s'est pas encore rendu en Afrique subsaharienne. Quels partenariats compte-t-il développer avec le continent ?

L'Administration Biden est très engagée à renforcer notre partenariat avec le continent africain, mais aussi les pays africains. Il y a un nombre important d'officiers supérieurs qui viendront en Afrique dans les jours à venir. Et ce genre de visite n'est pas une première. Nous envisageons d'ailleurs d'organiser un sommet des leaders africains, ici, aux États-Unis. C'est un symbole de notre engagement.

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