Ile Maurice: Dr Soobaraj Sok Appadu - "Pas de retour en arrière pour le moment sur la levée des restrictions"

interview

Les cas de Covid-19 augmentent au quotidien. Au niveau de l'hôpital ENT, qui regroupe tous les cas confirmés, l'on se veut positif. Surtout que les variants BA.4 et BA.5 sont contagieux, mais moins dangereux. Le directeur de l'hôpital soutient que tout est sous contrôle et que les Mauriciens ont pris conscience des retombées du Covid-19.

Au vu du nombre de cas recensés quotidiennement, peut-on parler de nouvelle vague ?

On ne peut pas parler de vague. Car les variants actuels liés au Covid19 ne sont pas conséquents sur la santé. Les symptômes sont faibles. Plus de 95 % des patients n'ont pas besoin d'être hospitalisés et n'ont pas besoin d'un traitement poussé contre le Covid-19. Ils prennent des antiviraux, comme le Molnupiravir, un peu de sirop contre la toux, et même du paracétamol, et ils se sentent mieux. Par contre, si le nombre augmente et que nous nous retrouvons avec des milliers de cas par jour, c'est alors que l'on pourra parler de vague. Si le système de santé ne peut pas contenir les cas recensés, alors on peut également parler de vague. Comme à l'époque où l'on avait le variant Delta. Mais ce n'est pas le cas en ce moment.

Les variants BA.4 et BA.5 semblent les plus dominants. Sont-ils pour autant plus dangereux que leurs prédécesseurs BA.1 et BA.2?

Ils sont des sous-variants d'Omicron, et nous constatons que le virus continue à muter. Il essaie de survivre et d'éviter notre immunité afin que l'on ne puisse pas le tuer. Avec cette évolution, ces virus sont encore plus contagieux. Quant à leur virulence, elle reste soit pareille soit diminue d'intensité. Ce qui fait que les êtres humains ne sont pas très malades.

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Mais qu'en est-il des personnes qui continuent à mourir des effets du Covid-19 ?

Ces patients sont pour la plupart des personnes âgées, ou qui n'ont pas été vaccinées ou qui souffrent beaucoup de comorbidités. Ce sont celles qui sont admises à l'hôpital ENT. Une fois hospitalisées, on leur fait un scanner du poumon pour connaître le degré de l'impact du Covid-19 sur elles. Nous constatons que ces personnes souffrant de comorbidités sont celles admises. Leur décès est plus lié à une comorbidité qu'au Covid-19.

Comment se passe la coordination avec la "Rapid Response Team" ?

Cette équipe n'a jamais cessé d'opérer. Contrairement à la Domiciliary Monitoring Unit qui est aujourd'hui caduque. La Rapid Response Team reste en alerte surtout pour les patients qui souffrent du Covid-19. Heureusement, beaucoup de personnes ne développent pas de symptômes graves comme pour le variant Delta. Cette équipe aide aussi au transfert des patients - souffrant de problèmes cardiaques, douleurs à la poitrine ou au ventre et aussi des femmes enceintes - des hôpitaux régionaux vers l'hôpital ENT.

Quelle stratégie peut-on développer pour limiter le nombre de contaminations ?

Pour limiter la contamination, une personne doit porter le masque. Ce qui n'est plus obligatoire depuis le 1er juillet. Pendant deux ans et demi, ces personnes ont été éduquées pour comprendre le Covid-19. L'Organisation mondiale de la santé a décrit que nous allons évoluer par stage. Le premier qui nous a tous pris de court a été de fermer le pays pour éviter toute propagation. Le deuxième a été l'introduction des vaccins qui ont servi à protéger la population. Maurice est l'un des rares pays où le niveau de la vaccination est élevé, surtout chez les adultes. En janvier, nous pensions que nous aurions un pic avec le variant Omicron, mais cela n'est jamais arrivé. Parce que la population a pris les devants en se protégeant. Aujourd'hui, l'on constate que beaucoup de Mauriciens prennent leur santé en main, en continuant à porter le masque. Car tous se sentent responsables envers leur famille pour ne pas transporter le virus à la maison. L'autre phase, ce sera maintenant la normalisation.

Avec ces chiffres en hausse, une révision de la levée des restrictions peut-elle être envisagée ?

Je ne le pense pas. Nous avons pris beaucoup de temps pour avancer et faire le public comprendre le Covid19. Contrairement aux autres pays. Idem pour la vaccination qui a pris du temps pour différents groupes d'âge. La seule chose qui nous ferait reculer est l'apparition d'une grosse vague, qui pourrait handicaper le pays. Le pic a déjà été atteint la semaine dernière avec plus de 500 cas; depuis les chiffres sont en baisse. Mais il faut attendre, d'autant plus que nous sommes en hiver. Quand nous constatons que plusieurs pays européens appréhendent l'hiver car ils ne savent s'ils pourront gérer la montée des cas. Néanmoins, notre surveillance reste toujours accrue.

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