Kenya: La grogne sociale menace la présidentielle

De nombreux facteurs comme la sécheresse, la pandémie de Covid-19 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie ont fait grimper l'inflation dans le pays. Des milliers de Kenyans n'arrivent plus à s'offrir les aliments de base nécessaires par jour. Et c'est la grogne sociale un peu partout dans le pays.

La grogne des Kenya

Agé de 68 ans, mère de deux enfants et grand-mère de 12 enfants, Beatrice Atieno fait partie des Kenyanes qui sont descendues dans la rue pour interpeller le gouvernement face à la hausse des prix des produits de grande consommation.

"S'il vous plaît, faites baisser le prix de la farine parce que sans la farine, nous ne pouvons pas faire cuire notre bouillie de maïs. Il n'y a même plus de farine, il n'y a pas de nourriture et nous avons faim. Je ne reconnais plus mon pays. Est-ce vraiment notre pays ? Nous ne sommes pas des réfugiés, nous sommes des Kényans. S'il vous plaît, traitez-nous comme des Kényans", a déploré Beatrice Atieno.

Le prix de la farine a en effet augmenté de plus de 30 % en deux semaines. D'ici la fin de l'année, le prix du carburant à la pompe devrait aussi avoir bondi de 81 %, selon Tom Mboya, consultant en gouvernance.

"Beaucoup de gens sont mécontents de l'état actuel de notre politique. Beaucoup de Kényans sont préoccupés par la situation économique, le coût de la vie et d'autres choses. Donc je ne pense pas qu'il y ait un seul facteur unique qui soit à l'origine de l'apathie des électeurs mais peut-être une combinaison de facteurs qui crée un certain nombre de difficultés dans la vie des gens auxquels ils sont actuellement confrontés", a expliqué Tom Mboya.

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Les discours de haine

A cette colère s'ajoute la peur de voir resurgir des discours de haine. Les campagnes politiques précédentes au Kenya ont souvent été basées sur une politique de discrimination ethnique.

Pour éviter cela, la Commission pour la cohésion et l'intégration nationale du Kenya a donné, vendredi dernier, sept jours à Facebook pour supprimer des propos haineux sur sa plateforme sous peine d'être suspendu dans le pays.

Le gouvernement s'est toutefois empressé de préciser que les médias sociaux ne seraient pas bloqués durant la campagne électorale.

Malgré tout, ce sont les problèmes économiques, plus que les divisions ethniques, qui semblent s'imposer comme thématique centrale de l'élection présidentielle du 9 août. Et la crise économique qui frappe le pays fait que les inscriptions sur les listes électorales sont en baisse, selon la commission électorale kenyane.

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