Sénégal: Choix de la technologie pour la Transformation du gaz en électricité - Ce que préconise un expert au pays

2 Août 2022

Dans une tribune publiée, hier, Joonatan Huhdanmäki, Senior Energy Analyst chez Wärtsilä, a abordé les enjeux de la stratégie d'exploitation des ressources de gaz pour la production d'électricité au Sénégal. Partant des résultats d'études approfondies, il analyse l'impact économique des différentes stratégies " gas-to-power " disponibles au Sénégal. Il aboutit au constat qu'il y a des différences de près d'un demi-milliard de dollars de coûts selon les choix technologiques, à l'horizon 2035 !

Le Sénégal s'apprête, d'ici l'année prochaine, à intégrer le cercle des pays producteurs de gaz. Une ressource que les pouvoirs publics, au-delà des retombées économiques attendues, comptent mettre à profit pour renforcer la sécurité énergétique du pays en fournissant une électricité stable et bon marché aux Sénégalais. D'où la stratégie " Gas-to-power " (production d'électricité à partir de gaz). Ainsi, les réserves nationales de gaz du Sénégal seront principalement utilisées pour produire de l'électricité. La mise en service des projets d'infrastructures gazières nationales est attendue entre 2025 et 2026.

Dans ce contexte, le groupe technologique mondial Wärtsilä a mené des études approfondies qui analysent l'impact économique des différentes stratégies " gas-to-power " disponibles au Sénégal. Deux technologies très différentes sont en concurrence pour répondre aux ambitions " Gas-to-power " du pays : les turbines à gaz à cycle combiné (Ccgt) et les moteurs à gaz (Ice), selon Joonatan Huhdanmäki, Senior Energy Analyst chez Wärtsilä. Dans une tribune publiée, hier, cet expert rapporte que ces études ont révélé des différences de coût de système très importantes entre les deux principales technologies de conversion du gaz en électricité que le pays envisage actuellement.

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" Contrairement aux idées reçues, les moteurs à gaz sont en fait bien mieux adaptés que les turbines à gaz à cycle combiné pour exploiter de manière efficace l'énergie des nouvelles ressources gazières du Sénégal, comme le révèle l'étude. Les différences de coûts totaux entre les deux technologies pourraient atteindre jusqu'à 480 millions Usd jusqu'en 2035 selon les scénarios ", explique Joonatan Huhdanmäki.

Deux technologies concurrentes et très différentes

Selon lui, bien que ces deux technologies soient toutes les deux éprouvées et fiables, elles sont très différentes en termes de profils opérationnels. " La Ccgt est une technologie qui a été développée pour les marchés européens très interconnectés, où elle peut fonctionner à tout moment à un facteur de charge de 90 %. D'autre part, la technologie Ice flexible peut fonctionner efficacement dans tous les profils d'exploitation et s'adapter de manière fluide à toutes les autres technologies de production d'électricité qui composeront le mix énergétique du pays ", souligne-t-il.

En particulier, l'étude de Wärtsilä révèle que pour un réseau électrique de taille relativement limitée tel que le réseau national sénégalais (environ 1 Gw), s'appuyer sur les Ccgt pour étendre considérablement la capacité du réseau serait extrêmement coûteux dans tous les cas de figure.

À en croire l'expert, les différences de coût entre les technologies s'expliquent par un certain nombre de facteurs dont le climat chaud. " Les climats chauds ont un impact négatif sur la puissance des turbines à gaz plus que sur celle des moteurs à gaz ", dit-il.

Par ailleurs, souligne Joonatan Huhdanmäki grâce à l'accès du Sénégal au gaz domestique bon marché, les coûts d'exploitation deviennent moins importants que les coûts d'investissement. " En d'autres termes, avec un gaz à bas prix qui diminue les coûts d'exploitation des centrales, il est financièrement plus intéressant pour le pays de s'appuyer sur les centrales électriques Ice, qui sont moins chères à construire ", préconise-t-il.

D'après lui, la modularité de la technologie joue également un rôle clé car, selon ses estimations, le Sénégal devrait avoir besoin de 60 à 80 Mw supplémentaires de capacité de production chaque année pour pouvoir répondre à la demande croissante du pays en électricité.

" Cet ordre de grandeur est largement inférieur à la capacité des centrales Ccgt typiques qui sont en moyenne de 300 à 400 Mw, et qui doivent être construites en une seule fois, entraînant donc des dépenses inutiles. Les centrales à moteur, en revanche, sont modulaires, ce qui signifie qu'elles peuvent être construites exactement au moment où le pays en a besoin, et agrandies plus tard en fonction des besoins ", explique-t-il.

Fort de tout cela, il indique que si le Sénégal choisit de privilégier les centrales Ccgt au détriment de l'Ice, cela entraînerait jusqu'à 240 millions de dollars de surcoût pour le système d'ici à 2035.

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