Ile Maurice: Santé publique - pénurie de plus de 80 types de médicaments

Depuis des semaines, plusieurs médicaments manquent à l'appel. Tel est le constat des consommateurs ainsi que des pharmaciens eux-mêmes. Quels produits sont concernés par cette rupture de stock? Pourquoi cette pénurie?

Marianne, 76 ans, désespère. Asthmatique, elle essaie en vain de se procurer des médicaments en aérosol inhalateur depuis plusieurs jours. "J'ai arpenté au moins cinq pharmacies à Rose-Hill mais à chaque fois, les responsables me disent que ces médicaments sont in- disponibles. Mon fils a également cherché de son côté dans d'autres localités mais sans succès. Avec la chute des températures, je suis plus à risque mais je ne parviens toujours pas à trouver ces produits", confie-t-elle.

Un problème qu'a récemment connu Savitree, 62 ans. Comme elle souffrait d'une bronchite, le médecin lui a prescrit un traitement antibiotique mais celui-ci n'était pas disponible en pharmacie. "Mon mari a cherché dans diverses pharmacies mais en est ressorti bredouille. Un pharmacien lui a proposé un autre médicament à base du même composant mais nous n'avons pas voulu nous y ris- quer sans l'avis du médecin. Finalement, nous avons dû l'appeler et il a changé l'ordonnance", relate-t-elle. Cela dit, même pour se procurer le nouveau produit, la galère a repris en pharmacie.

Quels médicaments sont les plus indisponibles actuellement ? Selon le pharmacien Arshad Saroar, environ 80 types de médicaments manquent à l'appel sur le marché. "Ce n'est pas tolérable de ne pas avoir des médicaments, surtout les plus essentiels", s'insurge-t-il. Parmi ceux de première nécessité, il cite les antibiotiques sous forme de sirop et les suppositoires contre la fièvre, pour les enfants. "Plusieurs produits comme Doliprane, Paradenk, etc., ne sont pas disponibles. Même quand un patient vient à la pharmacie, j'ai honte de lui dire que je n'ai rien", déclare-t-il. Il ajoute que cette pénurie concerne aussi les médicaments d'urgence à mettre sous la langue pour soulager tout patient faisant une crise cardiaque. D'après lui, des produits alternatifs, sous avis médical, peuvent être proposés mais ceux-ci sont en train de s'épuiser, ce qui ne laisse guère d'autres options.

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D'après Suttyhudeo Tengur, président de l'Association pour la protection de l'environnement et des consommateurs (APEC), les médicaments tels que Ventoline (pour l'asthme), l'huile Olbas pour les froids et rhumes, Strepsils, Voltaren en suppositoires et comprimés, très sollicités face au Covid-19, sont en rupture présentement. "Les trois premiers produits sont très demandés par rapport aux maladies hivernales. Alors que les antidouleurs comme le Voltaren sont utilisés dans des cas de Covid-19, qui se multiplient actuellement", constate-t-il.

Pourquoi cette pénurie actuelle de médicaments sur le marché local ? Les détaillants eux-mêmes restent perplexes, ne pouvant l'expliquer avec certitude. "Au niveau du retail, nous ne comprenons pas. Nous avons entendu mentionner dans les médias un problème de devises étrangères qui ne permet pas aux fournisseurs d'acheter leurs produits", indique-t-il. Suttyhudeo Tengur évoque également le manque de devises étrangères qui pourrait expliquer cette rupture de stock de médicaments.

Un autre pharmacien observe que le problème vient des compagnies assurant la fourniture des mé- dicaments vers Maurice. "Lorsque notre pays passe des commandes, nous n'arri- vons pas à avoir le volume de médicaments voulu. Puis, le fret est toujours aussi problématique. La livraison prend plus de temps vers Maurice." La grosse majorité des mé- dicaments en est affectée, souligne-t-il. Selon Arshad Saroar, il incombe de résoudre cette situation au plus vite car on ne peut substituer tout mé- dicament. "Si on n'a pas de suppositoire, il faut le remplacer par un autre suppositoire. On ne peut changer pour un sirop car il prendra du temps pour agir", ajoute-t-il. Pour sa part, le président de l'APEC déclare que les autorités auraient dû être proactives puisque le Covid-19 perdure et assurer les importations.

Nous avons sollicité le ministère de la Santé, en vain.

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