Maroc: La baisse des prix est là... Sauf de ce côté-ci

Carburants et matières premières

Une question est sur toutes les lèvres : pourquoi les prix des matières premières et ceux du pétrole sont toujours à la hausse alors qu'ils ont fortement plongé sur le marché international ? En effet, et selon plusieurs analyses, les prix des matières premières ont fortement diminué en à peine un mois. Une baisse liée à la crainte d'un ralentissement de la demande et au retour progressif à la normale après la crise sanitaire, indique le site Capital.

Selon ce dernier, les prix des matières premières se sont repliés en moyenne de 20% en un mois si l'on prend comme référence l'indice Bloomberg, qui intègre les variations de l'énergie, des métaux mais également des matières premières agricoles.

" Les craintes de récession se sont accélérées au cours des dernières semaines notamment après deux fortes révisions à la baisse des prévisions de croissance américaine pour le deuxième trimestre par la Fed d'Atlanta, qui actualise régulièrement ses prévisions en fonction des publications macroéconomiques.

La dernière estimation indiquait un repli du PIB de 2,1%, sachant que la croissance s'était déjà contractée de 1,6% au premier trimestre... donc une récession ", précise le site. Les prix du pétrole ont également chuté.En effet, le pétrole brut WTI a reculé lundi dernier de 0,9% à 88,19 dollars le baril, tandis que le Brent a baissé de 0,6% à 94,06 dollars.

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Les deux contrats se négociaient à leurs plus bas niveaux depuis fin janvier. D'après le site investing.com, les marchés du brut ont subi un nouveau coup dur avec des données en provenance de la Chine montrant que les importations ont augmenté à un taux plus faible que prévu en juillet, ce qui renforce la tendance au ralentissement de la demande dans l'un des plus grands pays importateurs de pétrole au monde.

"Bien que les importations aient augmenté à un rythme plus rapide que le mois dernier, elles ont été la deuxième lecture la plus faible observée cette année. Malgré tout, la Chine a enregistré un excédent commercial record, car les exportations sont restées robustes ", a confirmé ledit site. Comment peut-on expliquer ce décalage entre les prix au niveau international et ceux appliqués au niveau des marchés locaux ? " Les raisons d'un tel décalage sont à rechercher dans l'absence de régulation et de transparence ainsi que dans un déficit décisionnel", nous a répondu Hicham Attouch, professeur d'économie à l'université Mohammed V de Rabat.

Et d'expliquer : " Les prix s'envolent du jour au lendemain sans raisons claires,solides et fiables et personne ne sait sur quel critère ou base les augmentations des prix ont-elles été effectuées ". Notre interlocuteur souligne également que ces augmentations partent en vitesse vertigineuse et régressent lentement.

Et souvent, ces régressions ne dépassent pas quelques centimes." Prenez le cas des prix des carburants à la pompe ou ceux des huiles de table, ils ont chuté de quelques miettes alors que les hausses ont frôlé des sommes conséquentes", nous a-t-il précisé. Et d'ajouter : " Certaines hausses restent même ambiguës puisqu'elles n'ont rien à voir avec le contexte de guerre en mer Noire ou autre".

A ce propos, il estime qu'il est du devoir du Conseil de la concurrence, du Parlement et de l'Exécutif de garantir les conditions d'un fonctionnement équilibré et transparent des marchés. D'après lui, la libéralisation d'un secteur n'écarte passa régulation puisque l'ouverture des marchés ne signifie pas naturellement une disparition de l'autorité publique.

Dans une précédente édition, Hicham Attouch nous avait indiqué que le gouvernement a plusieurs pistes pour agir et a les moyens pour faire baisser les prix. Ainsi, concernant les carburants(et pas uniquement le gaz), il estime que l'Exécutif peut intervenir à deux niveaux. D'abord par la régulation du marché en agissant non pas sur l'offre et la demande mais plutôt sur la concurrence. Ensuite, il peut opérer via les marges commerciales des entreprises chargées de distribution des carburants.

Précisément via la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les produits énergétiques et la TVA. "Cela va permettre de modérer les prix à la pompe et, du coup, alléger les charges de transport des marchandises", a-t-il précisé. Hicham Attouch avance également comme piste possible les dépenses fiscales en tant que mécanisme de soutien indirect. "Cela aura sûrement un impact sur le déficit budgétaire mais permettra de surmonter cette crise conjoncturelle", a-t-il conclu.

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