Afrique de l'Ouest: Dissolution du FNDC - Les dirigeants, l'autre mal de la Guinée ?

analyse

Le couperet de Mamadi Doumbouya est tombé, gnac ! Implacable ! Le gouvernement guinéen a annoncé hier mardi 9 août 2022, la dissolution du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile. Une décision motivée suivant un arrêté daté la veille par le fait que le FNDC organise des manifestations armées sur la voie publique, et s'apparente à un groupe de combat ou à une milice privée.

Le réquisitoire est sans appel : " Leur mode opératoire, se structure par des actions violentes au cours de manifestations interdites, des attaques contre des individus qui ne partagent pas leur idéologie, et des actions ciblées contre les forces de l'ordre. Des actions qui mettent en péril l'unité nationale ".

Nouveau tour de vis liberticide donc du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), pour qui d'ailleurs le FNDC serait illégal, puisque ne figurant pas parmi les ONG dûment reconnues par les autorités compétentes.

C'est pourtant ces mêmes manifestants déclarés aujourd'hui illégaux qui ont mâché le travail et déroulé le tapis rouge qui mène au palais de Sékhoutoureya. Le FNDC qui s'oppose à la junte depuis plusieurs mois, faut-il le rappeler en effet, a été en première ligne dans les manifestations de rue souvent réprimées, contre le troisième mandat de l'ex-président Alpha Condé. Une vague contestataire sur laquelle le solide gaillard de 42 années a surfé pour s'emparer du pouvoir.

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Mais ce qui lui a paru d'abord comme une œuvre de salubrité politique va très vite se révéler comme un cauchemar pour les Guinéens, dans la mesure où sous prétexte de remettre le pays sur les rails de la démocratie et du développement, Doumbouya semble vouloir transformer la Guinée en un goulag à ciel ouvert, où toutes les voix discordantes doivent être muselées : interdiction de manifester, arrestation et embastillement de citoyens dont le seul crime est de crier le désaccord sur la conduite de la Transition, et les répressions violentes qui ont entraîné de nombreux morts. Dernier exemple en date, les manifestations organisées les 28 et 29 juillet 2022 par le FNDC. Manifestations interdites par les autorités, et au cours desquelles cinq personnes ont été tuées.

Doumbouya veut donc régner en paix et dans le silence, fut-il de cimetière. Il tient à ses 39 mois de transition, ce que la CEDEAO n'est pas près de lui accorder.

Une chose est de dissoudre une coalition de partis, de syndicats et d'OSC qui dénonce le manque de réponse à ses demandes d'un " dialogue crédible " sur la transition vers un pouvoir civil, une autre est d'empêcher les Guinéens de battre le pavé. Sauf bien sûr à utiliser l'argument que les " transitaires " préfèrent de loin, celui de la force, au risque de multiplier les cadavres et de rendre la situation sociopolitique encore plus inextricable et plus incertaine.

On pensait avoir tout vu avec Moussa Dadis Camara, une espèce de bouffon pathétique avec ses " Dadis show ", et voici qu'on découvre un colonel gros-bras, un ex-élément de la Légion étrangère française, qui veut diriger le pays comme un camp militaire.

C'est à croire que nos dirigeants sont la malédiction de nos pays, après celle des ressources naturelles dont ils foisonnent pourtant, mais dont ils n'ont jamais su ou pu en profiter.

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