Afrique: Crise électorale au Kenya - Raila Odinga mieux que Gbagbo !

Le chef de l'ODM, Raila Odinga, s'adressant aux fidèles lors d'un service religieux dominical à l'église Hardy PAG de Karen, Nairobi, le 5 septembre 2021.
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Comparaison n'est pas... raison ! La présidentielle de 2022 au Kenya a débouché sur une crise postélectorale avec la contestation par Raila Odinga des résultats proclamés par la Commission électorale qui donnent vainqueur son adversaire William Ruto avec 50,49 % des voix.

Un scénario qui s'apparente à celui de la présidentielle 2020 où l'un des candidats, Laurent Gbagbo, a contesté les résultats livrés par la Commission électorale indépendante qui a annoncé la victoire de son challenger Alassane Ouattara avec 54,1% des suffrages exprimés. Contre 45,1% pour le président sortant.

Mais, le parallèle entre ces deux conflits post-électoraux s'arrête là. Tout net. Car, en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo ne s'est pas limité à la contestation du verdict des urnes qui attestait de sa défaite, il a surtout tenté de confisquer le pouvoir, quitte à plonger le pays dans le chaos.

Et c'est justement ce qu'il a fait, en se faisant proclamer comme gagnant du scrutin par un Conseil constitutionnel aux ordres et à sa solde, avec à la manœuvre un certain Yao Paul N'dré, l'un de ses proches.

Après que celui-ci a manipulé, de façon précipitée et grotesque, les chiffres sortis des urnes, en invalidant, selon lui, pour fraude, les votes dans trois régions du nord de la Côte d'Ivoire, celles des Savanes, du Denguélé et du Worodougou.

Mais, c'était sans compter sur la détermination du patron de l'Onuci (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire), Young-Jin Choi, qui a certifié le scrutin, et la communauté internationale. Ils s'opposent fermement à cette forfaiture. Toutefois, Laurent Gbagbo ne recule pas et poursuit son " braquage " électoral.

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Poussé par les faucons de son régime - mû par le jusqu'au boutisme- il conduit le pays à une guerre sanglante qui occasionne la mort d'au moins 3000 morts, selon les chiffres officiels. En réalité, il y a eu plus de victimes. Visiblement, dans l'esprit de Gbagbo, c'était lui ou l'apocalypse. Comme si la Côte d'Ivoire était sa propriété. Son bien privé.

Et, avec ses hommes, il a tout fait pour que la Côte d'Ivoire brûle. Tout le contraire de Raila Odinga. Bien que n'acceptant pas les résultats de l'élection, il n'envisage en aucun cas d'instaurer la chienlit au Kenya ou encore moins de rendre son pays ingouvernable.

En homme politique responsable, il a d'abord appelé ses partisans, du reste, très furieux, au calme, ajoutant que " personne ne prend la loi entre ses mains " ; entendez qu'ils ne s'adonnent pas à la violence.

Ensuite, Raila Odinga a pris la sage décision d'utiliser " toutes les options légales disponibles " pour contester les résultats. Une démarche digne d'un grand homme d'Etat qui épargne le Kenya d'un bain de sang inutile.

En agissant ainsi, Raila Odinga prouve qu'il est aux antipodes d'un Gbagbo, qui n'a pas hésité un seul instant, pour un fauteuil présidentiel, à embraser la Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, lui et ses partisans sont donc très mal placés pour donner une leçon à Raila Odinga, encore moins le railler.

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