Somalie: Le peuple opposé à un éventuel dialogue avec les shebab

Estimant qu'une approche militaire est insuffisante pour mettre un terme à l'insurrection violente des extrémistes menée depuis plus de dix ans dans le pays, l'actuel président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, et son gouvernement, n'excluent pas de discuter avec les shébab pour chercher à y ramener la paix. Ce que la population ne veut nullement entendre parler, souhaitant que les insurgés soient poursuivis jusqu'à leurs derniers retranchements et chassés hors du pays.

Elu en mai après avoir été président de 2012 à 2017, le chef de l'Etat a déclaré que les approches passées pour vaincre les shebab n'avaient pas fonctionné et que son gouvernement était ouvert à des alternatives, y compris des pourparlers, le cas échéant. " Le gouvernement ne négocierait avec le groupe djihadiste que lorsque le moment sera jugé opportun (... ). Nous ne sommes pas actuellement en position pour négocier avec les shebab. Nous le ferons, au bon moment ", a confié le président.

En clair, les autorités envisagent de tout mettre en œuvre pour asseoir la paix en Somalie, parce qu'elles sont rassurées que les shebab ont " développé un mécanisme d'adaptation à la riposte militaire qui ne peut pas être éliminé uniquement par la force ". Ils l'ont fait " de sorte que même si leurs installations sont détruites, ils ont la capacité de les rétablir et de retourner sur le champ de bataille ", précise-t-on.

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Dans le cadre des négociations envisagées, les dirigeants du pays cherchent à créer des voies et moyens pour que la population meurtrie par les violences retrouve la quiétude partout. " Même maintenant... nous ouvrons la porte à tous ceux qui veulent dénoncer la violence, les idéologies extrémistes et rejoindre une vie normale en Somalie ", a révélé Hassan Cheikh Mohamoud. Il a justifié le choix de possibles pourparlers avec les extrémistes, parce que " l'approche militaire pour vaincre les shebab adoptée par les administrations précédentes soutenues par des partenaires étrangers ne s'était pas avérée suffisante ". En attendant, l'ancien universitaire et militant pour la paix a dit qu'il fallait d'abord couper les flux financiers des shebab et contrer leur message haineux pour compléter une approche militaire dans le combat contre ces derniers.

Si peu de temps après son arrivée au pouvoir, Hassan Cheikh Mohamud avait salué l'annonce du président américain, Joe Biden, de redéployer des troupes américaines en Somalie, annulant une décision de Donald Trump de retirer la plupart des forces américaines dans la lutte contre les shebab, aujourd'hui, rien n'a changé sur le terrain. Les insurgés sont toujours déterminés à combattre le régime en place.

Condamnations unanimes de l'attaque d'un hôtel de Mogadiscio

L'idée de dialoguer avec les shebab ne fait pas l'unanimité dans le pays. En effet, selon des observateurs, une bonne partie de la population veut que le gouvernement poursuive la lutte contre ces terroristes jusqu'à les chasser définitivement du pays. Ce qui n'est pas encore le cas, puisque ces combattants islamistes restent implantés dans de vastes zones rurales. Et ils ont intensifié leurs attaques ces derniers mois. La dernière en date perpétrée le 19 août, qui visait un hôtel de la capitale Mogadiscio, a fait 21 morts et plus d'une centaine de blessés, suscitant les réactions de la communauté internationale. L'Union africaine, les alliés de la Somalie, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et la Turquie, pour ne citer que ces pays, ainsi que l'ONU, ont fermement condamné l'attaque.

Cette attaque meurtrière intervient quatre jours après que l'armée américaine a tué dans une frappe aérienne 13 miliciens de ce groupe islamiste affilié à Al-Qaïda. C'était alors que ces extrémistes musulmans s'attaquaient à des soldats des forces régulières somaliennes dans une zone reculée de ce pays de la Corne de l'Afrique. Un communiqué du commandement militaire américain en Afrique indique que la frappe a été menée près de Teedaan, à environ 300 km au nord de la capitale Mogadiscio. Il s'agissait d'une deuxième frappe en moins d'une semaine dans cette zone proche de la frontière éthiopienne.

Malgré la récente mort d'Ayman al-Zawahiri, tué précédemment dans une frappe américaine à Kaboul, plusieurs analystes s'accordent à dire que sa disparition n'entamera pas les capacités des groupes affiliés à Al-Qaïda dont les shebab. En effet, après avoir succédé en 2011 à Oussama ben Laden assassiné dans un raid américain au Pakistan, ce dirigeant terroriste a joué un rôle moteur dans le processus de décentralisation qui a permis à Al-Qaïda de survivre aux épreuves, selon Hans-Jakob Schindler, directeur de l'ONG Counter-Extremism Project, ancien expert des Nations unies sur le djihadisme. " Il a intégré au réseau d'importants nouveaux acteurs, comme les Shebab, qui contrôlent maintenant 30% de la Somalie, et a supervisé la formation en 2017 du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, nouvelle coalition d'Al-Qaïda en Afrique de l'ouest ", affirme-t-il.

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