Somalie: Attaque à Mogadiscio - "Les shebabs essayent d'intimider le nouveau gouvernement" somalien

interview

En Somalie, une attaque terroriste a pris pour cible l'Hôtel Hayat, dans la capitale Mogadiscio, ce vendredi 19 août. Une action revendiquée par les islamistes shebabs, contre qui le gouvernement fédéral est en guerre depuis quinze ans environ. Deux semaines après l'officialisation d'un nouveau gouvernement, cette offensive shebab est symbolique. Explications avec Omar Mahmood, expert de l'Afrique de l'Est pour l'International Crisis Group (ICG).

RFI : Pourquoi les shebabs ont-ils décidé de frapper si fort avec cette attaque à Mogadiscio ? Est-ce un symbole ?

Les shebabs ont déjà effectué ce genre d'attaques à Mogadiscio. Ce sont des attaques complexes, qui suivent le même modèle : des kamikazes, qui commettent des attentats suicides, et qui sont suivis de plusieurs hommes armés qui tirent sur la foule. Mais c'était il y a plusieurs années. Leur retour sous cette nouvelle administration est une sorte de symbole, un message que les shebabs veulent envoyer à cette nouvelle administration, qui a fait beaucoup de bruit sur le fait qu'elle voulait accentuer la lutte contre le groupe terroriste. Les shebabs essayent d'intimider le nouveau gouvernement. Ils veulent les dissuader de mener une offensive, en montrant de quoi ils sont capables.

Mais la question est aussi : pourquoi viser cet hôtel en particulier ? Eh bien, parce qu'en l'occurrence, cet hôtel accueille de nombreux événements politiques, comme des meetings par exemple.

%

C'est un test sécuritaire pour ce nouveau gouvernement. Comment peut-il lutter efficacement contre les shebabs ?

Le gouvernement a fait de la sécurité son cheval de bataille. Et c'est effectivement un élément-clé. Ce genre d'attaques amènent toujours le même type de question, à savoir : comment est-ce possible que ces terroristes aient pu mener une attaque dans cette zone de Mogadiscio, qui est l'une des plus sécurisées de la ville. Je crois que c'est la question à laquelle le gouvernement devra répondre.

Ils vont devoir regarder ça de près, savoir qui est aux commandes dans les forces de sécurité, quels sont les dysfonctionnements dans la logistique. Cette attaque ne doit pas soulever que la question de la lutte contre les shebabs, mais aussi sur ces dysfonctionnements sécuritaires internes. Mais les autorités ne peuvent pas battre les shebabs uniquement sur le plan militaire et sécuritaire, elles doivent aussi les battre financièrement et idéologiquement.

Ils ont été capables de passer entre les mailles du filet

Vous le dites, la question de savoir comment une telle attaque est encore possible est sur toutes les lèvres. Est-ce que vous avez des éléments de réponse ?

Il faut d'abord dire que les shebabs sont très bons pour exploiter les failles dans les systèmes de sécurité, et les tourner à leur avantage. Un bon exemple de cela, ce sont les points de contrôle. Que les shebabs les aient passés en corrompant les forces de sécurité, qu'ils aient joué sur la solidarité entre membres d'un même clan, ou qu'ils aient dissimulé leurs armes auprès des gardes, ils ont été capables de passer entre les mailles du filet.

Encore une fois, c'est ce volet sécuritaire que le gouvernement devra, à tout prix, regarder de près. Pour améliorer la sécurité de Mogadiscio, mais aussi du reste du pays. Et, par ailleurs, n'oublions pas que les shebabs sont présents à Mogadiscio. C'est une présence dissimulée, certes, mais il ne s'agit pas de faire venir des contingents de soldats de l'extérieur à l'intérieur de la ville. Ils ont déjà cette présence sur place.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.