Madagascar: Trafic d'or - De nouveaux éléments relancent l'affaire

À entendre le ministre des Affaires étrangères, la procédure judiciaire sur l'or saisi en Afrique du Sud connaît un rebondissement. La défense aurait versé de nouveaux éléments au dossier.

Des complications. De prime abord, Madagascar devra patienter pour avoir une réponse sur la demande d'extradition des présumés trafiquants d'or détenus en Afrique du Sud et les métaux précieux qui y ont été saisis, fin décembre 2020. La procédure judiciaire y afférente, auprès du tribunal de première instance de Kempton Park, à Johan-nesburg, connaîtrait un nouveau rebondissement.

L'information a été glissée durant une conférence de presse donnée par Richard Randriamandrato, ministre des Affaires étrangères, hier, à Anosy. Questionné sur la situation de l'affaire des 73,5 kilos d'or saisi en Afrique du Sud, le chef de la diplomatie malgache concède que le sujet connaît quelques complications. En cause, selon ses dires, la défense des trois présumés contrebandiers d'or, qui sont des ressortissants malgaches, a présenté de nouveaux éléments. De nouveaux éléments qui auraient pour effet de prolonger l'instruction menée par le tribunal de Kempton Park.

Le ministre des Affaires étrangères n'a, toutefois, pas donné de précision sur les nouveaux éléments versés au dossier par la défense des trois accusés. D'autres sources contactées n'ont pas fourni plus amples informations sur la question, non plus. L'année dernière, il y a déjà eu deux rebondissements qui ont relancé l'affaire. Il y a eu l'épisode où la défense a soulevé l'argument selon lequel "l'or saisi venait du Mali". Les trois larrons ont, effectivement, présenté des documents maliens comme justificatifs de leur cargaison illicite.

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L'instruction menée par la justice sud-africaine prendrait en compte la thèse qu'environ 3 kilos des métaux précieux saisis ne seraient pas issus des mines malgaches. L'autre tournant a été l'entrée en scène d'une entreprise dubaïote dénommée Parpia gold and jewels trading. Elle affirme être la propriétaire de l'or saisi. À s'en tenir à l'information dite durant la conférence de presse d'hier, un nouvel élément complique l'issue de la demande d'extradition des accusés et le rapatriement de l'or voulus par Madagas-car.

Le dernier mot

Le membre du gouvernement concède que les démarches politiques entre Madagascar et l'Afrique du Sud ne suffisent pas à débloquer les verrous ne permettant pas l'extradition des ressortissants malgaches et la restitution de l'or. En début juillet, le ministre Randria-mandrato a rencontré Cyril Ramaphosa, président sudafricain, à sa résidence à Pretoria. La reprise des vols commerciaux entre la Grande île et l'Afrique du Sud a été à l'ordre du jour, avec l'affaire des 73,5 kilos d'or en toile de fond.

L'issue de l'entretien à Pretoria a probablement été encourageante, puisque le ministère des Affaires étrangères a annoncé "l'imminence", de la reprise des liaisons aériennes entre les deux pays. Seulement, lors du conseil des ministres du 13 juillet, Andry Rajoelina, président de la République, a réaffirmé des préalables sur ce sujet. Pour la reprise des vols commerciaux avec l'Afrique du Sud, Madagascar pose comme préalable, la signature "d'un protocole d'accord", garantissant la prévention et la lutte contre les trafics des ressources naturelles.

Le coup de pression sur les autorités sud-africaines ne suffit visiblement pas. Durant la conférence de presse d'hier, le ministre des Affaires étrangères a indiqué qu'il a eu une nouvelle rencontre avec le président sud-africain en marge du sommet de la Communauté de développement des États d'Afrique australe. Seulement, le chef de la diplomatie malgache reconnaît que, "outre le volet politique et diplomatique entre les deux États, il faut aussi tenir compte du volet judiciaire". Le dernier mot sur l'extradition des accusés et le rapatriement de l'or appartiendrait à la justice sud-africaine.

Après plus d'un an et demi d'instruction, l'instruction judiciaire en cours en Afrique du Sud semble loin d'être bouclée. L'affaire a défrayé les chroniques lorsque, en début janvier 2021, les services de police sud-africains ont fait part de l'interpellation de trois ressortissants malgaches avec une cargaison illicite de 73?5 kilos d'or, à l'aéroport OR. Tambo de Johan-nesburg. Depuis, les trois larrons sont en détention préventive dans les geôles de la nation arc-en-ciel. Pareillement, les métaux précieux saisis sont toujours entre les mains des autorités sudafricaines.

L'État malgache qui s'est constitué partie civile réclame l'extradition des trois accusés et le rapatriement de l'or. Des revendications sans réponse, jusqu'ici. La justice malgache qui, elle aussi a ouvert une procédure sur cette affaire estime que les métaux précieux sont les principales pièces à conviction et les trois présumés trafiquants les principaux accusés. Dans la Grande île, le Pôle anti-corruption (PAC), d'Antanana-rivo, qui a été saisi de l'affaire des 73,5 kilos d'or, a bouclé l'instruction du dossier en mars. Ceci, en l'absence des principales pièces à conviction et des principaux accusés donc.

Les autorités malgaches comptent sur l'extradition des trois accusés, par ailleurs, pour démanteler un ou des réseaux de trafiquants d'or. L'affaire de l'or saisi en Afrique du Sud connaît des enchevêtrements avec celle des 49 kilos d'or saisi aux Comores à la fin du mois de décembre 2021. Les deux ressortissants malgaches arrêtés à Moroni et extradés en janvier dernier, ont déjà fait l'objet d'un avis de recherche dans le cadre de l'enquête sur les 73,5 kilos d'or confisqués à Johannes-burg.

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