Congo-Kinshasa: Les affaires, ou l'autre, et peut-être le vrai enjeu de la MONUSCO !

Les Nations Unies ont une réputation solidement établie. Celle autrefois incarnée par les Recabites de la Bible : cette tribu ne construisait pas des maisons, et elle était fière de le déclarer. Ainsi, l'Onu ne construit ni n'acquiert des immeubles, elle n'exerce pas d'activités commerciales connexes comme dans la restauration, les bistrots et boîtes de nuit... dans tous les pays où elle déploie sa force.

Alors, elle loue!

Normal puisque les missions des Nations Unies - comme Monusco en RDC - sont l'objet de renouvellement du mandat chaque année.

L'Accord de siège les liant à la RDC ayant été signé en juin 2000, le renouvellement se fait en juin de chaque année.

Il va sans dire que ces missions, qui absorbent chaque année des centaines de millions de dollars américains (près d'un milliard pour la Monusco), laissent un gros pactole de nature à impacter la vie économique de chaque Etat... bénéficiaire.

Un homme d'Etat très intéressé dans les affaires déclarait à propos de la mission onusienne en RDC que les opérateurs économiques congolais commettaient une grosse erreur en ne captant pas ce pactole alors que les opérateurs économiques étrangers le faisaient à leur propre profit.

Il avait suggestionné la construction des immeubles résidentiels (dont les villas, les appartements et les hôtels), les supermarchés, les cafétérias, les pâtisseries, les terrasses, les boîtes de nuit, les blanchisseries etc.

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Ainsi, dans des coins où il y a un déploiement fort d'éléments de la Mission onusienne, on aura toutes les chances de se faire des sous. Beaucoup de sous alors.

Il y a de cela plus d'une dizaine d'années, une ONG avait tiré la sonnette d'alarme au sujet des immeubles appartenant aux Congolais mais loués à des ONG étrangères, immeubles construits pour la plupart avec les minerais de sang.

Le boom immobilier constaté dans plusieurs villes et localités à l'Est est lié à l'exploitation de ces minerais.

Il va sans dire qu'en les faisant louer à la Monusco, au système des Nations Unies et à des ONG pour la plupart occidentales, ces immeubles sont devenus une grosse source d'argent frais pour leurs propriétaires.

Conséquence : ces derniers ne peuvent pas ne pas être inquiets de toute menace, réelle ou supposée, du retrait de leurs " clients " .

Ils constituent, eux, la première catégorie.

La deuxième catégorie comprend les restaurateurs, les tenanciers des terrasses, des boîtes de nuit etc.

La troisième catégorie, on s'en doute, le personnel congolais de la Monusco.

La dernière - ne relisez pas, svp ! - est faite des " professionnels du sexe " . Ne relisez pas, parce qu'autour des entremetteurs gravitent des hommes normaux et des femmes normales (honni soit mal qui y pensent).

Le départ de la Monusco n'est pas sans rappeler le passage biblique des pleurs en Matthieu 2:18. " On a entendu des cris à Rama, Des pleurs et de grandes lamentations: Rachel pleure ses enfants, Et n'a pas voulu être consolée, Parce qu'ils ne sont plus ", y lit-on.

Ainsi, pendant qu'une partie de la population réclame son départ sans condition à cause de l'échec ou du succès mitigé de l'exécution de son mandat depuis 2002, une autre s'y oppose, craignant pour son devenir, une fois perdus les marchés gagnés du pactole. Ceci côté Congo.

Côté étranger, au sein même de la Monusco, les avis divergent. D'une part, il y a sûrement des éléments (armés et administratifs) qui veulent bien s'en aller, car ils ont conscience d'une partie perdue, et, de l'autre, des éléments (armés et administratifs) qui misent sur la prolongation, le temps de ramasser une mise dans ce Congo qu'ils considèrent plutôt comme un casino qu'un Etat. Le fameux Congo Bashing, aujourd'hui orphelin de son pourfendeur (Ne suivez pas mon regard).

C'est peut-être cela, l'autre enjeu, mieux le vrai enjeu de la Monusco.

C'est peut-être aussi l'occasion de le rappeler dans cette livraison : aucun des pays ou des coins du monde où une force onusienne est en opération n'a, à proprement parler, réussi à se développer :

- Chypre avec l'UNFICYP depuis 1964,

- Golan avec FNUOD depuis 1974,

- Liban avec FINUL depuis 1978,

- Sahara occidental avec FINURSO présente 1991,

- Soudan avec la MINUAD au Darfour depuis 2007,

- Soudan du Sud avec La MINUSS depuis 2011,

- Mali avec la MINUSMA depuis 2013 et

- Centrafrique avec MINUSCA depuis 2014.

Certes, on a tendance à brandir l'épouvantail de la MINUAR avec la guerre survenue au Rwanda en 1994.

Mais, on oublie qu'il y a aussi UNAVEM, en Angola. Déployée en 1984, elle a été retirée de ce pays à l'initiative du gouvernement angolais en 1991.

Et son retrait avait largement contribué à la stabilisation politique interne après plusieurs années des guerres.

Moralité : les RD. Congolais ont le libre choix entre un maintien et un retrait qui soit bénéfique pour le pays et la sous-région.

 

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