Cote d'Ivoire: PDCI-RDA - Les raisons du malaise à Cocody, Port-Bouët, Yopougon, Bocanda...

Henri Konan Bédié, président du PDCI, doit avoir le sommeil troublé. Dans son camp, la sérénité n'est plus de mise. Comme une gangrène, le mal qui a été identifié à Cocody est en passe de contaminer d'autres délégations départementales du parti.

Port-Bouët, Yopougon et Bocanda, pour ne citer que ces localités. En effet, le 13 mai dernier, un collectif des militants PDCI de Cocody a été créé en présence de Yasmina Ouégnin, députée PDCI-RDA de cette commune. Pour les initiateurs, il s'agit d'un mouvement, au sein du parti doyen, regroupant de simples militants ou cadres, des présidents de comités de base, jeunes, femmes, membres des structures spécialisées, secrétaires généraux de section, membres du Grand conseil régional, membres du bureau politique de la commune de Cocody, ayant en commun l'ardent désir d'échanger des informations, de travailler en équipe, de collaborer sur le terrain...

Tout ceci dans l'unique but d'œuvrer à un meilleur rayonnement du parti. Les membres du collectif constatent amèrement que certains maux minent le PDCI, tant lorsque la parole a été donnée à la base lors des séminaires éclatés organisés en juin 2021 que lors des missions d'information, d'évaluation et d'écoute de mars 2022. Il s'agit entre autres de démobilisation, découragement, transhumance des militants, problème de communication entre la base et les instances dirigeantes, difficultés à mobiliser des ressources.

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Il s'agissait en clair, pour les membres de ce collectif, de décrier la gestion de leur formation politique. Comme si cela ne suffisait pas et pour joindre l'acte à la parole, ces militants, selon des sources bien introduites, se préparent à soutenir un candidat autre que l'actuel maire de Cocody, pourtant militant du PDCI. Une fronde se prépare donc contre Jean-Marc Yacé.

Dans cette dynamique, une série de candidatures a été suscitée, toujours selon des informations en provenance du parti d'Henri Konan Bédié. Ainsi, la députée Yasmina Ouégnin a sollicité le parrainage de sa formation politique, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), pour les prochaines élections municipales dans la commune de Cocody. Tout comme elle, Doulaye Coulibaly et Dr Jean-Serge Koffi, respectivement 1er et 2e adjoint au maire sortants, ont aussi demandé le parrainage de leur parti politique. Ces candidatures multiples seraient une stratégie pour évincer l'actuel maire de son poste. Entre le maire sortant et ses probables adversaires, la guerre est donc déclarée. Les militants naviguent à vue. Et le parti d'Henri Konan Bédié bat de l'aile à Cocody.

Après Cocody, l'heure n'est pas à la sérénité à Port-Bouët. Deux camps s'affrontent depuis longtemps. D'un côté il y a les partisans du maire Emmou Sylvestre et de l'autre ceux d'Adja Alain, le 1er adjoint au maire. La gestion de la délégation communale a mis le feu aux poudres et fait apparaitre au grand jour les incompréhensions entre les deux leaders locaux du parti doyen. La solution proposée de passer de deux délégations à une délégation n'a pas résolu le problème. Au contraire, elle l'a accentué. En effet, les partisans d'Adja Alain refusent de se mettre sous la coupole du maire de la commune devenu le tout puissant patron, car unique délégué départemental PDCI de Port-Bouët.

Pour ses adversaires, la commune est trop vaste et un seul cadre ne saurait entretenir avec efficacité les candidats de la cité balnéaire. Ils dénoncent avec la dernière énergie la décision du président de leur parti de déchoir Adja Alain de ses fonctions de délégué départemental. Pour ces derniers, le maire aurait agi de façon souterraine sur cette décision qui n'honore pas leur parti. Ils comptent donc se faire entendre au moment venu.

Yopougon aussi dans la danse. La plus grande commune de la Côte d'Ivoire a décidé de se révolter. Contrairement à Port-Bouët où les militants ruminent leur amertume dans le silence, ceux de Yopougon ont décidé de donner de la voix. Dimanche dernier, ils ont confié à la presse leur mécontentement. Blesson Christophe, membre du bureau politique et secrétaire général de section à Yopougon Niangon et porte-parole de l'ensemble des secrétaires généraux, n'a pas usé de la langue de bois pour dénoncer le malaise qui règne au sein du plus vieux parti politique de la Côte d'Ivoire. Ils dénoncent le choix unilatéral porté sur un cadre de la commune pour être candidat à la mairie en 2023 pour le compte de leur formation politique. Ils en veulent terriblement à certains responsables du parti, notamment Ehouman Bernard (directeur de cabinet du président Henri Konan Bédié), Philippe Ezaley (secrétaire exécutif en chef adjoint chargé des délégations de sections), Allah Kouadio Rémy (président du conseil politique Allah Kouadio Rémy) et Goualy Dodo Junior (secrétaire exécutif en charge des enseignants PDCI).

" Nous, comme tout bon militant discipliné, étions dans l'attente de la date butoir des dépôts de candidatures le 18 août 2022. Contre tout attente ce samedi 13 août au cours de cette parodie de rentrée politique, le sieur Ehouman Bernard parlant au nom du président Henri Konan Bédié et ses camarades ont fait cette forfaiture comme dans d'autres communes. Souvenons-nous des foyers ouverts dans les communes de Cocody, de Port-Bouët, Bocanda... Aujourd'hui c'est Yopougon qui est dans le collimateur ", a décrié le porte-parole des secrétaires généraux du PDCI de Yopougon.

Face à ces dysfonctionnements qu'ils jugent très graves, les militants de la plus grande commune de Côte d'Ivoire exigent la démission pure et simple d'Ehouman Bernard devenu, selon eux, un problème pour le PDCI et la révocation immédiate de Goualy Dodo. Le conférencier a surtout invité le nouveau délégué de Toits rouges, Yohou Dia Houphouët, à travailler dans les limites de sa délégation pour éviter les incompréhensions qui pourraient conduire à des situations incontrôlables. " Si nos revendications ne sont pas satisfaites, nous allons nous faire entendre par des meetings et des conférences de dénonciation ", a-t-il averti.

A Bocanda, au centre du pays, le PDCI est également traversé par une crise. Des militants dénoncent les dernières nominations qui ont été faites. Après le départ de plusieurs cadres du parti d'Henri Konan Bédié au RHDP, le parti doyen est à nouveau à la croisée des chemins. Ces frémissements qui touchent d'autres délégations ne sont pas faits pour créer la sérénité au sein du parti doyen. Qui pourrait à nouveau perdre encore des plumes dans la perspective des élections locales de 2023.

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