Madagascar: Trafic de métaux précieux - De l'or à destination de Dubaï intercepté à Ivato

Une cargaison illicite de 17,390 kilos d'or a été saisie à l'aéroport d'Ivato, dans la nuit de jeudi. Les métaux précieux conditionnés en dix lingots, dans quatre paquets devaient être acheminés vers Dubaï.

Dubaï. Une fois de plus, cette ville des Emirats arabes unis est la destination présumée d'une cargaison illicite d'or saisie à l'aéroport d'Ivato, dans la nuit de jeudi. Des métaux précieux de 17,390 kilos, conditionnés en dix lingots et répartis dans quatre paquets que les contrebandiers présumés comptaient hisser clandestinement à bord d'un vol d'Air Madagascar, à destination de Paris.

L'interception de cette tentative d'exportation illicite d'or explique donc le report de plus d'une heure du départ du vol à destination de Paris, du 25 août. Selon les récits de Zafivanona Ernest Lainkana, directeur général des douanes, qui a tenu une conférence de presse à Ivato, hier, les métaux précieux ont été découverts durant les fouilles systématiques au PARIF ou Poste d'accès routier d'inspection filtrage. Il s'agit du point d'entrée des véhicules travaillant au sein de l'aéroport.

Les 17,390 kilos d'or ont été dissimulés dans ce qui devait être l'emplacement du cric d'un des véhicules devant se rendre sur le tarmac. Selon les indiscrétions, il s'agit d'un véhicule d'une entreprise chargée de l'approvisionnement en victuailles destinés aux passagers du vol d'Air Madagascar. Selon le colonel Jocelyn Randrianarijaona, commandant de la Circonscription interrégionale de la gendarmerie nationale d'Antananarivo (CIRGN - Antananarivo), deux individus ont été arrêtés et sont gardés à vue, après la découverte de la cargaison illicite.

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Le commandant de la CIRGN d'Antananarivo note, toutefois, que les deux personnes soumises à une batterie d'enquêtes, depuis la nuit de jeudi à vendredi, "ne sont que des hommes de main". Les gros bonnets courrent toujours, de prime abord. Deux autres individus identifiés comme ayant été aux manettes de cette tentative d'exportation illicite d'or font l'objet d'un avis de recherche depuis hier. Il s'agit d'un ressortissant étranger dont le nom est de consonance arabe, et d'un Malgache.

Même mode opératoire

Trafic de métaux précieux, association de malfaiteurs, ainsi que faux et usages de faux sont, pour l'heure, les méfaits imputés aux présumés contrebandiers appréhendés et recherchés. De faux documents ont, également, été découverts dans les cartons contenant les dix lingots. Le directeur général des douanes souligne que l'exportation d'or est toujours "prohibée", jusqu'à nouvel ordre. Une décision qui remonte au moins d'octobre 2020 et toujours en vigueur.

"Cette interdiction de toute exportation démontre déjà que les documents sont faux", affirme Zafivanona Ernest Lainkana. Il avance aussi des anachronismes, des fautes et des approximations pour bétonner les arguments sur la thèse des faux documents. "Une déclaration de douane qui aurait été faite à Ivato porte la référence 184, alors que la dernière référence enregistrée à Ivato à l'heure où nous parlons est déjà à 2.358. Un document attribué au ministère des Mines porte l'entête du ministère des Mines et du pétrole. Ce n'est plus la dénomination de ce département", énumère-t-il.

Le directeur général Lainkana ajoute que dans le mode opératoire des contrebandiers, les faux documents sont utilisés comme justificatifs aux points de contrôle des aéroports de transit. Il parle sans ambages de "mode opératoire similaire à celui des 73,5 kilos d'or saisis en Afrique du Sud". Les lingots qui donnent leur nom à cette affaire qui défraie les chroniques depuis janvier 2021, avaient aussi pour destination Dubaï. Les trois présumés trafiquants en détention préventive à Johannesburg, ont également présenté de faux documents à la douane de l'aéroport OR. Tambo.

Des personnes recherchées par la Justice malgache sur le dossier de l'or saisi en Afrique du Sud, ont été arrêtées à Moroni, capitale des Comores, en tentant d'exporter illégalement 49 kilos d'or. Ici encore, Dubaï est la destination finale. La thèse selon laquelle la nouvelle affaire des 17,390 kilos d'or, celle des 73,5 kilos saisis à Johannesburg, et celle des 49 kilos d'or interceptés à Moroni pourraient être liées, est sérieusement prise en compte. Une société sise à Dubaï dénommée Parpia Gold se dit propriétaire des lingots saisis en Afrique du Sud.

Durant une conférence de presse, le 17 janvier, le ministre de la Justice de l'époque a affirmé que les cerveaux des réseaux de trafiquants d'or seraient identifiés, mais qu'ils se trouveraient à l'étranger. Il s'agit ici "d'un Arabe et d'un Malgache". Y aurait-il un lien avec les deux individus recherchés depuis hier?

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