Afrique: 8e TICAD à Tunis - Le Japon, un partenaire pas comme les autres ?

analyse

Environ 5000 participants, dont 30 chefs d'Etat et de gouvernement, venus de 50 pays du continent Tunis a fait le plein de monde à l'occasion de la tenue de la 8e TICAD, les 27 et 28 août 2022.

C'est la 2e fois, après le Kenya en 2016, que cette rencontre, à la fois forum économique, rencontre d'affaires et vitrine politique, se tient en Afrique. Et malgré l'absence du Premier ministre du Japon pour cause de covid, et la brouille diplomatique entre Tunis et Alger, à cause du problème Sahraoui, la 8e TICAD passe pour être un succès.

Succès d'abord pour le Japon qui depuis la 1re TICAD en 1993, réunit de plus en plus de participants à ce rendez-vous du donner et du recevoir où décideurs nippons et africains tracent les sillons du renforcement des relations entre leurs pays. Un renforcement à la fois qualitatif et quantitatif au vu des chiffres d'investissement et de l'éventail des secteurs concernés. Ainsi à l'ouverture de la TICAD 2022, le gouvernement japonais a annoncé 30 milliards de dollars d'investissements en Afrique dans les 3 prochaines années et plus généralement une augmentation de 40% de son aide pour le continent.

De l'argent dont les pays africains ont grand besoin pour la relance de leur économie après la pandémie de Covid-19 surtout que le partenaire japonais déclare privilégier les dons, les subventions, le partenariat public-privé avec l'objectif affiché d'éviter le surendettement des pays africains. Par ailleurs, à l'occasion de cette conférence, l'empire du Soleil Levant a indiqué qu'il privilégie désormais investir dans l'industrie verte, l'industrie de la santé, l'énergie et le développement technologique. Le Japon veut donc innover en matière de coopération avec l'Afrique en évitant l'aide qui vassalise les Etats, les investissements prédateurs de l'environnement, des ressources minières et sans création d'emplois pour la main-d'œuvre locale. Bref, le Japon veut promouvoir une coopération à visage humain.

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Voilà pour le discours officiel d'un Japon qui veut être un partenaire singulier, c'est-à-dire pas comme les autres, pour un continent objet de toutes les attentions, pour ne pas dire de toutes les convoitises. C'est connu, Chinois et Russes sont à l'offensive pour exercer leur part d'influence politique, arracher des partenariats économiques, offrir des financements aux pays africains, concurrençant Américains et Européens, les partenaires historiques du continent. Le Japon ne veut donc pas être en reste et l'on croise les doigts afin que les actes de ses décideurs publics et privés suivent leur discours officiel. Car, les promesses de coopération gagnant-gagnant pour le développement en Afrique sont légion, tout comme les annonces de pluies de dollars. Hélas, dans les faits, les populations africaines se paupérisent, aujourd'hui plus qu'hier !

Au bilan de la 8e TICAD, cette fâcheuse tendance sera-t-elle inversée avec une coopération nipponne qui aura créé le déclic d'une singularité positive dans sa relation avec l'Afrique ?

En attendant cette révolution, la 8e TICAD est ensuite un succès pour le pays hôte. La Tunisie a mis les petits plats dans les grands pour accueillir un beau monde. Le président Kaïd Saïd, va un tant soit peu oublier ses problèmes domestiques liés à ses réformes au forceps. Il pourra même faire miroiter aux yeux des Tunisiens l'image d'un président fréquentable et cerise sur le gâteau, la promesse nipponne d'injecter 2, 7 milliards de dinars pour financer des projets structurants présentés par l'Etat et des entreprises tunisiennes.

De là à dire que les ambitions de singularité de la coopération japonaise avec l'Afrique commencent avec la Tunisie, il y a un pas.

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