Tunisie: Fethi Hanchi, Directeur général de l'Anme, à La Presse - "Nous ferons notre possible pour que les prix des voitures électriques soient abordables"

28 Août 2022
interview

Lors de l'événement parallèle officiel de la Ticad 8 "La mobilité électrique au service de la transition énergétique", qui s'est tenu hier à la Cité de la culture, il était question de débattre des opportunités, mais également des défis du passage à la mobilité électrique en Afrique et particulièrement en Tunisie.

A cet égard, Fethi Hanchi, directeur général de l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (Anme), explique à La Presse que grâce au fonds de transition énergétique, l'agence compte appuyer les acteurs privés pour accélérer le déploiement des bornes de recharge pour les voitures électriques. Il nous en dit plus.

Quelles sont les difficultés à aplanir pour pouvoir développer la mobilité électrique en Tunisie ?

Tout d'abord, on doit rappeler que le secteur du transport consomme presque à 100% de l'énergie fossile. Donc, il très difficile, aujourd'hui, d'agir sur le secteur du transport pour réduire son empreinte carbone et sa consommation d'énergie à travers l'introduction des énergies renouvelables. La solution est purement technologique, grâce à l'arrivée de la solution miracle qui est la voiture électrique. Actuellement, on doit saisir cette opportunité pour promouvoir la mobilité électrique afin de préparer l'introduction des énergies renouvelables dans le secteur du transport et augmenter la part de cette énergie dans le mix énergétique national. Donc, c'est une opportunité pour la Tunisie puisque cela va aider à réduire la consommation du secteur du transport.

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En revanche, on se demande maintenant quelles sont les contraintes qui peuvent nous rencontrer ? D'abord, il faut signaler qu'il y a deux types de contrainte. La première consiste en l'accès à la voiture électrique. Aujourd'hui, ce type de véhicule a un coût supplémentaire par rapport à la voiture thermique, et cette dernière doit être supprimée. L'Etat a pris en charge une partie de ce surcoût en introduisant, au niveau de la loi de finances 2022, des privilèges fiscaux en faveur de la voiture électrique. Environ 30% du surplus ont été supprimés par la loi des Finances, et bien sûr, il s'agit d'un pas très important pour le développement de la mobilité électrique et l'acquisition de la voiture électrique.

Malgré cette prise en charge par l'Etat, le coût de la voiture électrique demeure relativement élevé, et ce, en raison de son coût de revient qui est beaucoup plus cher pour le fabricant de la voiture thermique. Mais cette situation ne va pas perdurer. Il y a des études, notamment la dernière étude de "bloomberg" qui confirme que les prix vont converger d'ici 2027. On va essayer de gérer un peu la situation d'ici 2027, afin d'avoir un prix abordable.

La seconde contrainte concerne l'exploitation. Personnellement je n'achète pas une voiture qui a un problème d'autonomie, ou un problème de ravitaillement. C'est-à-dire je ne peux pas investir un montant supérieur par rapport à ce que coûte la voiture thermique pour acheter une voiture électrique, avec des contraintes d'exploitation. Il faut que la voiture soit autonome et là technologiquement, il n'y a plus de problèmes aujourd'hui, parce qu'il y a des voitures avec 600 kilomètres d'autonomie.

Mais, je dois avoir aussi un accès au ravitaillement, c'est-à-dire je dois ravitailler mon véhicule au besoin. Et c'est là que nous intervenons en créant un réseau pilote pour permettre au consommateur d'accéder aux bornes de recharge. Le réseau pilote va commencer avec les communes dans les parkings, dans les zones bleues, mais aussi en partenariat avec les grandes surfaces et espaces commerciaux.

Notre objectif est d'installer des bornes dans les ports, aéroports... , dans n'importe quel lieu public avec une gestion publique de l'infrastructure et même dans des hôtels bien spécifiques qui souhaitent investir dans des bornes de recharge. Aujourd'hui, on va essayer d'aider à investir dans ces bornes parce que ce genre d'investissement n'est pas encore rentable. Donc, le fonds de transition énergétique va aider ces opérateurs et ces acteurs à investir. Nous allons, également, essayer de mettre en place un Business Model qui va montrer l'utilité et la rentabilité de cet investissement dans quelques années.

Quand cette phase pilote va-t-elle démarrer?

On a déjà démarré avec les sociétés de distribution. Actuellement, il y a une convention qui a été établie entre la "Sndp" et la Steg, afin de mettre en place un réseau pilote. Nous avons réussi à faire quelques installations. Les opérateurs privés de distribution ont, également, démarré avec quelques installations. Ils ont mis en place un réseau pilote. Des bornes ont été également installées dans des grandes surfaces et des malls (notamment celui de Sousse). Et dans quelques jours, on va signer avec les communes et certains acteurs des partenariats afin de mettre en place un planning clair en termes d'investissement, puisque nous, en tant qu'agence, gestionnaire du FTE, on va contribuer financièrement à ces investissements.

Le constructeur automobile japonais Toyota affirme qu'il est prêt à travailler avec le gouvernement tunisien pour l'aider dans sa transition vers la mobilité électrique. Quels sont les projets de coopération que la Tunisie compte, alors, élaborer avec les constructeurs japonais ?

Notre objectif était de discuter avec nos partenaires japonais et africains, des possibilités de collaboration. Comme vous l'avez vu, il y avait des recommandations de la part des Japonais, concernant la coopération. Il y avait des recommandations, également, de la part des pays subsahariens. Et nous, autres, avons une certaine expertise dans ce domaine. Parmi les recommandations qu'on va essayer de présenter, il y a celles qui concernent les startup.

Je crois que la promotion de certaines startup pour appuyer des activités comme le stockage chimique (les batteries), notamment avec l'apport de la diaspora tunisienne à l'étranger qui peut jouer un rôle dans ce domaine-là, peut faciliter le développement de la mobilité électrique. Il y a aussi la possibilité d'utiliser le petit véhicule "Bako Motors" comme outil d'électrification. Donc, il y a des recommandations qu'on va essayer de formuler dans des fiches projets et les présenter officiellement à nos amis japonais afin de pouvoir les mettre en place.

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