Madagascar: Moyens de paiement - Les solutions modernes progressent

Par carte, par téléphone mobile, par chèque ou encore par traitement en ligne, les Malgaches peuvent aujourd'hui utiliser divers moyens de paiement. Mais si les nouvelles alternatives apportées par les nouvelles technologies gagnent du terrain, les billets de banque semblent faire de la résistance.

Selon les dernières estimations, les Malgaches détiendraient encore plus de 2 500 milliards d'ariary en billets de banque. Ainsi, dans un contexte de montée en puissance de la Fintech, il semble qu'une certaine frange de la population ne soit encore disposée à renoncer aux espèces sonnantes et trébuchantes... Que ce soit pour acheter une tige de cigarette, un scooter, un troupeau de bœufs, un ordinateur ou une maison, les billets de banque sont toujours échangés un peu partout.

S'il est prévu que dans le 5 prochaines années, les espèces continueront de circuler en nombre dans tout le pays, il s'avère que les nouveaux moyens de paiement finiront par prendre le dessus. No tons qu' à Madagascar, on recense plus de 600 000 établissements commerciaux si l'on inclut les petits étals de marché disposant de patente. Plus de 70% des recettes encaissées par ces commerces sont toujours payés en espèces, mais la tendance devrait s'inverser à moyen ou long terme.

On sait en outre que les enquêtes auprès des ménages et des entreprises ne sont arrivées à localiser que moins de 20% des billets en circulation sur l'île. Personne ne sait vraiment où le reste se trouve. À savoir, par exemple, que pour le dollar et l'euro, plus de 50% se trouvent en dehors de leur zone d'émission. Quant aux billets libellés en ariary qui ne sont pas convertibles, les économistes estiment que la majeure partie de cet argent circule dans l'" économie souterraine ".

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Faible inclusion financière

L'expression fait tout de suite penser aux délinquants financiers, mais l'économie dite souterraine est surtout constituée par ce que nous appelons l'économie informelle. C'est-à-dire les très petites entreprises et leurs clients qui se soustraient à différentes formes d'imposition.

À savoir, par ailleurs, que la demande d'espèces émanant du public n'ayant qu'une importance secondaire au plan macroéconomique, les autorités monétaires préfèrent accommoder, du moins pour l'instant, les fluctuations de cette demande. Mais si la demande d'espèces en dehors des banques n'influe pas lourdement sur la conduite de la politique financière et monétaire du pays, elle tient cependant une certaine importance dans le bilan de la Banque centrale.

Si, un jour, la demande d'espèces venait à s'évaporer tout d'un coup dans le pays, la Banque centrale devrait en effet se départir de plusieurs centaines de milliards d'ariary d'actifs (essentiellement en bons publics) pour absorber les billets et les pièces non désirés. Autrement dit, la chute soudaine de l a demande d'espèces forcerait les autorités publiques à remplacer la dette sans intérêts (billets et pièces) par une dette porteuse d'intérêts.

D'après la Banque mondiale, la faiblesse du taux d'inclusion financière dans le pays explique le fait qu'en dépit de la progression des nouveaux moyens de paiement, les billets de banque ne vont pas disparaitre de sitôt. Et la Banque de poursuivre que s'il existe actuellement dans la Grande île une trentaine d'institutions financières (banques, institutions de microfinance, établissements de monnaie électronique... ), l'inclusion financière ne progresse pas assez.

À remarquer que les services d'argent mobile ont connu un essor significatif ces 5 dernières années, passant de 277 à près de 700 comptes pour 1 000 adultes, et la valeur des transactions en part du PIB est passé de 12 à 47 % au cours de la même période. Toutefois, seuls 18 % des Malgaches adultes ont accès à des services financiers formels, et ce avec des écarts notables entre les hommes et les femmes ainsi qu'entre zones urbaines et rurales.

L'institution de Bretton Woods estime ainsi que le pays est appelé à accélérer dans la vulgarisation des nouvelles solutions de paiement et l'éducation financière de la population. " Les Fintech et la numérisation des services financiers ont la capacité de réduire les coûts, de remédier aux problèmes d'asymétrie de l'information et d'accroître l'accessibilité aux nouveaux moyens de paiement", a-t-elle aussi souligné avant de noter que cela a été démontré à l'échelle mondiale, y compris en Afrique, car l'argent mobile et le crédit numérique " profitent largement aux pauvres ".

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