Sénégal: [Reportage] Marché de change informel - Le dollar a la cote chez les cambistes dakarois

Dollar
30 Août 2022

Les acteurs impliqués dans le système informel de change suivent de près la fluctuation des devises. Alors que le dollar a gagné en valeur face à l'euro depuis quelques mois, ce marché local n'a pas connu pour autant des bouleversements, les variations de l'euro, auquel le FCfa est arrimé par une parité fixe, affectant surtout le cadre macro-économique. Des monnayeurs rencontrés minorent à leur niveau le risque de change et confirment l'attraction du dollar.

Chez les cambistes dakarois, la chute continue de l'euro face au dollar n'a pas un impact significatif sur le volume de leurs affaires. Seul changement, le billet vert est plus demandé dans les points d'échanges que l'euro. Dans les rues de Thiong et Sandiniéry, dans le fief des monnayeurs au Plateau, comme dans les points de change officiels (aéroport, hôtels), rien n'indique un bouleversement des habitudes. Les cambistes informels proposent des taux plus attractifs que les banques.

Le cours officiel de la Bceao affichait 655 FCfa pour un euro (vente et achat), alors que le dollar était acheté à 656 FCfa et cédé à 663 FCfa. Au " Currency change " sur l'avenue Cheikh Anta Diop, le taux appliqué diffère en raison de la marge bénéficiaire des opérateurs : 645 FCfa pour un euro (achat) et 670 FCfa (vente) ; 630 FCfa pour un dollar (achat) et 670 FCfa pour un dollar (vente). " Nous ne sommes que de simples vendeurs, avec aucune possibilité d'influence ", explique D. Guèye, cambiste ayant pignon sur rue au Plateau. " On ne fait que suivre la réalité du marché ", ajoute-t-il, comme pour dire leur éloignement des sphères de décision. Pour lui, la situation née de l'effondrement de l'euro face au dollar est " un épiphénomène ".

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Par contre, il souligne que les restrictions nées de la pandémie au coronavirus ont eu un impact négatif sur le secteur car " le volume des transactions est aussi lié aux voyages ". La guerre en Ukraine ? " On sait juste qu'elle est la cause de la chute de l'euro ! " Son collègue A. Hanne confirme : " on ne fait que suivre le rythme des cours à l'international ", dit-il, bien en sécurité derrière son petit bureau dans l'annexe d'un magasin à Baobab. À l'en croire, le dollar a la cote et il en prend pour preuve qu'actuellement, sur le marché dakarois, " il est aisé de trouver en quelques minutes 100 mille euros et moi-même je peux vous les fournir ; par contre, il sera plus difficile de trouver 100 mille dollars ".

La concurrence des " correspondants "

Effet connu des variations des taux de change. Seulement, il souligne le profil de leurs clients pour caractériser les commerçants plus portés sur le dollar que l'euro. " Ce sont les commerçants qui font de grosses opérations. Or, ils vont principalement vers la Chine, la Turquie et Dubaï et demandent des dollars ", au contraire " des voyageurs vers l'Europe qui y vont généralement pour de courts séjours et donc qui ont juste besoin d'argent de poche ", soutient-il.

Si la perturbation des taux à l'international n'entraîne aucune perte à leur niveau, ils déplorent une nouvelle tendance qui ne fait pas leurs affaires. Maintenant, le système de " correspondants " leur fait une rude concurrence. L'un d'eux détaille : " un commerçant qui va en Chine dépose un montant en Cfa ici auprès d'un correspondant à Dakar. Arrivé à Guangzhou, l'équivalent lui est versé en yuans par le représentant sur place ". C'est surtout au plan macro-économique (voir par ailleurs) que la nouvelle situation monétaire internationale a des effets. Les pays de la zone Cfa paient plus cher leurs importations et leur dette libellées en dollar, alors que leurs exportations croissent en valeur.

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