Sénégal: Législature, Présidentielle 2024 - "Yewwi-Wallu", à l'épreuve des ambitions divergentes !

Assemblée nationale du Sénégal
30 Août 2022

L'inter-coalition " Yewwi-Wallu " qui a réussi à engranger 80 députés veut réussir son unité à l'Assemblée nationale et en direction de l'élection présidentielle de 2024. Cependant, avec des ambitions qui peuvent être différentes, voire divergentes, ce sera difficile pour les coalitions membres de préserver l'unité au sein de cette inter-coalition, d'après des spécialistes.

La trouvaille de l'opposition consistant à se retrouver dans une inter-coalition " Yewwi Askan Wi-Wallu Sénégal " a bien fonctionné lors des élections législatives du 31 juillet dernier. Elle a permis aux principaux partis de l'opposition sénégalaise d'avoir 80 députés et de n'être devancés que de deux sièges par la coalition présidentielle " Benno Bokk Yaakaar " (Bby). Même si le responsable de la coalition " Bokk Gis Gis ", Pape Diop, a promis de rejoindre la majorité présidentielle, l'inter-coalition " Yaw-Wallu " a un grand coup à jouer à l'Assemblée nationale si elle parvient à préserver son unité. Cela constituera le futur combat de ladite inter-coalition parce que les ambitions distinctes des uns et des autres membres risquent de créer des dissensions internes. Déjà, le leader du Pastef, Ousmane Sonko, un des membres les plus influents de l'inter-coalition, a déclaré, la semaine dernière, sa candidature pour l'élection présidentielle de 2024.

Son allié, le Parti démocratique sénégalais (Pds), a aussi annoncé la candidature de Karim Wade au scrutin présidentiel. Malick Gakou, responsable du Grand parti et membre de " Yewwi Askan Wi ", a fait savoir qu'il est aussi partant pour la présidentielle de 2024. D'autres coalitions comme " Taxawu Sénégal " de Khalifa Sall pourraient également mettre en lice leurs candidats. Ces intérêts divergents de ses membres risquent de fragiliser l'inter-coalition " Yaw-Wallu ", d'ici à la présidentielle, alors qu'elle veut réaliser un programme parlementaire commun avec des réformes à l'Assemblée nationale, comme annoncé par ses leaders. La répartition des postes de responsabilité à l'Hémicycle (vice-présidence, commission... ) sera un autre testeur de cette unité.

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Vers le choc des ambitions ?

Mouhamadou Marc Moustapha Ndiaye, expert-Mba diplômé de Sciences-Pô Paris et chargé d'Enseignement à l'Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, interpellé par " Le Soleil " parle, dans son analyse, " d'un mythe d'une candidature unique de l'inter-coalition " Yewwi-Wallu " et de revendications de leadership ". Pour lui, la préservation de l'unité de l'inter-coalition " Yewwi-Wallu " et les déclarations de candidatures pour l'élection présidentielle 2024 montrent qu'il y aura des chocs d'ambitions et d'égos. Le spécialiste en sciences politiques estime que si l'inter-coalition ou même la coalition " Yewwi " veut avoir une candidature unique, l'idéal serait d'organiser des primaires en son sein et de soutenir le candidat qui a les meilleures chances de remporter les élections présidentielles. " Mais, pour cela, pour être crédible devant les électeurs, au-delà de la candidature unique, il faut un programme de Gouvernement et un projet de société à offrir aux Sénégalais ", dit M. Ndiaye.

Quant à Serigne Thiam, enseignant-chercheur en Sciences politiques à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), il a expliqué que c'est dans l'ordre normal des choses que tout parti politique soit investi du pouvoir de conquérir les suffrages des Sénégalais conformément à l'article 4 de la Constitution sénégalaise. À son avis, " cela n'entache en rien l'unité de l'inter-coalition qui a une mission législative différente de la mission présidentielle ". " Pour asseoir sa politique parlementaire et peser lourd, l'inter-coalition a intérêt à préserver son unité afin d'orienter plus ou moins les politiques ", insiste M. Thiam.

Une charte qui n'engage pas " Wallu "

L'enseignant-chercheur rappelle que " Yewwi Askan Wi " a bien précisé, dans sa charte, qu'après les législatives, chaque parti pourrait aller de son côté et déposer sa candidature pour les élections présidentielles de 2024 et que celui qui ira au deuxième tour aura le soutien de tous les autres, sans condition. Mais, détail important, ce gentleman agreement " n'engage cependant pas la coalition " Wallu " qui n'est pas artisane ou participant de la charte de "Yewwi Askan Wi" ", rappelle-t-il.

Au fur et à mesure qu'on s'approche des élections présidentielles, estime Mouhamadou Marc Moustapha Ndiaye, ce ne sera pas aisé de conserver l'unité au sein de l'inter-coalition. Les choses peuvent changer entre temps. " Et il faut l'attendre du camp de l'opposition comme du pouvoir, car les calculs politiques et les positionnements vont se faire pour se donner un avenir politique reluisant. Alors, le Parlement risque d'être l'arène de combats pour les préliminaires de l'élection présidentielle ", analyse-t-il. M. Ndiaye renchérit que des défections, de la trahison et des transhumances pourraient être monnaie courante dans les différentes coalitions.

En outre, il constate qu'il y a des candidatures qui n'ont aucune chance de prospérer, mais qui se positionnent pour l'après-élection dans la distribution des postes et des prébendes. " Il y a des candidatures dont on sait qu'elles n'ont aucune chance de dépasser la barre des 2 %, mais peuvent aider à clarifier le débat et éclairer le choix des électeurs ", souligne l'universitaire. Tout cela fera que plus on s'approchera de la présidentielle de 2024, plus il sera difficile de préserver la discipline et l'unité dans les coalitions, notamment de l'inter-coalition " Yewwi-Wallu ".

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