Ile Maurice: Naufrage du Sir Gaëtan | La veuve du capitaine Bheenick - " Où est le rapport de la cour d'investigation ? "

1 Septembre 2022

Hier soir restera une nuit mémorable devant le Parlement. Alain Malherbe a organisé une candlelight en hommage aux quatre victimes du remorqueur Sir Gaëtan.

L'heure était au souvenir avec des membres de l'opposition, dont Aurore Perraud, Adrien Duval, Thierry Henry, Fabrice David, Bruneau Laurette... Tous ont exprimé leur ressenti sur ce triste événement et se sont posé de nombreuses questions sur le rapport de la cour d'investigation qui n'a toujours pas été rendu public. Événement marquant : la présence de la famille du capitaine Bheenick, la veuve, Maryam, son fils, Irfaan, 22 ans, et sa fille, Limah, 14 ans. Irfaan Bheenick, qui étudiait en Afrique du Sud à l'époque, a dû revenir soutenir sa famille. "Ti dir pou pey bann fami viktim mé nanié pann gagné. Ti donn nou enn dokiman ti dir si nou aksepté sa kas-la nou bizin pa pourswiv zot. Sé enn blackmail. Gouvernman ek MPA pann fer nanié. Sé enn bann kouyon." Pour sa part, Maryam Bheenick garde toujours espoir que justice sera rendue sur la disparition de son mari. "Arrêtez de garder les dossiers secrets dans les tiroirs. C'est priver la justice à une famille en peine." Les membres de l'opposition ont promis de faire pression au Parlement pour que le rapport soit rendu public. Vers 19 heures, la petite foule s'est dispersée.

Toujours pas de compensation : la MPA se défend

31 août 2020-31 août 2022. Deux ans depuis que le remorqueur Sir Gaëtan a coulé au large de Poudred'Or, en revenant d'une mission à Pointe-d'Esny, sur le site du naufrage du MV Wakashio. Le remorqueur, avec huit marins à bord, avait été envoyé avec une barge, L'Ami Constant, pour ramener des déchets de la catastrophe écologique. Or, dans la nuit du 31 août au 1er septembre, L'Ami Constant a percuté le remorqueur qui a coulé. Lindsay Plassan, Sujit Seewoo,Jimmy Addison et le capitaine Moswadeck Bheenick étaient portés disparus. Les dépouilles des trois marins sont retrouvées, mais pas celle du capitaine Bheenick dont la famille a dû faire une demande de déclaration de décès qui a été accordée.

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À l'époque, le chairman de la Mauritius Ports Authority (MPA), Ramalingum Maistry, avait promis l'équivalent de six années de salaire comme compensation aux épouses et proches des disparus sans conditions. Jusqu'ici, une seule famille, celle de Jimmy Adison, a accepté la compensation et a signé une full and final discharge (engagement de non-poursuite).

Dans un communiqué émis hier, pour évoquer les deux ans de ce drame, la MPA indique qu'elle n'a pu convaincre qu'une seule famille d'accepter la compensation, et que les autres familles n'auraient pas collaboré, ou encore que les communications ont été vaines. Selon nos informations, l'épouse de Lindsay Plassan a émigré en Australie. La MPA lui aurait demandé de faire une procuration pour qu'un avoué la représente et accepte l'offre.

Le communiqué mentionne également les deux autres familles, même si les noms ne sont pas cités. Nous avons appris que les proches de Sujit Seewoo et du capitaine Moswadeck Bheenick, représenté par son épouse, contestent la renonciation d'engager des poursuites à l'avenir contre la MPA.

Les proches et les syndicats ont voulu faire entendre raison à la direction et au board de la MPA pour enlever cette clause contraignante qui empêche ces familles d'intenter une action en justice contre l'autorité régulatrice, et de toucher la compensation représentant six années de salaires. Les familles ont notifié la MPA de leur intention de la poursuivre en justice pour négligence et pour de nombreux manquements. D'ailleurs, le rapport de la Court of Investigation aurait pu être utilisé pour intenter un procès à la MPA.

La MPA précise que le fonds de pension de la SICOM comprend depuis octobre 2020 et depuis janvier 2021, la Death Gratuity, la Spouse lifetime pension, la Family Protection Scheme et la pension pour les enfants en dessous de 18 ans. Une chose est sûre, si l'affaire va en justice, les familles qui ont eu l'occasion pendant deux ans d'intenter un procès se verront confrontées à une contestation, le délai mis pour poursuivre en réclamation. Mais les proches montreront que les familles auraient été pénalisées si elles avaient accepté la compensation.

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