Un report inattendu. Annoncé à grand renfort de publicité, le bureau politique du PDCI élargi au Comité des sages, initialement prévu le 15 septembre prochain à Daoukro, a été reporté au 29 du même mois, comme l'indique un communiqué signé d'Henri Konan Bédié, président de cette formation politique, en date du mardi 30 août.
La rentrée des classes 2022-2023 serait, officiellement, la cause de ce report. Qui, en réalité, surprend plus d'un et suscite des interrogations. D'autant plus que la date de la rentrée scolaire a été fixée depuis plusieurs mois. La date était connue des Ivoiriens et donc des responsables du PDCI. C'est en connaissance de cause que la date du 15 septembre a été retenue pour l'organisation de ce bureau politique très attendu. Il faut donc voir les raisons de ce report ailleurs.
Il ressort de nos investigations que ce report est plutôt lié aux problèmes qui minent actuellement le parti d'Henri Konan Bédié. Et trouvent leurs sources dans la guerre de positionnement autour du président du parti et la guéguerre que se livrent les cadres eux-mêmes.
Ces derniers, il faut le dire, sont inquiets, selon des informations de sources bien introduites. Car pour eux, leur formation politique navigue à vue, sans vision réelle. Ils ne comprennent pas, entre autres, pourquoi leur parti n'a pas parti participé à la présidentielle de 2020 et surtout l'alliance en cours avec le Parti des peuples africains Côte d'Ivoire (PPA-CI), une formation politique de gauche qui a surtout été un pourfendeur de Félix Houphouët-Boigny, la référence du PDCI. Ils refusent donc cette alliance avec le " diable " et se préparaient à donner de la voix à ce bureau politique.
À ces difficultés, s'ajoutent la grogne au niveau de la base et les cadres qui se déchirent entre eux. Les cas les plus flagrants sont ceux de Cocody et de Yopougon. Dans la plus grande commune du pays, deux camps rivaux s'affrontent sur la désignation du candidat de cette formation politique aux élections municipales de 2023. Des secrétaires généraux de section du vieux parti, proches du député Yohou Dia Houphouët Augustin, au cours d'une conférence de presse, ont apporté la réplique à leurs pairs qui dénoncent l'attitude de l'élu.
En effet, dans son adresse, le conférencier Michel Doua, membre du bureau politique, permanent de la délégation de Yopougon Toits-rouges, par ailleurs secrétaire général section résidentielle Doukouré (délégation Toits-rouges), a pris le contre-pied de Blesson Christophe, membre du bureau politique et secrétaire général de la section à Yopougon Niangon.
Ainsi, contrairement aux accusations portées par le secrétaire général de section de Niangon contre le député le désignant comme la plaie qui ronge le parti doyen à Yopougon, Doua Michel a estimé que le député PDCI de Yopougon incarne plutôt la renaissance du parti présidé par Henri Konan Bédié. On le voit, une crise profonde secoue le PDCI à Yopougon. Les délégués et les secrétaires généraux de section se regardent en chien de faïence.
Les ambitions relatives aux élections municipales à venir sont à la base de cette guerre fratricide. La famille du PDCI à Yopougon est en lambeaux. A Cocody, Yasmina Ouégnin, députée PDCI de cette commune, Doulaye Coulibaly et Dr Jean-Serge Koffi, respectivement 1er et 2e adjoints au maire, ont aussi demandé le parrainage de leur parti politique, pour les élections municipales. On le voit, le parti d'Henri Konan Bédié est à la croisée des chemins. Les cadres et les militants sont dans le désarroi. Pour eux, le capitaine du bateau n'inspire plus confiance. Autant d'obstacles que Bédié veut lever avant d'aller en toute sérénité au bureau politique.