Cote d'Ivoire: Diaby Issiaka (président CVCI) - " Nous avons déposé une plainte contre deux sociétés "

4 Septembre 2022
interview

Le combat de David contre Goliath ? Depuis deux ans maintenant, il alerte sur la présence sur le marché de faux fers à béton. Vrai ou faux ?

En tout cas Diaby Issiaka, plus connu sous la casquette de président du Collectif des Victimes d'atteinte aux droits de l'Homme en Côte d'Ivoire (CVCI), soutient détenir des preuves de son assertion. Nous l'avons interrogé.

Vous dénoncez, depuis plus de deux ans, la vente sur nos marchés de faux fers à béton. Sur quelles preuves fondez-vous vos certitudes ?

J'ai d'abord été alerté par des anonymes, puis j'ai mené des investigations en rencontrant des professionnels du fer à béton et du bâtiment ainsi que plusieurs personnes en relation avec ce secteur. J'ai ainsi réuni pas mal d'informations. J'ai par exemple découvert qu'il y a deux, voire trois qualités de fer à béton. La très mauvaise qualité, la qualité intermédiaire et la bonne qualité.

Quand nous nous sommes rendus compte, mon équipe et moi, qu'il y avait certaines supercheries dans l'utilisation de ce matériau, nous avons saisi le Premier ministre. Ce dernier a ensuite instruit le ministre de l'Industrie à l'effet de mener des investigations. Celles-ci ont révélé, après des prélèvements faits dans 12 entreprises, que six parmi elles fabriquaient du faux fer à béton. Nous avons donc demandé des sanctions administratives. Mieux, que ces usines soient fermées.

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Mais pourquoi n'y a-t-il pas eu de communication sur un fait aussi grave ?

C'est ça le paradoxe. Ce phénomène a fait son apparition en 2013. De 2013 à 2019 jusqu'à ce que le CVCI entre en action, les fonctionnaires chargés du contrôle et de la lutte contre la fraude ne peuvent pas dire qu'ils n'ont pas vu ce problème. Puisque dans les cahiers de charges de ces sociétés, il est dit que les fonctionnaires effectuent des contrôles dans ces usines.

C'est pourtant ce même fer à béton qui est utilisé sur les gros chantiers de l'Etat...

À ce niveau, je parlerai de vente ciblée du fer à béton. Lorsque les sociétés en charge des travaux sont arrivées, elles ont fait beaucoup d'échantillonnage de fer à béton un peu partout. Elles avaient perdu espoir de trouver de la bonne qualité. Mais elles ont trouvé une ou deux sociétés qui sortaient du lot. Elles leur ont dit : " nous allons faire venir du fer de l'Europe.

Si vous voulez qu'on travaille ensemble, voici nos conditions ". Donc ils (les fabricants de fer à béton) ont épousé leurs conditions pour que le cahier de charges soit respecté. Voici comment ces sociétés se sont améliorées. Elles ont adapté leurs produits aux exigences de ces sociétés de construction des grands chantiers. C'est pourquoi je parle de vente ciblée.

L'affaire est devant les tribunaux. Quel point pouvez-vous faire ?

Aujourd'hui, cela fait neuf mois que l'affaire est en justice. Nous avons déposé plainte contre deux sociétés. On a demandé que toutes les sociétés fassent l'objet de vérification. On a demandé au ministère de l'Industrie qui a fait les prélèvements de coopérer avec la justice. Parce qu'elle a des éléments de preuve. Nous avions bien démarré la coopération.

Mais aujourd'hui, le ministère nous a fermé les portes. Il refuse de coopérer avec le CVCI depuis qu'ils ont eu les éléments de preuve. Ils ont parlé de sanction administrative et pécuniaire. Mais je ne suis pas d'accord. Le plus important pour nous c'était de fermer ces usines. Nous, notre objectif, c'est d'agir pour ne plus qu'on parle de faux fer à béton.

Grâce à Dieu, on a des expertises de fer à béton que nous avons payées. Après nos investigations on s'est rendu compte que ce sont les fers à béton qui ne portaient pas d'initiales du fabriquant, qui étaient faux. Nous attirons l'attention des populations pour leur dire d'acheter du fer à béton portant l'initiale du fabriquant. Comme ça en cas de problème, on sait qui a fabriqué ce fer.

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