Sénégal: Adaptation et urgence climatique - Macky Sall répond aux questions du journal " Le Soleil "

6 Septembre 2022

" Au Sénégal, les phénomènes météorologiques extrêmes liés à l'eau nous coûtent déjà plus de 10 % du PIB tous les ans, menaçant notre croissance et notre statut de puissance économique régionale ", selon Macky Sall. Le Président sénégalais interpellé par " Le Soleil " de Dakar, sur la nécessité d'adopter de nouvelles législations pour faire de l'adaptation face aux changements climatiques une réalité, et à tous les niveaux, ainsi que sur les responsabilités des occidentaux sur le réchauffement climatique, donne des pistes de réflexions.

ROTTERDAM- (Pays Bas) - (Envoyé spécial) - Au cours des dix dernières années, le changement climatique a infligé un lourd tribut au Sénégal. Les inondations côtières de 2017 ont fait des victimes et on estime qu'elles ont coûté plus de 230 millions de dollars américains à notre économie nationale. " À Dakar, les inondations de 2009 ont touché environ 380 000 personnes et entraîné des pertes supérieures à 80 millions de dollars américains ", précise, avec le regret, le Président Macky Sall. Ce dernier a répondu, lors d'une conférence de presse bilingue, aux questions de notre envoyé spécial à Rotterdam.

L'adaptation au changement climatique désigne les stratégies, initiatives et mesures visant à réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains contre les effets (présents et attendus) du réchauffement climatique. Le mot adaptation évoque une aptitude à s'ajuster, et donc une vision dynamique voire évolutive du fonctionnement des sociétés. L'adaptation est à la fois individuelle (modifications de comportements) et collective (impliquant tant les collectivités que les entreprises, associations, etc.). Dans plusieurs pays, dont en France, la législation prévoit d'intégrer l'adaptation dans les processus d'aménagement du territoire et de pilotage du développement durable. Qu'en est-il au Sénégal ?

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" En préparation du sommet de Paris, nous avons élaboré dans notre pays comme dans la plupart des pays des stratégies pour la contribution de nos États sur la réduction des émissions de CO2 et la lutte contre le réchauffement climatique. Dans cette contribution nationale nous avons déjà défini tout ce qu'il faut faire et tout ce qu'il ne faut pas faire. Il y a déjà des législations en cours pour tout ce qui concerne la préservation de l'environnement et tout ce qu'il faut pour que l'adaptation soit aussi une réalité. Certainement, d'autres législations vont encore intervenir en fonction de l'évolution de la lutte que nous mènerons et en fonction des moyens qui seront mis en œuvre. Par exemple, si nous prenons l'achat de carbone, en fonction de ce qui se fera, il sera nécessaire d'encadrer par des lois et des règlements le cadre pour l'achat de ce carbone. Donc la législation accompagne l'action et donc à ce niveau il n'y a pas d'inquiétude à se faire ".

La question du financement de l'adaptation reste une préoccupation majeure. Les pays développés, principaux pollueurs ne respectent toujours pas leur engagement. Pendant ce temps, l'Afrique qui ne produit à peine 3% de gaz à effet de serre subit de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique. C'est le cas aujourd'hui au Sénégal avec les inondations et l'érosion côtière. Que faire ?

" En ce qui concerne l'émission des pays industrialisés, il ne s'agit pas de faire de procès. Nous sommes des partenaires et nous disons simplement les choses telles qu'elles sont : il y a quand même des responsables de ce réchauffement et ce sont eux qui ont développé des schémas d'industrialisation qui sont responsables du réchauffement. Il faut qu'ils fassent de l'atténuation à leur niveau, mais aussi qu'ils accompagnent l'adaptation des pays qui doivent éviter de prendre les mêmes chemins. Donc c'est un partenariat qui est là et il faut parfois entre partenaires, se dire des vérités, pas dans l'esprit de créer des tensions inutiles, mais lorsqu'il s'agit de dire ce qu'il faut faire on le fait sans aucune difficulté. L'Afrique a déjà pris le chemin de la vertu en matière climatique. Nous nous sommes battus malgré les difficultés à rester dans le mix énergétique. Un pays comme le Sénégal a 31 % de son électricité qui vient du renouvelable. C'est énorme, alors même que nous n'avons pas encore maîtrisé le stockage par les batteries. Le jour où le stockage sera à portée de mains, le soleil africain sera, à ce moment, suffisant pour nous donner une énergie permanente et à très bas coût. Pour le moment nous n'en sommes pas là, c'est pourquoi nous disons qu'il faut qu'on finance l'adaptation, l'agriculture durable, la lutte contre les inondations et tout ce qui peut participer à la protection côtière et à la restauration des écosystèmes. C'est donc, un combat permanent et j'espère que nous repartirons de Rotterdam un peu plus rassurés car depuis plusieurs années nous sommes habitués à de grandes déclarations non suivies d'effets malheureusement ".

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