Kenya: Une maturité politique

President élu William Ruto.
6 Septembre 2022
analyse

De nombreux Kenyans et observateurs de l'évolution de la scène sociopolitique kenyane étaient plongés dans des incertitudes liées à l'élection présidentielle du 9 août 2022. La raison est que la Cour suprême du Kenya devrait confirmer ou non la victoire de William Ruto contre laquelle le perdant, Raïla Ondinga, avait introduit un recours. Les résultats provisoires avaient donné 50, 49% des voix pour M. Ruto, contre 48, 85% pour l'éternel perdant, Odinga.

L'on se rappelle, en effet, qu'après ces résultats qui hissaient William Ruto à la tête de la magistrature suprême du pays, des échauffourées avaient eu lieu dans la capitale et même à l'intérieur du pays. Dans la foulée de sa cinquième défaite à des élections présidentielles, Raïla Ondinga avait rejeté, urbi orbi, la victoire de son adversaire invoquant des irrégularités qui, selon lui et son camp, auraient émaillé le processus électoral. Après plusieurs jours d'audience, les juges de la Cour suprême du Kenya, sans équivoque ont décidé, le lundi 5 septembre 2022, de confirmer la victoire de William Ruto ouvrant ainsi la voie à la succession du président sortant, Uhuru Kenyatta.

L'ensemble des arguments avancés dans le recours n'ayant pas suffi à convaincre les sages de cette haute juridiction, au motif que les irrégularités dénoncées n'étaient pas d'une ampleur suffisante pour affecter le résultat final. L'annonce de cette confirmation de la victoire de William Ruto n'a pas été suivie de troubles alors que des politologues, prétendus avisés, s'attendaient à une levée de boucliers inéluctable. Même si Raila Ondinga a affirmé, par le biais de certains médias, désapprouver avec " véhémence " la décision de la Cour, le candidat malheureux a fait tout de même savoir qu'il respectait son opinion, ajoutant qu'il avait toujours eu à cœur l'état de droit et la Constitution.

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Cette réaction a été accueillie avec soulagement par de nombreux kenyans qui, en réalité, sonne comme l'épilogue de plusieurs jours d'incertitudes dans un pays déjà en crise économique et où les événements de 2007, ayant fait plus de 1500 morts, hantent encore les esprits. Autant dire que les acteurs sociopolitiques kenyans, toutes tendances confondues, auront déjoué les pronostics macabres de certains esprits, en raison de ce qu'ont vécu de nombreux pays d'Afrique après des échéances électorales.

Ceci dit, il appartient désormais à Raila Ondiga, lui-même, de travailler à convaincre ses inconditionnels milliers de militants, qui trépignaient d'impatience, à la retenue. Cela, afin de privilégier l'intérêt général et relancer le pays sur les sentiers de son essor socio-économique. Toutefois, il reste à espérer qu'il y parvienne le plutôt possible, ce d'autant plus qu'il est considéré quelque peu comme otage de son électorat.

Qu'à cela ne tienne, l'attitude de Raila Ondinga est à saluer à sa juste valeur, au regard de la maturité politique dont il a fait preuve qui, du reste, doit être implémentée dans certains pays d'Afrique. Car, disons-le, sa posture aura permis à ce pays historiquement marqué par des tensions tribales d'éviter de sombrer, une fois de plus, dans une nouvelle crise postélectorale. Et, c'est cette maturité politique, celle d'accepter la voix des urnes et de respecter les institutions de la république que certains acteurs politiques sur le continent doivent faire prévaloir pendant les processus électoraux.

Eux qui, bien souvent, sont à l'origine de nombreux conflits meurtriers du fait de leur boulimie sordide et insatiable du pouvoir. Les exemples sont légion et il faut travailler, autant que faire se peut, à un changement profond des mentalités si tant est que l'on veuille construire une démocratie qui puisse être au service du développement des Etats.

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