Une vingtaine de victimes à Ikongo abattus par des gendarmes pour avoir tenté de se faire justice sur des bourreaux d'enfants albinos, un colonel de la gendarmerie qui fait parler de lui dans la région Melaky, un élève officier de l'Académie militaire d'Antsirabe qui a tabassé à mort un civil. Ces derniers jours, les forces de l'ordre ont fait parler d'elles. Une dérive qui commence avec les évènements de 2009 et qui s'aggrave d'une année à l'autre. Autant la population a de moins en moins confiance en une justice submergée par la corruption, autant les forces armées abusent de leur puissance pour gouverner sans l'intelligence de la baïonnette.
Considérées comme le dernier rempart de la République, les forces armées se trouvent sur une pente dangereuse et oublient souvent et qu'on aimait ressasser pendant la seconde République que l'armée c'est le peuple, les forces de l'ordre sont des militants en uniforme.
Justement l'entrée de la politique n'a pas fait que du bien. Au contraire, depuis les événements de 1972, l'armée a pris les commandes par la force des choses, par les circonstances de l'histoire. Elle semble y avoir pris goût puisque depuis, tous les gouvernements comportaient des officiers dans sa composition. Il fut même un temps où le gouvernement ressemblait à une junte militaire.
On sait comment les choses se passent en Afrique quand les militaires prennent le pouvoir par un coup d'État. On en est encore à ce stade à une époque où le monde se gouverne par le numérique. Le problème aujourd'hui est de trouver les moyens pour juguler cette propension à user de la force et du pouvoir.
Cela n'a rien de rassurant à un an de l'élection présidentielle où des voix s'élèvent déjà contre la partialité préjugée des institutions. Les violences risquent de redoubler d'ampleur au fur et à mesure que les échéances électorales approchent. Eh oui, l'enjeu électoral est un mobile de crime par excellence. La vérité des urnes dérange ceux qui ont cru qu'elle est la même que celle de l'affluence pendant la campagne électorale. Ce n'est toujours pas forcément la même voix.