Lors d'une conférence au Bénin, des experts ont présenté des approches de solution à l'extrémisme violent. Le dialogue ne serait pas une panacée.
A Cotonou, au Bénin, une rencontre s'est tenue du 6 au 8 septembre sur la lutte contre l'extrémisme violent. Plusieurs aspects concernant les causes de ce phénomène ont été abordés, notamment le financement du terrorisme ou encore le déni de son existence par certains pays côtiers.
Réagir au cas par cas
Même si la question s'étend du Sahel jusqu'au Golfe de Guinée, les situations diffèrent l'une de l'autre et de ce fait, rendent difficile la possibilité de trouver une solution commune.
Le général Célestin Ameyi Guidimey est le président de l'Association pour la paix et la prévention de l'extrémisme violent, qui avait organisé le dialogue de Cotonou. Ci-dessous, un extrait de son interview sur la DW à lire ou à écouter.
Général Célestin Guidimey : Tout dépend du diagnostic effectué et du contexte, de la survenance du fléau, de l'agenda imposé par les groupes extrémistes violents et des situations politico-sécuritaires dans chaque pays. Et les études ont abondamment révélé les causes structurelles du phénomène : mauvaise gouvernance, pauvreté, sous emploi, marginalisation, frustrations diverses, etc.
DW : Pensez vous que la stratégie du dialogue avec les djihadistes comme le Burkina Faso a commencé à la pratiquer, soit applicable à tous les pays qui éprouvent en ce moment l'extrémisme violent ?
Général Célestin Guidimey : Dans les pays où l'extrémisme violent s'est déjà transformé en terrorisme, des revendications claires et précises avec des responsables à visage découvert avec qui on peut négocier, si le contexte politico-sécuritaire le permet, ces pays-là peuvent le faire. Si le Burkina Faso a choisi de négocier avec ces terroristes, c'est parce que là-bas en fait, le terrorisme est endogénéisé avec des groupes locaux et burkinabè.
DW : Comment résoudre la question du déni de l'existence du terrorisme dans certains pays côtiers ?
Général Célestin Guidimey : Dans certains pays côtiers effectivement, il arrive que les gouvernants ne veuillent pas vraiment comprendre l'activité des groupes terroristes et décident de présenter à l'opinion des informations contraires.
Ça dépend de la stratégie adoptée par chaque pays. Il y a certains pays qui avaient nié la chose mais qui continuent à travailler, disons en sous main. Mais aujourd'hui, avec les informations qui sont disséminées çà et là, il y a plus de déni aujourd'hui en ce qui concerne le Togo, le Bénin, le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Nigéria.
DW : Les pays qui sont concernés ont-ils la capacité de contrer les sources du financement du terrorisme, notamment le trafic de drogue ou encore la contrebande ?
Général Célestin Guidimey : Aucun pays aujourd'hui ne peut se lever pour dire qu'il fera face, à lui seul, au tarissement des sources de financement du terrorisme. Et pour lutter contre ça, Il faut la coopération internationale, la coopération sous-régionale.
Si les sources de financement ne sont pas asséchées, les terroristes continueront toujours à faire prospérer leurs activités et chercher à s'étendre.