Afrique de l'Est: Conflit au Tigré - Offre de paix cherche preneur

Est-ce un aveu d'essoufflement ou une réelle volonté d'aller à la paix ? Le gouvernement régional du Tigré a proposé le 11 septembre dernier l'ouverture d'un processus de paix " robuste ", selon ses propres termes, sous la houlette de l'Union africaine.

Le choix de cette date pour une annonce qui pourrait marquer un tournant dans cette guerre fratricide n'est pas fortuit, car elle coïncide avec la nouvelle année du calendrier éthiopien.

C'est un revirement spectaculaire dans la mesure où les rebelles ne voulaient entendre parler ni de l'UA ni de son médiateur, l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, accusé d'avoir partie liée avec Addis- Abeba. Pour mémoire, le conflit a officiellement débuté en début novembre 2020 par une offensive généralisée de l'armée fédérale contre le front de libération des peuples du Tigré (TPLF en anglais), accusé d'avoir lancé en premier les hostilités.

L'horreur ne semble pas avoir de limites dans cette guerre destructrice avec des exécutions sommaires, viols collectifs, pillages et destructions d'infrastructures sociales, dont des hôpitaux. Les chiffres, eux, font froid dans le dos : des milliers de morts, 22 millions de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire, plus de 5 millions dans les régions du Tigré, d'Afar et d'Amhara souffrant de malnutrition, lesquelles régions enregistrent près de 2,6 millions de déplacés. Après cinq mois de trêve humanitaire, les hostilités ont repris le 24 août dernier avec leur lot de malheurs pour ces régions déjà meurtries et à bout de souffle.

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Après avoir refusé par le passé l'offre de médiation de l'organisation continentale, le gouvernement régional a finalement décidé de poser un geste politique fort en tendant la main au gouvernement Abi Ahmed. Joignant l'acte à la parole, les Tigréens ont même nommé deux négociateurs, en l'occurrence Getachew Reda, proche conseiller du président régional, et le général Tsadekan Gebretinsae, son stratège militaire.

En réalité cette nouvelle donne n'est pas ex nihilo, elle intervient en effet après des contacts voir des pressions de la diplomatie américaine notamment de Mike Hammer. Avant d'en savoir davantage sur la position définitive d'Addis-Abeba, on retiendra la réaction du ministre éthiopien pour la paix, Taye Dendea qui tout en qualifiant cette annonce d'évolution positive n'a pas manqué d'insister sur la nécessité de désarmer les rebelles avant les négociations en vue. Il faut espérer que cette main tendue soit saisie par l'autre partie pour une paix durable en faveur d'une population qui n'en peut plus avec une économie qui souffre des effets pervers d'un conflit dont on aurait bien pu se passer pour le bien de ce pays non colonisé d'Afrique.

Le président de la commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, quant à lui, ne s'est privé de saisir cette perche tendue en saluant l'engagement des Tigréens tout en parlant de " développement positif ". Même tonalité du côté de l'UE qui, par la voie de son haut représentant pour les Affaires étrangères, Joseph Borrel, a exhorté les protagonistes à saisir maintenant cette opportunité de sortie de crise. Des points de vue qui valent leur pesant d'or, car c'est seulement autour de la table de négociation que cette guerre prendra fin, pas par la capitulation d'une des parties.

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