Burkina Faso: Terrorisme - Solenzo, nouvelle cité martyre

La Boucle du Mouhoun serait-elle devenue le nouveau centre de gravité de l'insécurité dans notre pays ?

La question mérite d'être posée tant depuis plusieurs semaines, pour ne pas dire depuis quelques mois, l'hydre terroriste y dicte sa loi. Commissariats de police, postes de gendarmerie, préfectures, hauts-commissariats et autres services déconcentrés de l'Etat sont en effet, régulièrement l'objet d'attaques dans cette vaste région considérée comme le grenier du Burkina.

Pour ne citer que ce récent exemple en date dans cette partie du territoire, on se rappelle que c'est Kouka, bourgade située dans la province des Banwa, qui a été la cible de groupes armés terroristes à travers la destruction de symboles de l'Etat comme les postes de police et de gendarmerie, la mairie et la préfecture le 27 août 2022.

Mais c'est la situation de la commune de Solenzo, toujours dans les Banwa et dans la Boucle du Mouhoun, qui retient particulièrement l'attention des Burkinabè, tant les terroristes y règnent en maîtres absolus depuis quelques semaines.

En atteste la récurrence de leurs actions :

- Dans la nuit du 11 au 12 août : attaques simultanées contre la police et la gendarmerie ;

- Le lendemain 13 août : saccage des locaux du service départemental des Eaux et Forêts.

- Dans la nuit du 27 au 28 août : nouvel assaut contre le commissariat de police et les bureaux de l'état civil tandis que les installations de deux sociétés de téléphonie mobile sont détruites ;

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- 4 septembre : incendie de la préfecture et de la résidence du préfet, actes de vandalisme contre les locaux de la direction provinciale de l'éducation préscolaire et non formelle.

Localité désormais assiégée, Solenzo semble désormais à l'abandon avec les incessants mouvements de populations fuyant la terreur et la fermeture progressive des services publics, du moins de ce qui en reste, comme c'est le cas récemment du Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) et la Caisse populaire.

La cité donne aujourd'hui l'image d'une ville fantôme rongée par la vermine terroriste.

Solenzo est donc tombée au grand dam de ses habitants et de tous les Burkinabè qui désespèrent de voir la reconquête tant promise par les autorités actuelles.

Alors que des régions entières comme le Sahel, l'Est et le Nord sont déjà sous coupe réglée, voilà que d'autres, à l'image de cette commune urbaine de 25 000 âmes, pour ne pas dire toute la Boucle du Mouhoun, est à son tour sous emprise totale des combattants djihadistes.

Et ce ne sont pourtant pas les signes précurseurs qui ont manqué.

Bien au contraire.

En ciblant d'abord la police et la gendarmerie, sans doute la pieuvre terroriste a-t-elle d'abord désarmé la localité pour mieux l'enserrer.

Le plus grave est que les populations martyres de Solenzo et des environs semblent être abandonnées à leur triste sort.

En effet, depuis une dizaine de jours que dure le siège de Solenzo, on est toujours dans l'attente d'une riposte pour desserrer un tant soit peu l'étau mortifère.

Certes, on ne s'attend pas à ce que la grande muette communique ses plans de bataille et on n'ose pas imaginer que la grande muette restera les bras croisés, mais reconnaissons que pour les populations affligées et la nation tout entière, cette décade d'enfer commence à être longue. Trop longue. Et il faut espérer que la riposte vigoureuse ne tardera à venir afin d'éviter une sanctuarisation de ceux dont on dit qu'ils ont l'ambition d'instaurer leur premier califat au Burkina Faso.

Tout se passe comme si les groupes armés avaient un agenda de conquête précis qu'ils déroulent progressivement avec méthode dans l'impuissance des Forces de défense et de sécurité (FDS) qui font sans doute ce qu'elles peuvent pour limiter les dégâts mais semblent dépassées par les événements tant l'ennemi a toujours une longueur d'avance.

La Boucle du Mouhoun est pourtant un verrou stratégique qui, s'il venait à sauter, submergerait de nombreuses autres localités comme le Sud-Ouest, les Hauts-Bassins, le Centre-Ouest et même les Cascades plus loin.

Il faut donc espérer que le nouveau maillage sécuritaire du territoire décidé il y a quelques semaines par le chef suprême des armées, Paul-Henri Sandaogo Damiba, et l'acquisition de matériel militaire donneront rapidement des résultats afin de susciter un début d'espoir.

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