Depuis juillet, date du début de la saison des baleines à Madagascar, 12 baleineaux à bosse se sont échoués sur les côtes malgaches. Face à l'émoi suscité auprès des internautes, par ces phénomènes répétés, le ministère de la Pêche et de l'Économie bleue vient d'organiser une consultation réunissant les différents acteurs spécialistes des cétacés. Le but : mettre en place un réseau de remontées d'informations efficace pour que les scientifiques puissent essayer d'analyser correctement les raisons de ces décès. RFI a pu s'entretenir avec l'une des deux cétologues de l'île, consultée par le ministère.
" Ça, c'est la baleine qui a été trouvée le 10 septembre à Majunga et qui est déjà dans un état de putréfaction avancé. " Sur son ordinateur, Anjara Saloma, docteure en biologie et spécialiste des cétacés, fait défiler les photos des deux mammifères marins retrouvés échoués sur les plages malgaches ce dimanche.
D'après elle, ces cas d'échouage n'ont pour l'instant rien d'alarmant. " Des échouages se passent chaque année. Ce sont des phénomènes naturels, il y en a toujours eu à Mada. Mais aussi dans la zone du sud-ouest de l'océan Indien. Ce sont des échouages d'individus isolés, uniquement des baleineaux qui mesurent entre 4 et 7 mètres. "
Les chercheurs ont enregistré un pic particulièrement élevé de naissances cette année près des côtes de l'île. Un événement non négligeable selon la cétologue. " Donc par rapport à cette donnée-là, il peut y avoir des cas de morts nés, des cas d'échouages de jeunes qui sont faibles et qui meurent... Donc on peut dire que s'il y a plus de naissances, on peut naturellement observer plus d'individus échoués. "
La scientifique reconnait néanmoins que plusieurs facteurs anthropiques, comme la surpêche ou les pollutions marines et sonores peuvent désorienter les cétacés et les mener à leur perte. Aussi, à l'avenir, pour pouvoir déterminer avec certitude les causes de ces échouages, il serait primordial d'intervenir sur place au moment de la découverte de l'animal sur la plage.
" Dans l'idéal, au niveau national, c'est la mise en place d'un réseau d'échouage qui consisterait à mettre en place des observateurs et des gens qui pourraient intervenir justement quand il y a des cas d'échouage comme ça. Au moment opportun, afin de pouvoir faire une première identification et remonter les bonnes informations auprès des autorités compétentes et auprès des scientifiques puisque ce sont eux qui vont faire les analyses et les évaluations et les autopsies nécessaires si besoin. Ces sentinelles-là, ça peut être tout le monde, en partant de la municipalité, de la gendarmerie, de la société civile. Un piroguier, un pêcheur qui passe au niveau de la plage. Il suffit juste d'être formé pour avoir les bons réflexes et les bons gestes face à l'animal échoué. "
Cette approche, qui permettrait donc d'améliorer la recherche, vient d'être validée par le ministère des Pêches et de l'Économie bleue.