La Côte d'Ivoire sera bel et bien au rendez-vous du 7e Championnat d'Afrique des Nations (CHAN) en 2023 en Algérie (13 janvier-4 février). Les Eléphants locaux ont validé leur billet, le dimanche 4 septembre 2022, à Agadir au Maroc. Dans la ville balnéaire du sud du Royaume chérifien, les poulains de Souhalio Haïdara ont puisé dans leurs dernières ressources pour offrir au pays d'Alassane Ouattara une cinquième participation à la phase finale de ce tournoi continental. Absents de l'édition précédente au Cameroun en 2020, les Ivoiriens renouent avec une compétition dont ils ont été les précurseurs.

En 2009, la Confédération africaine de football (CAF) était parvenue à trouver une tribune d'expression pour les footballeurs seniors évoluant dans les championnats nationaux. Puisque les sélections A étaient, bien entendu, une constellation de joueurs évoluant hors du continent.

La Côte d'Ivoire dont la Fédération de football était dirigée par l'Ambassadeur Jacques Bernard Daniel Anouma vole au secours de l'équipe d'Issa Hayatou, en quête d'une terre d'accueil pour sa nouvelle compétition. Depuis lors, la Côte d'Ivoire a pris part à quatre des six tournois déjà disputés avec une place de troisième en 2016 au Rwanda.

En dominant le Burkina Faso, dimanche, à Agadir (0-0, Tab 5-3), la Côte d'Ivoire signe son retour dans une compétition dont elle fait partie intégrante de l'histoire.

Haïdara, le maitre d'ouvrage

Nommé le 12 juillet 2022, pendant l'intersaison, à la tête de la sélection nationale A', Souhalio Haïdara est arrivé à sortir un groupe compétitif. Aidé dans sa tâche par les techniciens Diabaté Bassiriki (entraineur adjoint) et Koné Bakary (entraineur des gardiens), l'ancien patron des U23 a mis en place sa méthode. Après avoir convaincu plusieurs joueurs de mettre un trait sur leurs vacances et bénéficié d'autres clubs qui ont accepté de mettre à disposition leurs joueurs bien qu'étant en phase de reprise, il a réussi à façonner un groupe à sa manière.

D'Abidjan à Agadir en passant par Lomé (Togo), Dimbokro et Yamoussoukro, il a joué de patience, de négociation et fait preuve de beaucoup de compréhension , pour faire prendre à son groupe beaucoup plus de confiance. De la trentaine d'athlètes avec laquelle il a travaillé, il est parvenu à lui inculquer un esprit. "Never give up" (Ne jamais abandonner).

Gagneur dans l'âme, le coach, et le grand frère, a fait fondre dans le même moule un groupe hétéroclite pour en faire une famille. Et c'est d'ailleurs cet esprit de famille qui a motivé le capitaine Essis Baudelaire et ses amis depuis les premiers regroupements jusqu'à cette belle nuit du 4 septembre, où après avoir réussi leurs cinq tirs au but contre trois à l'adversaire, les Eléphants ont composté leur ticket pour le CHAN 2023. Et cette qualification ne peut que comporter la marque d'un individu : Souhalio Haïdara, le maitre à penser, le maestro, le maitre d'ouvrage. Qui, malgré les critiques loin d'être constructives, a marqué selon ses principes pour offrir cette qualification à son pays.

Haïdara-Faé, la belle complicité

Leur histoire commune récente ne pouvait présager ce qu'il a été donné de voir lors du séjour marocain. Haïdara et Emerse Faé étaient tous les deux en lice tous pour la place d'adjoint de Jean-Louis Gasset en équipe A, et par ricochet sélectionneur des Espoirs. Un poste ravi par l'ancien milieu de terrain international et ancien entraineur des U19 de Nice. Et c'est finalement en juillet dernier, dans la perspective des qualifications du CHAN 2023, que la sélection nationale A' a été confiée à l'ancien patron des U23.

Au sortir du premier acte de la double confrontation contre le Burkina Faso, le président Yacine Idriss Diallo et son Comité exécutif ont décidé d'une collaboration entre les deux techniciens. Une belle idée surtout que Faé est en même temps en prospection pour les A' dot il est l'adjoint du sélectionneur et aussi pour les U23 qui entrent en lice en octobre prochain. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la collaboration a été des plus belles entre le staff de Souhalio Haïdara et Emerse Faé. Ce dernier, très investi et concerné, a tout de suite été adopté. Adversaires hier pour un poste, ils ont réussi à faire un trait sur le passé pour, ensemble, œuvrer au prestige du pays. Une belle complicité qui pourrait bénéficier à leur sélection respective.

Jusqu'au bout de l'épreuve

Le suspense était total dans cet ultime match qualificatif. Sur la pelouse du Grand Stade d'Agadir, et en faisant économie de la piètre prestation du trio arbitral nigérien conduit par Mohamed Ali Moussa, une prestation à ne point enseigner dans une école d'arbitrage, la Côte d'Ivoire a expérimenté la puissance de Dieu. En présence du président de la FIF Yacine Idriss Diallo, qui devrait se rappeler de son élection le 23 avril 2022, l'équipe a traversé des épreuves. Tout simplement parce qu'il y a des officiels qui ont bien voulu s'ériger en tueurs d'Eléphant.

Mais leur décision était loin de celle de la providence. Et si les Eléphants ont terminé la partie sur un score de parité, c'est parce que, comme on le dit en Côte d'Ivoire, " y a Dieu dedans". Essis Baudelaire, Doua Seniko, Goua Marc, Bamba Drissa, Zouzou Carlos, Coulibaly Souleymane et tous leurs camarades l'ont si bien dit : " C'est Dieu ! " Et Dieu était ivoirien. Sinon le trio arbitral nigérien avait choisi son camp. Celui d'éliminer par tous les moyens la Côte d'Ivoire.