Madagascar: Des interdits dans la division du travail

Les talismans familiaux sont, dans la Grande ile, les plus précieux et les plus efficaces étant liés au culte des ancêtres. C'est du moins ce qu'assure l'ethnologue Dominjoud, dans une conférence qu'il donne à Genève en 1958, sur les croyances malgaches. Les ody individuels, eux, agissent par contact et, de ce fait, ils se portent sur la poitrine, au cou, aux poignets, aux chevilles. Cependant, jamais on ne dort appuyé sur un fétiche : on le suspend à la tête de son lit. Quant aux idoles collectives, elles agissent surtout par position ou par situation géographique, à l'entrée du village, sur la place publique, dans un parc à bœufs, au coin des ancêtres, etc. Certaines personnes portent des marques blanches faites avec une terre argileuse appelée tany manara, terre froide, ou tany ravo, terre de bonheur.

Avec cette argile, elles tracent également des traits magiques sur leur front, leurs portes, leurs ustensiles. " Autrefois, lorsqu'ils étaient malades, ils mêlaient de cette terre à leurs tisanes et les femmes en mangeaient souvent. Mais cette pratique fut abolie sur ordre de la reine merina, Ranavalona II. " L'utilisation de ces fétiches est règlementée par les fady, interdits auxquels ils sont soumis et dont la transgression annule tout leur pouvoir. Ces tabous constituent aussi l'un des éléments les plus importants de la vie du Malgache.

" Il l'accompagne, l'emprisonne même, pourrait-on dire, de sa naissance jusqu'à sa mort. Tous les actes de sa vie en sont marqués. " Selon le conférencier, comme les ody, il y en a de nationaux, de claniques, de familiaux. Il y a ceux relatifs à la grossesse, à la naissance, aux maladies, et ceux qui touchent aux relations sexuelles... Ainsi que ceux du premier âge : " Les enfants seront sourds si on les embrasse sur l'oreille; ils tomberont malades s'ils arrachent les ailes à une mouche ou s'ils se regardent dans un miroir ; manger dans l'assiette paternelle, planter des arbres, risquent de faire mourir jeune... " Bref, tous les moments de la vie et toutes les activités sont soumis à des tabous.

%

Tels ceux qui touchent la division du travail : qu'un homme prenne soin de ses enfants et son corps s'affaiblira ; qu'il aille puiser de l'eau à la source et la cruche se cassera ! D'autres se rapportent à la mort et à l'inhumation : tout travail est interdit entre le jour du décès et celui des obsèques ; on ne doit pas prendre du feu dans la maison où il y a un mort. Ni balayer après la levée du corps. Quand un garçon atteint l'âge de la circoncision, la cérémonie à la fois religieuse et sociale se fait sans formalité à la ville et dans la bourgeoisie.

Dans les campagnes, elle donne lieu à certains rites qui varient en fonction des groupes ethniques. Mais en général, le devin fixe l'année et le jour ; des jeunes gens, forts, puisent l'eau lustrale, rano mahery ou eau puissante, qui servira à laver la plaie. De préférence, cette eau est cherchée à l'endroit où la rivière tourbillonne.De nombreux interdits règlementent aussi le rituel.

À propos de la fraternité du sang, fatidra, les modalités peuvent varier. Mais dans tous les cas, les contractants (deux hommes, deux femmes, un homme et une femme, des groupes différents... ) se font réciproquement une légère incision sur la poitrine et chacun suce le sang de l'autre.

À moins qu'un maitre de cérémonie ne procède lui-même à l'incision et " chaque intéressé trempe sept ingrédients dans son sang et les place dans la bouche de son partenaire qui les avale"... Le sang peut également être additionné d'eau, de vin ou d'alcool pour mieux passer. Durant la cérémonie, des invocations sont adressées aux dieux et aux ancêtres. De même, des menaces de vengeance sont proférées au cas où le serment serait violé. Diverses cérémonies rituelles concluent l'alliance.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.