Madagascar: ADMINISTRATION - Plus de 51 milliards d'ariary détournés

L'Inspection générale de l'État a présenté un rapport d'activité sur la période allant de janvier à août, hier. Des cas de détournement détectés après des inspections auprès d'établissements publics et des ministères ont été rapportés.

Des établissements publics et des ministères. Ce sont les entités publiques au sein desquelles l'Inspection générale de l'État (IGE), a décelé des cas "de détournements". Des malversations qui ont causé un préjudice de plus de 51 milliards d'ariary à l'État.

L'information a été révélée par Daniel Randrianari-vony, directeur général de l'IGE, durant une conférence de presse, hier, à Antaninare-nina. Un rendez-vous durant lequel le numéro des inspecteurs généraux de l'État a fait un rapport des activités de cette entité sur la période de janvier à fin août de cette année. Sur une période de huit mois, plus de 51 milliards d'ariary ont été détournés. Il s'agit du résultat d'inspections faites suite au feu vert donné par le président de la République.

Daniel Randrianarivony souligne que l'IGE n'a pas la prérogative de faire une saisine d'initiative. Il faut que chaque mission effectuée obtienne, préalablement, un assentiment présidentiel. L'IGE peut, néanmoins, proposer de faire des doléances, ou encore, des missions ponctuelles qu'elle programme. À s'en tenir aux explications du directeur général, le rapport communiqué hier, découle essentiellement de missions mandatées par la présidence de la République.

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L'IGE fait rarement de rapport public d'activité comme celui d'hier. De prime abord, c'était un prétexte pour mettre l'accent sur le manque d'effectif criant dans les rangs des inspecteurs généraux de l'État. Ils sont une quarantaine en activité dont "treize seulement en poste à l'IGE, dont sept au niveau central et six chargés des directions inter-régionales", déplore Daniel Randrianarivony. Le reste travaille au service du contrôle financier. L'effectif statutaire de l'IGE est de cent-quatre-vingt inspecteurs, pourtant.

Un concours pour le recrutement de quarante nouveaux inspecteurs généraux de l'État se tiendra à la fin du mois d'octobre. Pour en revenir au rapport d'hier, il s'agit du résultat des inspections menées par les sept inspecteurs généraux en poste à la direction générale sise à Antaninarenina, avec l'appui occasionnel de ceux à la tête des directions inter-régionales. Daniel Randrianarivony indique que les inspections ne débouchent pas forcément sur des cas de détournement détectés. Seuls les détournements décelés font l'objet de rapport.

Les CTD à l'index

Le directeur général de l'IGE reconnaît, néanmoins, que le manque d'effectif limite le champ d'action des inspecteurs généraux. "Il y a des entités qui n'ont pas fait l'objet d'inspection et d'audit depuis plusieurs années", regrette-t-il. Le responsable cite, notamment, les représentations diplomatiques à l'étranger, où des deniers publics sont investis, du matériel public est utilisé et le personnel est payé avec les fonds publics. Seulement, même pour les entités publiques au niveau national, les treize inspecteurs généraux ne suffisent pas. Le nombre pléthorique des Collectivités décentralisées et entités déconcentrées, ainsi que celui des établissements publics et organismes rattachés aux ministères et institutions fait que tout inspecter s'apparente à une mission impossible. Il est probable que les 51.225.212.736 ariary, plus précisément, ne soient que la partie émergée de l'iceberg. Des communes, des établissements et des ministères sont cités dans le rapport communiqué hier.

L'information communiquée par l'IGE, hier, conforte un point souligné par le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO). Durant la présentation du rapport d'activité annuelle pour le compte de l'année 2021, du Bureau d'Ambohibao, la semaine dernière, Laza Eric Donat Andrianirina, directeur général du BIANCO, a fait part "d'une prolifération des détournements de deniers publics, dans différents secteurs et à tous les niveaux". Il a particulièrement mis à l'index les Collectivités territoriales décentralisées (CTD).

Durant la conférence de presse d'hier, le directeur général de l'IGE a évoqué que "normalement, ceux qui ont perpétré des actes de détournement doivent être renvoyés de l'administration publique". Il regrette cependant que le renvoi d'un fonctionnaire ne peut se faire sans qu'il passe, préalablement, devant un conseil de discipline, selon son corps ou entité d'appartenance. Des indiscrétions chuchotent qu'obtenir le renvoi d'un fonctionnaire est difficile. Le corporatisme en est la principale raison. La semaine dernière, le patron du BIANCO, lui aussi, a fait part de son regret quant au fait que le renvoi de la fonction pour acte de corruption ou de malversations financières n'est pas toujours effectif.

Ceux chargés de gérer les affaires publiques et les deniers publics doivent pourtant être des exemples de probité. Daniel Randrianari-vony indique que les inspecteurs généraux de l'État n'ont pas la qualité d'officier de police judiciaire (OPJ). Seulement, leurs rapports sur des cas de malversations doivent découler sur des poursuites pénales et des sanctions administratives initiées par les entités concernées. Sur le plan financier, un service de recouvrement au sein du ministère de l'Écono-mie et des finances devrait, en principe, procéder au recouvrement des préjudices causés par les détournements. Le recouvrement s'applique à la descendance de l'individu, le cas échéant.

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