São Tomé and Príncipe: Un plan de Robert Farquhar fondé sur un " principe neuf "

Remis à l'ordre par son chef hiérarchique, Lord Bathurst, secrétaire d'État britannique aux Colonies, qui l'enjoint de remettre aux autorités de Bourbon les établissements que le gouvernement français possèdent sur les côtes de l'ile de Madagascar ", le gouverneur de Maurice, " non sans insolence " répond :

" Puisque ledit gouvernement n'y possédait rien "- ce qui était exact du moins en fait- " il n'apparaissait pas qu'il y eût quoi que ce soit à remettre. " " Écossais tenace, Sir Robert T Farquhar ne renonce à aucun de ses buts, mais il changera de méthode ", écrivent Charles Ravoajanahary, Ludvig Munthe et Simon Ayache dans leur étude sur Radama Ier et les Anglais : les négociations de 1817 d'après les sources malgaches- Sorabe inédits (Revue historique Omaly sy Anio, 1876). Il veut toujours éliminer l'influence française, ouvrir la Grande ile au commerce britannique, abolir la traite.

Le gouverneur de Maurice s'engage, avec une ardeur renouvelée, dans une " action humanitaire et intéressée, antiesclavagiste et commerciale". Son programme très cohérent, satisfait ses sentiments de " Britannique patriote, commerçant, moraliste ". Il avoue toujours ses intentions étroitement liées entre elles. C'est ainsi qu'il écrit une lettre à Lord Bathurst, le 18 novembre 1817 : " Je me permets d'exprimer mon humble espoir que Votre Seigneurie sera heureuse d'approuver ces mesures pacifiques et dénuées de toute ambition, dont le succès- en fermant finalement le marché de la traite des esclaves et en abolissant ainsi une grande source de crime dans ces mers- devrait avoir pour effet de promouvoir l'industrie des indigènes et d'accélérer leur marche sur la voie de l'amélioration générale.

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Il procurera en même temps la sûreté des relations et la facilité du commerce avec un pays (Madagascar) dont dépend cette ile (Maurice) pour sa subsistance, pays qui est à un point de civilisation qui permet un marché croissant pour échanger sa production et ses riches produits tropicaux contre les produits manufacturés d'Angleterre et des Indes. " Pour réaliser son programme, le gouverneur de Maurice met au point une méthode originale.

Il s'inspire pour cela, mais partiellement, de certains procédés coloniaux appliqués en Inde où il débute sa carrière coloniale, notamment l'utilisation des monarques locaux maintenus en place. " Son plan n'en demeure pas moins fondé sur un principe neuf. " C'est la reconnaissance de l'indépendance, au moins politique, d'un pays sur lequel s'exercent auparavant des ambitions coloniales sans nuances, " une indépendance qu'aucune présence militaire, plus ou moins dissimulée, ne viserait à dénaturer ". Il avance ainsi une thèse juridique " assez inattendue pour l'époque ". " Je considérais le territoire de Madagascar comme la propriété des Naturels.

" Sa politique est simple. Pour abolir la traite sur toutes les côtes de la Grande ile afin de drainer vers Maurice les productions locales- " que le maintien dans le pays de tous les esclaves augmentera nécessairement" - le gouverneur anglais estime qu'il faut obtenir l'unification de l'ile sous l'autorité d'un prince capable et puissant, choisi pour allié, font remarquer les auteurs de l'étude. Il considère que l'avenir de Madagascar appartient au roi d'Antananarivo, et décide d'agir par lui en l'aidant techniquement et économiquement dans ses conquêtes. Dans ses lettres du 8 septembre 1817 aux administrateurs de Bourbon et du 12 septembre au Foreign Office, il résume le processus à suivre.

" On le reconnaitra 'Roi de Madagascar', on lui donnera toutes les chances de le devenir effectivement et Radama surveillera les côtes, assurera la protection des traitants britanniques, fera prospérer le commerce dans l'ordre et la paix. On pourra compter sur ce prince pour conquérir et tenir le pays entier sans que la Grande-Bretagne ait à intervenir directement, mais aussi pour faire évoluer son économie, sa culture, sa civilisation, 'progrès' nécessaire à un rapprochement efficace avec l'Europe.

" Cette évolution ne manquera pas de profiter à l'ile Maurice. Et cette action plus ouverte qui ne comportera plus de danger, ne risquera pas de susciter la méfiance de Radama et d'aliéner sa volonté. " Le Roi des Merina doit être le premier des marchands, des cultivateurs, des jardiniers, des artisans. C'est le meilleur moyen qu'il a d'apprendre à ses sujets ignorants à le devenir. "

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