Cote d'Ivoire: Prisons ivoiriennes - Les révélations explosives du CNDH sur la surpopulation carcérale, l'insécurité, les violences...

Les prisons ivoiriennes sont surpeuplées. C'est ce qui ressort du rapport d'enquête du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) mise à la disposition des médias, jeudi 28 septembre 2022, lors de sa tribune "Briefing des médias".

Selon ce rapport, à la date du 25 mai 2022, 25121 personnes étaient incarcérées dans les trente-quatre (34) établissements pénitentiaires de Côte d'Ivoire pour une capacité d'accueil estimé à 7 885 détenus. Soit un taux d'occupation de 318, 59%. La Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA) abrite la plus grande proportion de détenus avec 36,53% de l'effectif total. Viennent ensuite et respectivement le camp pénal de Bouaké (2184 détenus), la maison d'arrêt de Daloa (1574 détenus) et celle de Man (375 détenus).

La répartition par sexe et par âge donne une population carcérale composée de 93, 53% d'hommes, 2,54% de femmes et 3,93% de mineurs. De ce qui précède, seulement deux maisons d'arrêt ont une densité carcérale inférieure à 100%. En dehors de la ferme pénitentiaire de Saliakro et de la maison d'arrêt de M'Bahiakro, les prisons de Côte d'Ivoire, selon cette enquête, affichent toutes une densité carcérale au-delà de 100%.

A titre illustratif, vingt-six (26) établissements pénitentiaires ont un taux d'occupation au-delà de 150 %. La maison d'arrêt de Sassandra a le taux d'occupation le plus élevé (plus de 1000%), suivie de Bondoukou et Soubré (plus de 800%). De façon succincte, plus de 90% des prisons sont peuplées au-delà de leurs capacités d'accueil opérationnel.

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Alors que la population carcérale croit en moyenne de 2000 détenus par an, le budget alloué au fonctionnement des établissements pénitentiaires est resté constant au cours de ces cinq (05) dernières années, selon le rapport. Comme conséquence, " la ration alimentaire prévue pour un détenu en 2014 est partagé par quatre (04) détenus en 2022 ", lit-on.

Le budget affecté à l'alimentation dans trente-trois (33) prisons s'élève au total à 1 888 669 150 FCFA. Repartis sur les 24 912 détenus des maisons d'arrêts concernées, ceci correspond à un montant d'environ 200 FCFA pour l'alimentation d'un détenu au cours d'une journée entière. A la MACA, le montant est encore plus dérisoire. Le budget alloué pour l'alimentation s'élève à 423 528 000 FCFA. Cela équivaut à 120 FCFA pour la nourriture journalière d'un détenu.

Par ailleurs dans ces établissements pénitentiaires, les personnes sont détenues dans des cellules communes. Il n'existe pas une séparation des catégories. Elle se fait essentiellement en fonction du sexe. Les condamnés et les prévenus partagent la même cellule. L'octroi du logement se fait moyennant paiement de sommes d'argent et dans les cellules où il y a de la disponibilité, aux dires de certains détenus interrogés.

Les dimensions des cellules et le nombre de détenus dans une cellule varient d'une prison à une autre et d'une cellule à une autre au sein d'une même prison. Par exemple, à la MACA, la plus grande prison du pays, il existe de grandes cellules d'une dimension de 60, 5 m2 et de petites cellules qui mesurent 5,5 m2. Les premières abritent en moyenne cent (100) détenus, soit 0,6 m2 par détenu, en termes de surface au sol et les secondes cinq (O5) à (06) détenus. A la MAC de Bouaké, il existe des cellules de 27 m2 qui comptent trois cents (300) détenus, soit 0,09 m2 par détenu.

Ces conditions de détention difficile créent naturellement des tensions entre agents de surveillance et détenus ou entre codétenus. Soixante-trois (63) situations de violences ont été enregistrées sur une période de trois (03) mois, de février à avril 2022, dans onze (11) établissements pénitentiaires. Cette situation constitue le plus souvent le lieu de la mise en œuvre d'actions concertées aboutissant à des soulèvements, des évasions ou tentatives d'évasion. Ainsi le 31 janvier 2022, la MAC d'Adzopé a été le théâtre d'une tentative d'évasion impliquant cent soixante-douze (172) détenus, tous logés dans une même cellule. Le maintien de l'ordre et de la sécurité est rendue difficile dans ces conditions.

Aussi l'assainissement et l'hygiène dans ces prisons laissent à désirer. Dans la majorité des cas, les systèmes d'eau, d'aération et d'égouts sont dégradés ou hors d'état d'usage. Des eaux usées aux odeurs nauséabondes stagnent autour des cellules.

Enfin, le rapport d'enquête souligne une insuffisance des activités constructives et de reclassement parfois peu variées. Sur trente-quatre établissements pénitentiaires, quinze (15) disposent d'activités visant à favoriser la réinsertion sociale des détenus après la purge de leurs peines. Les activités proposées sont la couture, le jardinage, l'élevage, la cordonnerie et l'alphabétisation. Les dix-neuf (19) autres ne disposent en revanche d'aucune activité pour la réinsertion de leurs pensionnaires. Or il est admis que l'oisiveté dans les prisons a été pointée par plusieurs études comme étant un facteur sous-jacent de la criminalisation et de la récidive de certains délinquants.

Leg : A l'instar de la MACA, il règne des conditions difficiles dans les établissements pénitenciers

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