Sénégal: Un atelier sur la promotion du conseil scientifique aux gouvernements, à Dakar

Dakar — La promotion du conseil scientifique aux gouvernements et aux organisations est l'objet d'un atelier ouvert jeudi à Dakar, sur le thème "repenser l'aide à la décision de politiques publiques en Afrique", à l'initiative de l'Unesco et de Code-Africa, un cabinet de promotion du conseil scientifique, a constaté l'APS.

Le projet "E-Policy Platform" sera lancé au cours de cette rencontre de deux jours, dans le but de "mettre en place des cadres d'échange innovants et mutuellement enrichissants, dans lesquels les preneurs de décision, les producteurs de connaissances et les médias se retrouvent et seront en mesure d'interagir pour aider à l'élaboration de politiques publiques".

La cérémonie d'ouverture de l'atelier a été présidée par le président de la Commission nationale du dialogue des territoires (CNDT) du Sénégal, Benoit Sambou. Elle a eu lieu en présence de représentants de l'Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal, de l'Organisation internationale de la Francophonie et d'autres organisations.

Le représentant de l'Unesco au Sénégal, Tabué Nguma, a tenu à souligner qu'"il existe encore un écart considérable entre les connaissances scientifiques produites et disponibles, et leur utilisation au sein du processus décisionnel des Etats".

Cet écart existe aussi dans la formulation et l'exécution que dans l'évaluation des politiques publiques, parce que "les décideurs ne sont pas suffisamment outillés pour intégrer les dimensions technicoscientifiques dans leurs décisions", a-t-il signalé.

%

Le professeur Madiagne Diallo, coordonnateur scientifique du projet "E-Policy Platform", estime que "le conseil scientifique au gouvernement est un enjeu majeur pour le développement d'un pays".

Les crises sanitaires et la guerre russo-ukrainienne montrent toute la nécessité de faire de la prospective dans la définition de la politique de développement d'un pays, selon M. Diallo.

Le but du projet est de créer un cadre de collaboration entre les décideurs et les scientifiques, a-t-il précisé.

Benoit Sambou a invité l'Unesco et ses partenaires à accorder une attention particulière aux collectivités territoriales, durant la mise en œuvre du projet.

"Le conseil scientifique doit se mobiliser pour le développement à la base, conformément à la vision du chef de l'Etat, matérialisée par l'Acte 3 de la décentralisation, pour avoir un Sénégal émergeant des territoires", a dit M. Sambou.

L'aide à la prise de décision doit être envisagée sur la base de la contribution de tous les acteurs et à tous les niveaux, selon le président de la CNDT.

L'agenda de l'atelier prévoit des discussions sur plusieurs thèmes : "développement de chaînes de valeur performantes", "éléments de cadrage d'un nouveau format de policy brief", "intelligence artificielle, politique des données et éclairage des décisions", "création de richesses, genre et potentialités de la jeunesse", "résilience climatique et développement des villes".

Le projet, selon l'Unesco et Code-Africa, permettra de s'attaquer "à la problématique de la faible utilisation du conseil scientifique dans la fabrique des politiques publiques, qui est récurrente en Afrique".

"Le constat général est qu'il n'est pas fait un usage optimum des résultats des recherches disponibles, spécialement en sciences sociales, et que les infrastructures de production de connaissances interagissent faiblement avec les espaces de prise de décision stratégique", signale un document consacré à l'atelier.

"Générer des solutions politiques pertinentes"

L'Unesco et Code-Africa font valoir que "la promotion du conseil scientifique aux gouvernements et autres organisations (... ) sont des priorités d'action et des volets centraux [de la] stratégie d'accompagnement des Etats africains vers l'émergence". Le renforcement des capacités en conseil et aide à la décision aussi.

Pour combler les gaps et créer des ponts entre les parties concernées, le bureau régional de l'Unesco pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, basé à Dakar, et Code-Africa ont décidé de lancer le projet "E-Policy Platform".

Les deux organisations, par cette initiative, invitent les "structures d'excellence" et les centres ayant développé une expertise utile pour les gouvernements à "améliorer les politiques publiques dans le cadre de la promotion du conseil et de la diplomatie scientifique".

Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique, l'Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal, l'Institut de recherche pour le développement, l'Institut sénégalais de recherches agricoles, l'Institut de technologie alimentaire peuvent fournir le conseil souhaité aux gouvernements, selon l'Unesco et Code-Africa.

Le but des auteurs de l'initiative est de faire en sorte que ces structures de recherche et développement puissent "partager leurs résultats avec toutes les structures étatiques, locales et internationales, les organisations privées, les médias et la société civile".

Il est également attendu de ces organismes de recherche qu'ils puissent "ouvrir les voies d'accès aux données probantes produites par la recherche locale".

Le projet devrait permettre de "créer des cadres d'échange innovants et mutuellement enrichissants, dans lesquels les autorités, les scientifiques et les médias se retrouvent" pour "interagir dans l'élaboration de politiques publiques aux risques minimisés".

La plateforme "E-Policy", qui a "pour objectif d'accompagner les décideurs politiques dans le processus de prise de décision", veut aider à "générer des solutions politiques pertinentes, actionnables et innovantes, à partir des sciences sociales et humaines (l'économie, l'éthique, etc.), pour "contrer les impacts collatéraux des épidémies et pandémies (maladie à virus Ebola, VIH, malaria, Covid-19, etc.)".

Il s'agit aussi de pouvoir "répondre aux grandes tendances et défis (géopolitiques, démographiques, numériques, climatiques, sécuritaires, alimentaires, sanitaires... ), tout en mettant l'accent sur les questions de genre et la promotion des initiatives de la jeunesse".

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.