À Madagascar, pour voter, il faut un acte de naissance pour obtenir une carte d'identité. Seul problème, beaucoup d'habitants ne disposent pas d'état civil. C'est pourquoi l'exécutif estime qu'il faut une campagne d'enregistrement rétroactif de naissance pour 3 millions de personnes afin qu'elles puissent participer à l'élection présidentielle de 2023. Une opération d'envergure qui suscite beaucoup de questions au sein de la société civile.
Pour Ketakandriana Rafitoson, la directrice exécutive de Transparency International, le délai, très court, jusqu'à décembre 2022, pourrait occasionner des doublons dans l'attribution des numéros de cartes nationales d'identité, avec pour incidence la possibilité de voter plusieurs fois.
Lors de la dernière élection présidentielle, en 2018, les doublons de numéro de carte et les fausses cartes d'identité faisaient déjà partie des irrégularités pointées par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) lors de son audit.
Délais intenables
" De plus, un majeur pourrait passer devant un tribunal pour obtenir rapidement une carte d'identité, une procédure qui peut prendre jusqu'à un mois en temps normal. Comment le faire dans de bonnes conditions pour 3 millions de personnes d'ici à l'élection ? " C'est ce que se demande Mbitanarivo Andriantsihorisoa, le président du Syndicat des magistrats de Madagascar, qui en compte 983 dans tout le pays. " Nous ne sommes pas contre la procédure en soi, tempère-t-il, mais elle doit respecter les procédures légales en vigueur. "
Dans un communiqué, le 9 septembre, le syndicat exprimait déjà ses inquiétudes sur de potentielles irrégularités. Les magistrats y ont annoncé ne pas participer à l'opération malgré la réquisition de l'exécutif avec une prime à la clé. Les greffiers, entrés en grève jeudi, ont parmi leur revendication leur refus de participer à l'opération de jugement supplétif.