Porte-parole principal du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Kobenan Kouassi Adjoumani est aussi ministre d'Etat, ministre de l'Agriculture et du Développement rural.
A ce titre, il a annoncé, il y a quelques jours, les prix bord-champ du binôme café-cacao. Une sortie qui a suscité quelques réactions, notamment du PDCI. Dans cet entretien, il revient sur les efforts faits par le Président de la République Alassane Ouattara pour que le kilo de cacao soit à 900 FCFA et celui du café à 750 FCFA pour la nouvelle campagne. Il répond aussi au porte-parole du PDCI qui annonce le retour à la maison d'anciens cadres du PDCI partis au RHDP. Entretien !
Monsieur le ministre, le porte-parole du PDCI était, il y a quelques jours, face à la presse. Selon lui, des ex-cadres issus du PDCI actuellement au RHDP seraient en train de faire des démarches pour leur retour au PDCI. Que répondez-vous ?
Comme vous, j'ai lu ses propos. Je voudrais au passage rappeler que celui qui tient ces propos a été mon collaborateur. Quand j'étais président du conseil général, il était mon 1er vice-président. Il a pris le poste de président quand j'ai été nommé ministre. Je le connais. Je crois qu'il ne pense pas ce qu'il dit.
Parce que jamais, un militant qui a décidé de venir au RHDP ne voudra retourner au PDCI. Au contraire, chaque jour que Dieu fait, je reçois des militants du PDCI dans mon bureau et en d'autres endroits. Tous manifestent leur volonté de nous rejoindre au RHDP. Ils sont nombreux les militants du PDCI qui frappent aux portes du RHDP. Je demande à certains d'attendre un peu. C'est ce qu'il ne sait pas : les militants du PDCI qui frappent à la porte du PDCI sont très nombreux. J'ai la preuve de ce que j'avance.
Sur le terrain, il y a de nombreux militants du PDCI autour de moi. Cela est visible. S'il est un homme de conviction et qu'il a des preuves, qu'il dise au moins le nom d'un seul cadre anciennement PDCI qui a décidé d'y retourner. Ils avaient dit que nous étions venus au restaurant. Ils oublient que chaque jour que Dieu fait, la restauration continue. Pourquoi allons-nous retourner là où il n'y a pas de restaurant, selon eux ? Je préfère rester dans mon RHDP où j'ai un président qui travaille bien.
Avec lui, on constate des réalisations partout. Il faut être aveugle pour ne pas voir toutes ces réalisations que fait le Président Alassane Ouattara. C'est ridicule. C'est méprisant. Je crois qu'il faut craindre son sort. Il faut prier Dieu afin qu'il l'éclaire et qu'ils ne disent plus pareilles insanités. S'il le veut, je propose un débat entre lui et moi. Moi en tant que porte-parole du RHDP et lui porte-parole du PDCI. On verra bien qui dit vrai...
Pour la nouvelle campagne, le kilo du cacao a été fixé récemment à 900 FCFA. Comment les producteurs doivent accueillir cette nouvelle ?
Les vrais producteurs, ceux qui sont dans les plantations, qui souffrent au quotidien, ont salué cette importante décision du gouvernement. Ils ont salué le sacrifice supplémentaire que le président de la République a fait en allant au-delà de leurs espérances. Parce qu'en réalité, lorsqu'on fixe le prix du kilogramme du cacao, cela obéit à un principe.
Et généralement, quand le Conseil du café-cacao, après avoir étudié le marché par rapport au prix CAF, après avoir tenu compte de l'engagement par rapport aux différentes phases d'achat de cacao, puisque ce que les gens ne savent pas c'est qu'il y a fluctuation qui est faite. Vous pouvez aujourd'hui avoir le cacao au prix CAF de 1200 FCFA, après ça monte à 1300 FCFA voire 1500 FCFA, mais jamais ces temps-ci. En raison des crises successives que nous connaissons, vous ne pouvez aller au-delà de 1500 FCFA.
Donc sur cette base, le Conseil café-cacao fait quatre propositions de prix. Donc il y a eu quatre possibilités de prix. Le premier prix, si on reconduisait le même montant, à savoir 825 FCFA, ce sont 195 milliards FCFA de sacrifice qui allait être fait. Mais pour le budget de l'Etat, il n'y avait plus de sacrifice puisque ça venait renforcer le budget de l'Etat. Si on fixait à 850 FCFA, puisque c'est le vrai prix si on tient compte du prix CAF, on allait avoir une marge de 135 milliards FCFA. C'est le café qui fait 5 milliards FCFA.
Le café et le cacao cumulés font 140 milliards FCFA. Si on devait payer à 875 FCFA, ce sont 75 milliards FCFA que l'Etat gagnait. En payant à 900 FCFA, c'est zéro franc que l'Etat gagne. Alors, évidemment, il y a des contraintes aussi au niveau du conseil café-cacao par rapport aux dépenses qu'on engage et par rapport à son fonctionnement. Mais le président de la République a fixé la barre haut en ne tenant compte que du prix fixé à 900 FCFA. C'est le prix le plus haut. Mais il a décidé de faire fi des autres possibilités pour accéder au prix qui est au-delà des autres, c'est-à-dire 900 FCFA.
A ce sujet, l'ex-directeur général de l'Agriculture a dit que c'est de l'arnaque parce que ce sont plus des effets d'annonce car sur le terrain, ces prix ne sont pas appliqués. Il a même ajouté que 30 à 50% de ces prix fixés homologués, généralement, ne sont pas appliqués sur le terrain. Comment comptez-vous faire appliquer ces prix ?
Certainement, quand il était directeur général des productions végétales et de la sécurité alimentaire, c'est comme cela qu'il procédait. Mais avec le Président Alassane Ouattara, c'est autre chose. Généralement, nous attendons que le Ghana avec qui nous avons des accords, fixe son prix avant que nous ne fixions le nôtre. Souvent aussi, ils attendent que nous fixions nos prix avant qu'ils ne le fassent.
Cette année, nous les avons devancés. Mais le Ghana (la nouvelle est tombée hier) achète le kilogramme de cacao à 811 francs. Les gens ont écrit 830 francs mais en réalité, c'est 811 francs CFA. Alors que d'ordinaire on disait que le Ghana achetait plus. Cela, déjà, doit vous montrer le sacrifice que le président de la République a fait. Donc si quelqu'un qui a occupé des hautes fonctions au sein de l'agriculture se permet de dire des choses erronées, ça ne regarde que lui, c'est de la politique politicienne qu'il fait. Depuis que ce dernier est porte-parole du PDCI-RDA, chaque jour qu'il prend la parole, il faut qu'il s'attaque à l'agriculture.
Certainement qu'il a un problème avec le ministère de l'Agriculture. Mais ça ne regarde que lui. Ce que je lui demande, c'est de regarder Dieu et de dire la vérité puisque c'est un croyant. Et qu'il sache que le président de la République, en fixant à 900 francs (le kilo de cacao), c'est un grand sacrifice.
Il y a un autre député du PDCI, ancien directeur général adjoint d'une des structures du café-cacao, qui a dit que la fixation du prix du kilogramme de cacao obéit à plusieurs critères donc si le gouvernement l'a fixé à 900 francs, certainement que c'est par rapport au prix Caf.
Voilà quelqu'un qui est raisonnable avec qui je peux discuter. C'est un homme sensé. Mais avec des gens qui sous prétexte qu'ils ont des antécédents avec le ministère de l'Agriculture, en occupant un poste de responsabilité, pensent qu'ils peuvent s'attaquer impunément au régime, ils se trompent. Je l'ai toujours dit, une personne qui fait semblant de dormir, il est impossible de la réveiller. Je pense que lui, il est en train de dormir en faisant semblant.
Sinon la réalité est celle que je vous ai peinte. Et puis, je vous ai donné le prix ailleurs. Mais si on avait fixé le prix à 811 francs comme le Ghana, qu'est-ce qu'il allait dire alors, sachant que nous avons des accords dans le cadre de l'Initiative cacao Côte d'Ivoire-Ghana. On a dit que même si on doit fixer les prix, il faut que sensiblement ce soit les mêmes. Mais le Ghana a un taux d'inflation de l'ordre de plus de 30%. Ce n'est pas le cas de la Côte d'Ivoire. Ça veut dire qu'en payant à 800 francs, finalement c'est à 500 francs puisque le taux d'inflation là-bas est élevé.
Nous sommes heureux et fiers d'avoir un chef qui se préoccupe au quotidien des Ivoiriens et surtout des producteurs et qui n'a pas cherché à faire des économies sur le café et le cacao. Autrement dit, les 195 milliards de francs CFA dont j'ai parlé pouvaient nous permettre d'avoir des fonds dans les caisses de l'Etat et faire davantage de développement. Mais le président a dit : " J'ai posé des actes vis-à-vis des fonctionnaires, je dois le faire vis-à-vis de nos parents qui font l'essentiel du travail mais qui en retour ne sont pas rémunérés comme il se doit ".
Tant que nous ne transformerons pas nos produits, les paysans vont toujours récolter des miettes. Parce qu'en réalité, ce sont les multinationales qui gagnent le gros lot. Sur 100 milliards de dollars, ce sont 6% qui parviennent aux producteurs. Donc, voyez-vous, si nous parvenons à transformer nos produits au niveau local, on peut même aller au-delà de 1000 francs CFA.
Mais tout n'est qu'un processus qui s'engage dans un temps donné. Je crois que le président Alassane Ouattara, tel qu'il fait aujourd'hui, je suis convaincu qu'il va faire des érudits pour le soutien qu'il apporte à nos braves paysans. Donc laissez-les sans fleurs fleurir. Nous, nous avançons.
Les vrais paysans sont contents du prix qui a été fixé. Mais comme il le dit, peut-être plus de 30% vont aller à la perte. En étant au poste qu'il a occupé, peut-être que c'est ce qu'il faisait donc il a raison certainement de le dire.
Mais avec le président Alassane Ouattara, ce n'est plus cela puisque nous avons maintenant un système de paiement numérique qui fait que le produit, quand il est acheté chez le producteur qui est enregistré, qui a sa carte, son argent suit le cours normal des choses et va dans le compte dédié à la carte. Cela veut dire que la traçabilité y est. Lorsque vous avez acheté votre cacao à 900 francs le kilo, si vous avez vendu 10 kilos, ça fait 9000 francs et ce sont ces 9000 francs qui vont être dans votre compte.
Et il y a un contrôle rigoureux qui se fait pour se rendre compte qu'il n'y a pas eu un opérateur véreux qui veut abuser de certains de nos planteurs. Mais tout compte fait, tout dépend de nos parents. S'ils ont des difficultés qu'ils veulent brader leurs produits, bon c'est à leur risque et péril. Sinon, celui qui connaît le processus tel que je l'ai décrit ne doit pas être grugé par les acheteurs de produits.
Quel regard portez-vous sur les accusations portées par le porte-parole du PDCI-RDA sur la récente augmentation du prix du carburant à la pompe ?
Quand j'étais porte-parole du PDCI-RDA, avant de me prononcer sur un sujet d'actualité, je soumettais ma déclaration au président Henri Konan Bédié. C'est après validation par le président que je le rendais public. Maintenant, j'ai l'impression que le porte-parole du PDCI-RDA exprime ses désidératas. Sinon comment comprendre qu'il ait une crise mondiale.
Le prix du pétrole a connu une hausse générale. Le président de la République, Alassane Ouattara a fait des sacrifices supplémentaires pour subventionner le coût du carburant. Cette subvention a couté plus de 500 milliards FCFA. C'est en ce moment que ce monsieur s'agite en déclarant que les prix du carburant sont des " coûts farfelus ". Qu'il fasse la comparaison des prix entre les autres pays.
Parce qu'un homme normal qui doit faire des critiques, doit tenir compte des prix pratiqués ailleurs et dans son pays, avant de tirer la conclusion. Revenant sur le prix bord champ du cacao, ce monsieur a dit que 900 FCFA est insuffisant. Le Ghana a fixé le prix du kilogramme bord champ à 811 FCFA. Ce monsieur devrait également avoir honte. Il a parlé trop tôt. En réalité, le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao a raison de fixer ce prix. Parce que c'est le prix normal. En Côte d'Ivoire, le Président de la République a fait des efforts supplémentaires pour aider les planteurs.
Il doit être petit dans son soulier en ce moment. Qu'il continue d'attaquer le Rhdp. Qu'il va même mentir pour dire que les ex-barons du PDCI frappent à leur porte. Qu'il sache que cette porte ne va jamais s'ouvrir. Nous sommes heureux et fiers de travailler avec le Président de la République, Alassane Ouattara. Je vais l'inviter un jour à un débat.
Pouvons-nous donc retenir qu'il n'y a pas de risque que les produits ne soient pas achetés au prix fixé par le gouvernement ?
Nous sommes dans un système de traçabilité qui, quand il est observé, ne peut qu'aider les producteurs à la base, de disposer de tous leurs dus conformément à l'achat de leur cacao et le prix indiqué par le gouvernement. Là-dessus, il n'y pas de doute, mais évidemment, il y a certains qui attendent et qui ne se font pas enregistrer pour disposer de leur carte qui est offerte gratuitement.
C'est le Conseil café- cacao qui le fait gratuitement. Donc si vous tardez et que vous ne le faites pas, les paiements ne pourront se faire selon le système établi. Nous sensibilisons et les acheteurs de produits et ceux dont on achète les produits pour leur dire de respecter le prix fixé par le gouvernement. Je suis convaincu que cela va être respecté. Ici, le prix est fixe.
Au niveau de l'anacarde ce n'est pas un prix fixe. C'est un prix indicatif. Mais lorsque nous fixons un prix du kilogramme de noix de cajou à 305 FCFA et qu'à la fin de la campagne, on va jusqu'à 450 FCFA, il y a une hausse mais personne n'en parle. Cela devrait être salué. Mais ici on fixe à 900 FCFA et le prix est statique. Si vous allez vous faire gruger en vendant vos produits en deçà du prix fixé par le gouvernement, c'est à vos risques et périls. Qu'est-ce que le gouvernement peut faire dans ce cas? Nous continuons la sensibilisation.
