Madagascar: Affaire Lanto Rakotomanga - Silence assourdissant du Bureau permanent

L'équipe du ministère de l'Environnement et du Développement durable, par le biais de son Secrétaire général, a déjà donné sa version des faits, en précisant que seul le ministère est habilité à délivrer une autorisation de transport de bois.

Le bureau permanent de l'Assemblée nationale et le Bureau politique du groupement IRD ont, apparemment, choisi d'opter pour la politique de la discrétion par rapport à l'affaire Lanto Rakotomanga. Pour l'heure, aucune réaction de la part des autorités étatiques. Seul le général Richard Ravalomanana, Conseiller spécial du président de la République en charge de la sûreté nationale, a réagi à travers un commentaire sur les réseaux sociaux.

L'ancien SEG appelle les autorités à dénoncer ce genre d'attitude qui ternit l'image du régime, mais surtout de défendre le président Andry Rajoelina. Pour l'heure, même la principale concernée ne s'est pas encore exprimée. Ce silence signifierait-t-il que les accusations lancées sont avérées ? C'est la question qui s'impose. En tout cas, seule une enquête peut apporter des éléments de réponse à cette question. Cela permettra aussi à la députée de Tana II de se défendre et d'apporter les preuves de son innocence car cette politique de la discrétion ne fera qu'attiser les suspicions.

Mais nul n'ignore que l'ouverture d'une enquête relative à cette affaire est difficile voire impossible. Et ce, dans la mesure où en tant qu'élue, Lanto Rakotomanga bénéficie d'une immunité parlementaire et que seule une levée de son immunité peut enclencher la procédure. La question est donc de savoir si la présidente de la Chambre basse, Christine Razanamahasoa, et le Bureau permanent de l'Assemblée nationale accepteront de faire cette démarche.

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Au vu des précédentes affaires impliquant des députés, ceci paraît inenvisageable. D'autant plus qu'il s'agit ici d'une députée membre du Groupe parlementaire pro-régime, connue et reconnue comme étant proche du président Andry Rajoelina car figurant parmi ses adeptes de la première heure.

Impunité. La balle est, désormais, dans le camp du Bureau permanent de l'Assemblée nationale. En tout cas, la session parlementaire qui va s'ouvrir le 18 octobre prochain va s'avérer déterminante car il en va de l'image et de la crédibilité du régime, à un an de la prochaine élection présidentielle.

Il faut redorer le blason face aux nombreux scandales qui ont secoué le régime, quitte à prendre une sanction exemplaire, ne serait-ce que pour dissuader ceux qui seraient encore tentés d'utiliser leur statut pour recourir aux abus de tout genre. Tous les observateurs vont certainement scruter l'attitude que vont adopter le Bureau permanent et les députés durant cette deuxième session ordinaire.

Il faut reconnaître, en effet, que ce silence que l'on pourrait considérer de " complice " n'est favorable ni à soigner l'image du pouvoir encore moins celle de l'Assemblée nationale. Depuis quelques années, entendre des dossiers de parlementaires impliqués dans des affaires pas très catholiques, tels que les trafics de tout genre, la corruption et les détournements, les interventions, et même les affaires de complicité avec les dahalo, est devenue monnaie courante.

Nos élus usent et abusent de leurs prérogatives d'immunité parlementaire pour promouvoir l'impunité. La Société accepte sans aucune contestation ce statut d'intouchables accordé aux députés car jusqu'ici, et même pendant les précédentes législatures, aucun parlementaire n'a été sanctionné ni frappé d'une levée d'immunité parlementaire. Christine Razanamahasoa et l'actuel Bureau permanent peut donc écrire l'histoire en donnant l'exemple d'une Institution exempte de tout corporatisme... malsain. A suivre.

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