Madagascar: Marcher sur la tête...

Récemment, un fait assez singulier dans la région Boeny, a offusqué l'opinion publique. Et bien évidemment, la presse, comme les réseaux sociaux en ont fait leurs choux gras. Ce fait était singulier parce qu'il semblait dater d'une autre époque. Ce cliché était celui d'un sénateur trônant sur son siège, tel un monarque, soulevé par des porteurs. Pour le parlementaire qui s'est prêté au jeu, cette erreur de communication n'a eu aucun retentissement. Mais c'était bien une erreur. D'abord, parce que l'époque de la monarchie est révolue. Et s'arroger des privilèges qui n'étaient destinés qu'aux rois, était certainement déplacé.

D'autant plus de la part d'un parlementaire qui doit redevabilité au peuple qui l'a chargé de faire entendre sa voix et veiller sur le respect de ses droits. Mais à Madagascar, on marche sur la tête. Sans doute parce que nous sommes passés très vite de la tutelle de nos vénérables ancêtres à celle des colons qu'on devait vénérer. Cette transition faite de terrible acculturation a fait que nous ayons intimement gardé les relents de cette époque mais dans une certaine confusion. En effet, les Ntaolo nous ont inculqué leur sagesse dont les règles de base sont la politesse, la modestie, et plus généralement le respect de l'autre. Mais plus tard, on nous a appris l'obéissance et le culte de la personnalité.

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C'est ainsi que dans un pays comme le Japon, le ministre de l'énergie est resté incliné pendant vingt minutes, à cause d'une coupure d'électricité qui a duré 20 minutes. Alors qu'à Madagascar, le délestage électrique persiste et chacun s'y est résigné. Pire, le délestage a fait de nous, des champions de la résilience. Aujourd'hui, les partis politiques s'apprêtent à faire campagne pour les prochaines élections. L'heure sera bientôt aux promesses mirifiques.

Mais qu'on se le dise. Il faut arrêter de marcher sur la tête. Et de se faire marcher sur les pieds. Les hommes politiques sont en lice pour servir les intérêts de tout un peuple. Un peuple qui doit prendre le temps de réaliser qu'il a le choix de n'être qu'un pion dans l'échiquier politique ou de faire partie des rouages d'une stratégie pour faire avancer les choses. Un peuple qui peut changer les choses en devenant des citoyens modèles et engagés. Un peuple qui sait que sa voix vaut beaucoup plus qu'un tee-shirt et quelques kilos de riz. C'est à ce rôle que les Organisations de la Société Civile ont failli.

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