Qui d'autre que lui peut parler du secteur textile ? Salim Ismaïl, président directeur général du Groupe Socota, évoque des circonstances favorables pour le textile malgache. Sous certaines conditions.
Des changements historiques s'opèrent sur le marché mondial du textile. Comme l'attestent les déclarations de Salim Ismaïl, président directeur général du Groupe Socota, présent dans le secteur à Antsirabe avec ses produits dans tout Madagascar, depuis soixante-dix ans maintenant. Pour lui, le vent est en passe de tourner en faveur de l'industrie textile malgache. " Trois géants parmi les donneurs d'ordre ont la ferme intention d'accorder une part importante de leurs commandes en Afrique au détriment des offres asiatiques ".
Salim Ismaïl faisant valoir son pragmatisme éprouvé par des années d'expérience dans le milieu, mesure ses propos. " La Chine, à elle seule, représente 50% du marché mondial du textile. Si Madagascar arrive à grappiller même un quart de ce volume, ce serait déjà des milliers d'emplois décents créés. La seule façon de lutter contre la pauvreté de la population . Comme ce fut le cas ailleurs ". Tout dépendrait de la capacité de Madagascar à convaincre ces nouveaux clients. Car d'autres pays africains sont aussi aux aguets. Maintenant, la question c'est de savoir que faire. " Nous souhaitons une rencontre avec les autorités pour déterminer les investissements prioritaires " suggère celui surnommé le " Tycoon du textile ". Dans cet esprit de collaboration, le Groupe Socota a été le premier à signer un Accord avec la Jirama pour l'achat par cette dernière de ses excédents de production d'électricité.
Textile City
Il parle en parfaite connaissance de cause avec ses cinquante-sept ans d'expérience derrière lui. " Il convient de souligner que le cluster constitué par nos deux groupes représente à Antsirabe un effectif de plus de 13 000 emplois directs. Si l'on tient compte des emplois indirects et du nombre de bouches qu'un salarié nourrit en moyenne à Madagascar, ce sont plus de 200 000 âmes qui dépendent de notre activité. Ces chiffres positionnent de facto la ville d'Antsirabe comme la future Textile City de Madagascar ".
Mais pour bénéficier de cette aubaine offerte par ces multinationales, Salim Ismaïl prescrit " qu'il aille falloir trouver des solutions aux problèmes de l'énergie. L'État s'y attèle déjà pour sortir la Jirama de l'ornière financière dans laquelle elle est engluée depuis des années. Puis, réhabiliter ou construire des routes. Et remettre sur les rails les voies ferrées. Enfin lutter contre la corruption qui a atteint un tel niveau que des investisseurs commencent à s'interroger sur le respect des principes de l'État de droit ".
Par contre, Madagascar possède des avantages non-négligeables. Ne serait-ce qu'une main d'œuvre abondante et qualifiée, avec des métiers comme la broderie ou le tissage, adaptables à ceux du textile. Pour le Groupe Socota, en particulier, Salim Ismaïl a eu des propos élogieux envers les employés. " Notre histoire a été parsemée de nombreux obstacles. Ensemble, nous avons connu dans le passé le pire et le meilleur mais aujourd'hui nous célébrons le fait d'être toujours là malgré la nationalisation, malgré la perte totale de notre marché intérieur, malgré l'exclusion de Madagascar de l'AGOA en 2009, malgré les déficiences de nos infrastructures routières ferroviaires et énergétiques. Si notre entreprise est encore vivante, c'est grâce à la confiance réciproque qui nous anime ".
Avec des valeurs bien défendues. " Ce qui caractérise Socota, à l'image du peuple malagasy, c'est sa résilience, sa capacité à rebondir et à se réinventer. C'est sa vision à long terme et son engagement indéfectible envers le développement industriel de notre pays. Sa volonté de mettre l'environnement naturel et humain au cœur de son développement. Notre attachement à cette belle ville d'Antsirabe qui nous a vu naître ".
Pour les perspectives, l'alliance avec l'entreprise mauricienne Ciel Textile avance en dépit des problèmes logistiques. 170 conteneurs de 40 pieds ont été déjà débarqués. Le montage des ateliers se fait sans encombre. Les fruits de ce partenariat pourront faire de Madagascar un des leaders mondiaux du marché du textile. Un objectif tout à fait réaliste.