Le Premier ministre, sans état d'âme, affichant un sentiment de fierté, est allé célébrer les 20 ans de l'autonomie à Rodrigues. L'événement mérite d'être salué. L'autonomie a représenté pour les Rodriguais une avancée considérable au plan administratif et une accession juste à la dignité citoyenne.
L'autonomie, devolution comme disent les Anglo-saxons, décentralisation, local government, sont autant d'expressions qui célèbrent les vertus d'un fonctionnement de l'État qui fait confiance aux citoyens, qui les incitent à participer à la vie de leur région, de leur ville, de leur quartier. Partout dans le monde, en particulier dans les sociétés démocratiques, les citoyens réclament la possibilité de participer plus étroitement à la gestion de la vie collective.
À Maurice, l'inverse vient de s'opérer dans l'indifférence générale. Les municipalités, premières institutions démocratiques de notre histoire, ont été enterrées sans que personne, pas un maire, pas un conseiller municipal n'ait élevé la voix pour condamner ce hold-up. Après avoir grignoté peu à peu les pouvoirs et les moyens des municipalités, le gouvernement a enfoncé un dernier clou au cercueil des municipalités, lors du dernier budget, en les privant de la capacité de générer des fonds pour financer, en toute indépendance, leurs projets. Elles sont devenues des agences du gouvernement, dépendant des moyens financiers que l'État veut bien leur offrir.
Contradiction ? Hypocrisie serait plus juste.