Congo-Kinshasa: La mort d'un chauffeur ravive le ras-le-bol contre l'état de siège à Goma

12 Octobre 2022

La violence policière contre un chauffeur qui a perdu la vie à Goma provoque un ras-le-bol des habitants. Ceux-ci pointent une conséquence de l'état de siège.

A Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), le meurtre mardi (11.10.2022) d'un automobiliste par un policier lors d'un contrôle routier a provoqué la colère des habitants, dont certains ont envahi les rues et bloqué la circulation.

Les autorités militaires en charge de l'administration de la province qui est sous état de siège ont lancé une opération de contrôle visant les automobilistes qui circulent sans permis ou sans assurance. Mais la violence des moyens adoptés choque la population exaspérée par un état de siège qui dure depuis bientôt 18 mois.

Rappel des faits

C'était vers 14h ce mardi que le jeune Guillain Amisi a été tué par un policier lors d'un contrôle des papiers de son véhicule. Ce contrôle est intervenu dans le cadre d'une opération de bouclage lancée lundi (10.10.2022) sur instruction du gouverneur militaire de la province.

Cet incident dramatique a provoqué la colère de la population, révoltée face aux brutalités croissantes des forces de l'ordre depuis l'instauration de l'état de siège en mai 2021.

Tôt ce mercredi matin, des pneus brûlés ont été installés sur les artères de la ville. Les activistes des mouvements citoyens étaient présents. "Ces autorités de l'état de siège n'ont des biceps que pour tuer la population du Nord-Kivu alors qu'ils sont incapables de neutraliser les voleurs, incapables de mettre fin au M23, incapables de neutraliser les ADF (rébellion ougandaise, ndlr). Mais voilà que pendant leur bouclage, ils viennent de tirer à bout portant sur un paisible citoyen", s'indigne Jimmy Nzualy, l'un d'entre les activistes.

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Depuis lundi, des barrières ont été placées dans toute la ville pour contrôler les automobilistes mais aussi exiger le paiement de nouvelles taxes qui ont été instaurées.

Ces barrières seront bientôt la cible des manifestants, assure Jimmy Nzialy qui dit en avoir marre de cette gouvernance des militaires.

"Si demain ou après-demain nous entendons encore cette histoire de bouclage ou voyons des barrières dans des rues, nous vous assurons que nous allons soulever cette ville, nous allons mettre hors d'état de nuire tous ces pillards qui sont venus chercher de l'argent ici chez nous. Je ne sais pas combien de victimes de l'état de siège attend le chef de l'Etat avant de lever cette mesure", menace Jimmy Nzualy.

L'état de siège, une mesure impopulaire

L'état de siège est depuis longtemps critiqué pour son inefficacité face aux attaques des bandes armées dans la région. Cet événement dramatique est donc venu libérer la colère des habitants. "En tout cas nous c'est une situation à décrier, c'est une personne qui vient d'être abattue et au-delà de tout ça, je suis en train de lancer un appel à l'endroit des jeunes de se mobiliser comme un seul homme. Nous devons arriver à nous libérer nous-même car nos autorités ne veulent pas entendre nos cris de détresse", se désole Jules Ngeleza, acteur de la société civile et président du conseil communal de la jeunesse de Goma.

L'état de siège doit être levé afin que les militaires restent concentrés sur leur mission de combat, souhaite Josué Wally, activiste des droits humains.

"Hier, ils ont abattu un jeune inoffensif en pleine journée, au motif qu'ils sont en train de faire le bouclage pour maximiser les recettes. Et aujourd'hui, au Nord-Kivu, on se demande si les recettes sont devenues plus importantes que la vie humaine. Donc, nous sommes toujours en train de réclamer la levée pure et simple de l'état de siège", insiste Josué Wally.

Une audience en flagrance du policier auteur du meurtre a été organisée à l'auditorat militaire de Goma ce mercredi, puis renvoyée au 20 octobre pour dans un premier temps, rechercher de possibles autres complices.

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