Tunisie: Crise et rupture d'approvisionnement en carburants - Un voyage dans le futur ?

Une station service prise d'assaut à cause d'une pénurie d'essence à Tunis
13 Octobre 2022

La situation vécue amèrement par des milliers de Tunisiens pourrait se reproduire dès la semaine prochaine ou la semaine d'après. Si la perturbation des livraisons se produisait, une nouvelle crise pourrait mettre en colère les citoyens.

Au bout de seulement quelques jours sans carburant dans les stations-services, les automobiles sont en train de vivre des scènes incroyables. D'énormes bouchons se forment à l'entrée de chaque station et les Tunisiens étaient prêts à attendre des heures pour enfin pouvoir s'approvisionner de quelques litres d'essence pour pouvoir utiliser leurs voitures.

Le pays était comme suspendu, paralysé. Heureusement que, selon la ministre de l'Énergie et des Mines, Neila Gongi, la crise est en passe d'être résolue. D'ailleurs, dès hier, la situation a commencé à s'améliorer grâce à l'arrivée et le déchargement de milliers de tonnes d'essence. Une bonne nouvelle pour les automobilistes qui peuvent enfin se servir à la pompe.

Pour rassurer la population, le ministère annonce également qu'une seconde livraison de carburant sera effectuée entre le 17 et 28 octobre. Une livraison de 24 à 30 mille tonnes qui permettrait d'approvisionner largement le marché.

Cependant, la crise n'est pas forcément derrière nous, prévient Salwen Smiri, secrétaire général de la Fédération générale du pétrole et des produits chimiques. Il invite les autorités à être prudentes et les automobilistes à faire preuve de civisme. " Si vous avez assez de carburant pour un ou deux jours, ne vous précipitez pas sur les stations-services ", a-t-il demandé aux Tunisiens.

Un mini-séisme énergétique

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Cette courte crise vécue par les Tunisiens est liée à une rupture d'approvisionnement. Ce mini-séisme énergétique pourrait avoir ses conséquences. En effet, explique Salwen Smiri, cette situation vécue amèrement par des milliers de Tunisiens, qui, pour certains, ont dû rater des rendez-vous importants, pourrait se reproduire dès la semaine prochaine ou la semaine d'après. Si une nouvelle perturbation des livraisons se produisait, une nouvelle crise pourrait mettre en colère les citoyens.

Sur le banc des accusés de cette crise, la situation financière délicate de notre pays qui peinerait à trouver les fonds nécessaires pour se constituer des réserves stratégiques suffisamment importantes. Et les choses risquent de ne pas s'arranger.

En effet, depuis que les pays de l'Opep ont décidé la semaine dernière de réduire la production de pétrole de 2 millions de barils par jour (par solidarité avec la Russie pays membre de l'Opep), les prix du pétrole risquent d'augmenter considérablement. Pour le moment, il est vrai, les marchés ne s'affolent pas et la décision des exportateurs de pétrole n'a pas eu l'effet escompté.

Les prix ont même chuté grâce notamment à la hausse de la valeur du dollar et des prévisions moroses pour l'économie mondiale, ce qui a provoqué une baisse de la demande mondiale.

Mais dans les mois, voire dans les semaines à venir, rien n'est certain et les prix pourraient augmenter à nouveau.

Pour les pays pauvres comme la Tunisie, le coût de l'énergie deviendra de plus en plus pesant sur le budget. Une pression que ne peut supporter actuellement l'Etat tunisien.

Les images relayées par les médias ne sont-elles pas finalement un voyage dans le temps ? Les crises énergétiques se succèdent et la guerre en Ukraine sera longue, voire trop longue. Si les démocraties occidentales et les pays riches peuvent supporter le choc, ce ne sera certainement pas le cas des pays sous-développés, parmi lesquels la Tunisie.

Il est important que l'Etat se concentre sur ce qui est essentiel et fasse des économies là où c'est possible.

A ce titre, la diminution des importations des produits dits " de luxe " pourrait être un début de solution.

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