Madagascar: Résolution de l'ONU - Madagascar prend position contre l'annexion russe

Martelant sa neutralité sur la guerre en Ukraine, Madagascar a toutefois pris parti, aux Nations Unies, mercredi. La Grande île a voté pour une résolution condamnant "les référendums illégaux", organisés par la Russie.

Une volte-face. Pour plusieurs observateurs, c'est ce que Madagascar a fait au sujet de la guerre en Ukraine. Mercredi, la Grande île a voté pour une résolution de l'Organisation des nations unies (ONU), condamnant les référendums pour l'annexion de certaines régions ukrainiennes organisés par la Russie du 23 au 29 septembre.

Le vote s'est déroulé dans la nuit de mercredi à jeudi, heure de Madagascar. L'information a ainsi été un des principaux sujets de débats, de discussions, de questionnements et de réflexions durant toute la journée d'hier. Contrairement à de précédents votes sur la guerre en Ukraine, le ministère des Affaires étrangères, cette fois-ci, reste muet sur le sujet.

Le sujet intrigue puisque, pour la première fois, depuis le début du conflit entre l'Ukraine, Madagascar prend parti.

La Grande île figure parmi les cent-quarante-trois pays qui "condamnent l'organisation par la Fédération de Russie de soi-disant référendums illégaux dans des régions situées à l'intérieur des frontières internationalement reconnues de l'Ukraine et la tentative d'annexion illégale des régions ukrainiennes de Louhansk, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijjia qui a suivi".

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Depuis le début de la Guerre en Ukraine, pourtant, Madagascar a toujours martelé sa neutralité, au grand dam des occidentaux et de leurs alliés. Une "démarche conjointe", engagée par plusieurs diplomates, en février, demandant à la Grande île de condamner "l'agression russe contre l'Ukraine", n'a pas suffi à faire plier les autorités malgaches.

"Nous Malgaches, avons choisi de travailler avec tous les pays. Il n'y a plus de pays qui prenne le parti d'un tel ou un tel. (... ) Notre politique à Madagascar est de coopérer avec tous les pays, que ce soit ceux de l'Occident, que ce soit la Russie", a réagi Christian Ntsay, Premier ministre, le 1er mars. Le lendemain aux Nations Unies, la Grande île a affirmé sa neutralité par une abstention lors du vote pour l'adoption d'une résolution condamnant l'agression de l'Ukraine par la Russie.

Intégrité territoriale

Le 1er mars, toujours, le locataire de Mahazoarivo a ajouté, "la situation évolue, nous la suivons de près". De leur côté, les diplomates occidentaux ont affirmé qu'ils ne comptaient pas lâcher l'affaire et essayeront toujours de convaincre Madagascar de s'aligner à leur position. Depuis quelque temps, une évolution s'est ressentie dans les discours des autorités malgaches sur la guerre en Ukraine.

Aux questions des journalistes, Richard Randriaman-drato, ministre des Affaires étrangères, réplique fréquemment que la Grande île est neutre, mais n'est pas indifférente face aux conséquences humanitaires de la guerre en Ukraine. Dans un tweet en anglais, le 6 octobre, il déclare, "la guerre en Ukraine prend des tournures inquiétantes pour la paix mondiale. L'ONU doit jouer son rôle dans la défense du principe de l'intégrité territoriale de tous les États souverains, y compris l'Ukraine (... )".

La résolution votée dernièrement à New York s'intitule justement, "Intégrité territoriale de l'Ukraine: défense des principes consacrés par la Charte des Nations Unies". Un article publié sur le site de presse de l'organisation mondiale rapporte que la plupart des pays qui ont voté pour l'adoption de cette résolution ont affirmé "voter pour la charte des Nations Unies".

Des analystes défendent que, par ce vote, Madagascar ne déroge pas de sa ligne en matière de politique internationale au sujet de la souveraineté et de l'intégrité territoriale. En 2014, notamment, la Grande île a voté une résolution condamnant l'annexion de la Crimée par la Russie. L'intégrité territoriale et la souveraineté nationale sont, du reste, les principaux arguments mis en avant par Madagascar sur la négociation des îles éparses. La prise de position, mercredi, pourrait y trouver un sens.

Il est probable qu'avec cette prise de position, Madagascar s'attire les bonnes grâces des Occidentaux. Seulement, des observateurs s'interrogent s'il suffira à aider la Grande île pour une avancée dans son principal combat diplomatique, qu'est la rétrocession des îles éparses. La Russie, jusqu'ici, est la seule grande puissance à avoir affirmé son soutien aux revendications malgaches. L'éventualité que le vote de mercredi ait des conséquences sur les relations russo-malgaches n'est pas à écarter.

"Cette résolution est non contraignante. Une abstention n'aurait donc pas été scandaleuse. Il est peu probable que des pays occidentaux se dressent officiellement en notre faveur et s'opposent à la France sur le dossier îles éparses. Néanmoins, s'il fallait voter pour cette résolution, nous aurions dû profiter de cette occasion pour rappeler nos revendications basées sur le respect de l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale", réagit un diplomate. Justement, à New York, le 21 septembre, Andry Rajoelina, président de la République, a une nouvelle fois requis le soutien de l'ONU sur le dossier îles éparses.

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