Madagascar: Une exposition consacrée aux œuvres de l'écrivaine Michèle Rakotoson

Romancière, dramaturge et ancienne journaliste, notamment à RFI, les œuvres de l'écrivaine Michèle Rakotoson, son parcours littéraire et professionnel sont à l'honneur à la Bibliothèque nationale, dans le centre de la capitale, Antananarivo.

Après avoir rencontré le public mauricien la semaine dernière, Michèle Rakotoson a retrouvé les lecteurs de la Grande Île, vendredi 14 octobre, et a présenté son dernier roman Ambatomanga, le silence et la douleur, un roman en lice pour la finale du prix Ivoire pour la littérature africaine d'expression francophone. " Je trouve ça extraordinaire d'être ainsi reconnue par les siens alors que j'ai vécu près de 30 ans à l'extérieur, d'être aimée. Les responsables de l'exposition ont fait un travail énorme. C'est vraiment rare de son vivant, une chose comme cela ", se réjouit-elle.

Au cinquième étage de la Bibliothèque nationale, c'est une salle comble qui a accueilli Michèle Rakotoson, ravie de voir de nombreux jeunes dans l'assistance. Parmi eux, Ismael Hassan, 20 ans : " La première fois que je l'ai rencontrée, elle m'a dit : "Il faut lire, lire et lire". C'est un conseil qui est resté gravé dans ma mémoire. Les livres de madame Michèle sont en français mais ils touchent tous ses compatriotes. Même si elle a vécu à l'étranger, elle n'a jamais oublié le pays et elle ne cesse de nous transmettre ses connaissances. "

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L'exposition permet de faire connaître, en détail, les œuvres de l'écrivaine au public et notamment son dernier roman, qui raconte les prémices de l'invasion française à Madagascar en 1894.

" Je plane entre les deux langues "

Des œuvres écrites en français dans lesquelles la langue malgache entre en résonance. " Je plane entre les deux langues. Ce que j'adore dans la langue malgache, c'est qu'il y a une manière très délicate de dire les choses et c'est fabuleux de penser le français en malgache. Quand le français est trop rude, je me dis : comment tu le dirais en malgache?Et je trouve que le résultat est très poétique. La culture malgache est une culture de grand silence. Il y a un passage terrible dans "Ambatomanga", lorsque l'armée a été décimée sur le pic d'Andriba, à mi-chemin entre Mahajanga et Antananarivo. Là, je me suis retrouvée devant mon silence. Ça ne se raconte pas. Je pense que les gens qui n'ont pas cette culture du silence vont peut-être trouver que tout aurait dû être dit. Mais on n'est pas obligé. On peut suggérer très fort. Ce roman m'a pris dix ans de travail et de réflexion. C'est le livre du retour. Je parle de l'arrivée de la colonisation française mais je parle surtout d'invasion. "

Ce roman, publié par la maison d'édition franco-mauricienne, L'Atelier des nomades, sera aussi traduit en malgache et édité dans la Grande Île dans les mois à venir.

L'exposition met aussi en lumière l'opération " Bokiko ", une association d'acteurs culturels et d'écrivains, créée par Michèle Rakotoson et l'éditeur Manantsoa Raparison pour soutenir les jeunes auteurs malgaches et promouvoir l'édition à Madagascar. " La chaîne du livre est en train de se reconstituer et je trouve cela fabuleux. C'est fragile mais pour l'instant, il y a une volonté. Nous ne sommes pas obligés de faire des livres comme en Europe. Il faut vraiment réfléchir à quelles sortes de livres et à combien parce que les gens ont envie de lire. Donc il faut s'adapter à ce qui se passe sur le terrain. Aux jeunes qui veulent écrire, je dis : il faut lire, lire, lire, et je dis aussi : il faut être bilingue et s'ouvrir au monde ", poursuit la romancière.

Initiée par le ministère de la Culture, l'exposition " Michèle Rakotoson, une femme de lettres " est ouverte au public jusqu'au 28 octobre.

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