Somalie: Une directive gouvernementale malmène la liberté de la presse

Le journaliste somalien Abdalle Ahmed Mumim a été arrêté mardi et est depuis détenu par le Département des enquêtes criminelles. Il doit comparaître ce dimanche 16 octobre devant la justice qui a autorisé sa détention jusqu'à ce dimanche. La veille de son arrestation, l'association avait critiqué une directive du gouvernement qui interdit la " diffusion de messages d'idéologie extrémiste, aussi bien au sein des médias que sur les réseaux sociaux ". Une directive fortement critiquée, perçue comme une atteinte à la liberté de la presse.

À travers leur directive, les autorités somaliennes interdisent pratiquement toute couverture médiatique des messages des islamistes shebabs. Mogadiscio a aussi annoncé avoir suspendu 40 comptes sur les réseaux sociaux, accusés d'être utilisés par les groupes terroristes.

Plusieurs associations de journalistes ont dénoncé une atteinte à la liberté de la presse. Le vocabulaire de la directive est trop vague d'après elles, ce qui risque d'entraîner des dérives, notamment pour viser ceux qui critiquent le gouvernement.

Le syndicat des journalistes somaliens fait partie de ceux qui se sont exprimés dans un communiqué publié en début de semaine. Dans la foulée, des agents de sécurité ont tenté de pénétrer dans ses bureaux. Le lendemain, mardi, le secrétaire général du syndicat, Abdalle Ahmed Mumim, est arrêté. Mogadiscio affirme qu'il est détenu pour raisons sécuritaires, sans lien avec son métier de journaliste.

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Plusieurs voix demandent sa libération. L'ONG Amnesty International notamment dénonce une " attaque au droit à la liberté d'expression " qui envoie " un message terrifiant aux journalistes, aux activistes des droits humains et à tous ceux qui osent exprimer leur désaccord avec le gouvernement somalien ".

Reporters sans frontières classe la Somalie 140e sur 161 pays en termes de liberté de la presse, les journalistes devant souvent faire face aussi bien aux pressions politiques qu'aux menaces des shebabs. Plus de 50 professionnels des médias y ont été tués depuis 2010. En 2021, toujours selon RSF, 34 journalistes ont été arrêtés et détenus arbitrairement.

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