Madagascar: Limogeage du ministre malgache des affaires étrangères - Une victime de la guerre en Ukraine

Richard Randriamandranto, mministre des Affaires étrangères de Madagascar
18 Octobre 2022

La guerre en Ukraine, s'il est encore besoin de le rappeler, tel un séisme planétaire, n'en finit pas de provoquer des répliques.

En effet, au-delà de la crise alimentaire mondiale qu'elle a engendrée, elle continue d'empoisonner les relations internationales quand elle ne coûte pas à certains dignitaires, leur poste du fait de leur prise de position. C'est le cas à Madagascar où le ministre des Affaires étrangères, Richard Randriamandranto, a été limogé pour avoir, dit-on, pris sur lui, la responsabilité de voter en faveur de la résolution condamnant " les annexions illégales de la Russie sur l'Ukraine ".

Et le désormais ex-ministre l'assume pleinement ; lui qui, sitôt après son débarquement, a déclaré ceci sur les ondes de RFI : " J'ai pris cette décision en âme et conscience. Je ne pense pas avoir mis en danger l'intérêt de la Nation en votant ainsi. L'histoire jugera la suite ". C'est donc clair. L'ex-chef de la diplomatie malgache refuse d'être un béni-oui-oui si fait qu'il n'a pas hésité à ramer à contre-courant de la position officielle de son pays, qui consiste à rester neutre en s'abstenant lors des votes à l'ONU.

Il n'est pas exclu que son débarquement soit le résultat de pressions souterraines fortes exercées par Moscou sur Antananarivo

Il savait qu'il jouait gros, même s'il pense être du bon côté de l'histoire. C'est tout à son honneur. Car, quand on n'est pas d'accord, on doit avoir le courage de dire non, quoi qu'il en coûte. Combien d'ailleurs sont-ils les ministres africains qui ne partagent pas parfois les mêmes avis que leur mentor, mais qui, parce qu'ils veulent conserver leurs privilèges, n'osent pas laisser transparaître le moindre signe de contestation ? C'est en cela qu'il faut saluer l'attitude de l'ex-chef de la diplomatie malgache qui a dit tout haut ce qu'il pense.

Face à une guerre provoquée par les ego surdimensionnés des uns et des autres et qui, en huit mois, a englouti de nombreuses vies innocentes, il a cru bon de s'assumer. Une façon pour lui, de s'opposer à la violence inouïe. Si l'homme en paye aujourd'hui le prix, il n'est pas exclu que son débarquement soit le résultat de pressions souterraines fortes exercées par Moscou sur Antananarivo.

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